Adolphe Steinheil

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Adolphe Steinheil (1850-1908) est un peintre pompier français, rendu célèbre par la vie débridée de son épouse Marguerite (dite Meg) Steinheil, et par son meurtre tragique dans des conditions mystérieuses.

Né à Paris le 10 mars 1850, Édouard Charles Adolphe Steinheil est le fils du peintre verrier Auguste Steinheil (Strasbourg 1814 - Paris 1885), restaurateur des vitraux de la cathédrale de Strasbourg et de la Sainte Chapelle, et le neveu du peintre Meissonier.

Artiste sans grand succès et d’un caractère falot, il gagne sa vie en réalisant des miniatures à la manière de Meissonier, ainsi qu’en exécutant des fresques et en restaurant des vitraux dans les églises (dont les cathédrales de Laon et de Bayonne) à l’exemple de son père lorsqu’il épouse, le 9 juillet 1890 au temple protestant de Beaucourt, la jeune Marguerite Japy, de 19 ans sa cadette. Elle est, quelque temps, son modèle, mais aspire à une existence plus intense.

Ouvrant un salon fréquenté par le Tout-Paris à leur villa du 6 impasse Ronsin (dans le XVe arrondissement), elle devient vite une figure de la vie mondaine de la capitale. Conjuguant ambition et tempérament, elle mène une vie libertine, passant tour à tour dans les bras de différents amants influents et généreux. Sa liaison avec le président Félix Faure est restée particulièrement célèbre en raison des circonstances de la mort de celui-ci, foudroyé par les talents érotiques de sa voluptueuse conquête en 1899. Selon Clemenceau, "il voulait être César et il finit Pompée."

Le mari trompé se console d’autant plus facilement de ses infortunes conjugales que sa complaisance a d’honorables compensations. Sa fougueuse moitié, soucieuse de sa carrière, lui obtient en effet de ses protecteurs des commandes de tableaux. Le président Faure assure ainsi au compréhensif artiste une commande officielle pour un tableau monumental représentant La Remise des décorations par le président de la République aux survivants de la redoute brûlée, qui est exposé au Salon de 1898. La belle Marguerite fait même décorer son conjoint d’une Légion d’honneur dont les titres de mérite ont peu à voir avec l’art.

Le malheureux Adolphe Steinheil meurt étranglé le 31 mai 1908 lors du cambriolage de son domicile parisien, qui coûte également la vie à sa belle-mère. Les circonstances du crime sont si troubles que Meg Steinheil, survivante aux versions aussi rocambolesques que fluctuantes, est traduite devant les assises en novembre 1909. Son acquittement classa ce fait-divers sanglant, "le crime de l’impasse Ronsin", parmi les énigmes policières de l’Histoire.