Adrien Louis de Bonnières

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Adrien Louis de Bonnières de Souastre, comte puis duc de Guines, est un diplomate français né à Lille en 1735 et mort en 1806.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après une brève carrière militaire qui le conduit, en 1762, jusqu'au grade de brigadier des armées du Roi, Adrien Louis de Bonnières entre dans la diplomatie. C'est un courtisan accompli, qui chante et joue fort bien de la flûte : pour lui, et pour sa fille, excellente harpiste, Mozart composera en 1775 le concerto pour flûte, harpe et orchestre (KV299).
Ses aptitudes de courtisan lui valent de nombreux succès : « c’était une très vivante gazette animée », selon Mr. de Genlis en séjour avec lui chez le prince de Conti en 1766 «  […] toute sa réputation tient à une façon d’espionnage de toutes les petites choses ridicule et de mauvais ton qu’il conte avec en peu de mots d’une manière plaisante. » [1]. Protégé par les Choiseul et par les Noailles, ami de Frédéric II de Prusse, qui lui avait rendu visite en 1766, il est nommé ambassadeur à Berlin en 1768. Mais à peine est-il arrivé qu'il tombe en disgrâce si bien qu'il faut le rappeler en novembre 1769.

En guise de consolation, il est nommé ambassadeur à Londres en 1770. Il reste à ce poste jusqu'en 1776. En réalité il devait occuper son poste , du 27 novembre 1770 au 26 août 1771, puis du 13 janvier 1772 au 31 juillet 1773, et enfin du 10 juillet 1775 au 26 février 1776. Il reçoit le sobriquet de Guines le magnifique en opposition à Châtelet le chicaneur, Guerchy le contrebandier et Durand le négociateur. [2]. Il s'illustre avant tout dans ce que les contemporains ont qualifié d' « affaire de Guines ». Le 20 avril 1771, le comte demande au ministre qu'on poursuive son secrétaire, Barthélemy Tort de la Sonde, qu'il accuse d'avoir utilisé son nom pour spéculer sur les fonds publics et escroquer plusieurs banquiers parisiens. Tort est arrêté et, pour se défendre, accuse l'ambassadeur : il affirme avoir agi pour son compte et sur ses instructions.

Le duc d'Aiguillon, nommé secrétaire d'État aux Affaires étrangères le 6 juin 1771, prend le parti de Tort, tandis que Marie-Antoinette soutient de Guines. Ce dernier est finalement disculpé par une commission spéciale de conseiller d'État|conseillers d'État, nommée par le Roi, mais seulement par sept voix contre six. L'affaire devait laisser des traces : elle fut l'une des raisons du renvoi de d'Aiguillon et de la vindicte de Marie-Antoinette à son égard.

En tout cas, le Roi et la Reine continuent de marquer à de Guines la plus grande faveur : à son retour de Londres en 1776, il est fait duc de Guines. Il n'a qu'une fille, mariée à Charles de La Croix de Castries. Lorsque ce dernier est fait duc de Castries à brevet en 1784, il obtient du Roi la promesse de réversion du duché de Guines, promesse qui ne pourra se réaliser, puisque le duc de Guines mourra sous l'Empire.

Guines est fait chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1784. Il est nommé au deuxième bureau de l'Assemblée des notables. Il est fait lieutenant général et le maréchal de Ségur le nomme au conseil de la guerre (1787). Il est nommé gouverneur de l'Artois en 1788.

Il se lance alors dans une expérience de société minière.

Émigré en Angleterre sous la Révolution, il revient en France sous le Consulat. Il y meurt en 1806.

[modifier] Références

[modifier] Notes

  1. J. Borman, op. cit. p.41
  2. P. Vauchez, op. cit., p. 44

[modifier] Bibliographie

  • J. Bormans, « Un ambassadeur homme de Cour sous Louis XV : le duc de Guines », Revue d’Histoire diplomatique, 1924, pp. 39-­60.
  • C. Dehaudt, Le duc de Guines (1735 – 1806) Un courtisan entre service du roi et affaires au temps des Lumières, Thèse pour l’obtention du grade de docteur de l’Université de Paris IV, Décembre, Bibliothèque des thèses, 1998.
  • J. Marcadé, L’ambassade à Londres du comte de Guines,
  • Suzanne Maza, Vie privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997, (pp. 143 – 153)
  • Paul Vauchez, Recueil des instructions aux ambassadeurs et ministres de France depuis le traité de Westphalie jusqu’à la Révolution française, t. III (Angleterre), Paris, CNRS, 1965, 583 p. (p. 459 – 479)
  • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 – ISBN 2221048105
  • Paul et Pierrette Girault de Coursac, Marie-Antoinette et le scandale de Guines, Gallimard, 1962.
Autres langues