Acoustica (Alarm Will Sound)

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Acoustica est un album du groupe américain Alarm Will Sound sorti en 2005. Cet album contient des compositions d'Aphex Twin, mais ces morceaux sont joués avec des instruments acoustiques.

Ce n'est pas une tâche difficile que celle de reproduire une musique électronique aucunement linéaire, pleine de manipulations artificielles ultra rapides, ayant repoussé les limites de la technologie. Si l'on exclut l'utilisation d'un piano électrique, de guitares et de basses électriques restant surtout en arrière plan, Acoustica est effectivement un album purement acoustique.

Elle donne parfois de la noblesse à quelques-uns des moins bons morceaux de Richard D. James. Reprendre l'écriture bâclée de Gwely Mernans, Prep Gwarlek 3B et des originaux qui étaient déjà acoustiques comme Jynweythek Ylow, Avril 14th, se justifie plus difficilement, car les mélodies électroniques de The Waxen Pith, Wet Tip Hen Ax, Mookid et Alberto Basalm (...I Care Because You Do, 1995) existent.

Tous ces morceaux de l'album Acoustica sont des titres des albums Selected Ambient Works Volume II (1994), de Richard D. James Album (1996) et de Drukqs (2001).

Alarm Will Sound commence en force en démontrant que l'album Drukqs possède vraiment des moments forts, d'une grande richesse poétique. Ainsi, le dernier effort d'un homme paresseux ou encore en panne d'inspiration, aurait été trop vite critiqué par des oreilles superficielles, qui se contente de scruter la surface sonore apparente d'un CD, avant d'émettre un jugement ridiculement définitif.

Stefan Freund donne le ton avec un Cock/Ver 10 bien bombé, assurant une place de choix dans l'histoire de la musique, à la formule de combat "introverti versus extraverti" bien à Richard D. James. L'interprétation que Jonathan Newman fait de Logan Rock Witch (Richard D. James Album, 1996) s'affirme comme l'une des plus belles et délicates. Les percussions bric-à-brac humoristiques sont mieux mixées que sur l'original. Les violoncelles, dont le corps est parcouru d'un bout à l'autre lors de glissements faussement à l'envers, donnent une nouvelle profondeur à un morceau qui n'évolue pas tellement. Meltphace 6 selon Payton MacDonald est un concerto pour bassiste épileptique, ne sachant plus où donner des mains. Elle possède également un charme de jazz-fusion orchestral absurde, une sensation impensable avec Aphex Twin aux commandes. Philip Glass aurait pu reprendre Fingerbib (Richard D. James Album, 1996), mais la version de Jonathan Newman, tout comme son travail sur Logan Rock Witch, est difficile à battre. Les 26 premières minutes sont les meilleures.

Par la suite, 4 (Richard D. James Album, 1996) selon Jessica Johnson & Payton MacDonald manque douloureusement l'énergie irrésistible et la bizarreté sonore d'origine. Evan Hause n'obtient pas d'aussi bons résultats que ses compatriotes Freund et Payton MacDonald avec l'inquiétante Omgyjya Switch 7. Tous les musiciens ne se rejoignent pas complètement et l'instrumentation s'avère un peu trop complexe pour rien.

Le tout est spectaculaire et sidérant de précision vers la fin. Du matériel ambiant profondément répétitif, Cliffs (Selected Ambient Works Volume II, 1994) est la mieux redéfinie. Caleb Burhans utilise un xylophone attachant, des cuivres cinématiques, et met pleinement en valeur la richesse des violoncelles alors que de nombreux effets d'écho sont joués naturellement. John Orfe & Payton MacDonald commettent ensuite une erreur de taille avec le sommet émotionnel de Drukqs qu'ils résument en moins de quatre minutes, pour donner de l'espace aux remixes inutiles de Dennis DeSantis et Caleb Burhans.

Ce disque est une écoute obligatoire pour les fans d'Aphex Twin. Car ce genre de projet permet de revivifier la musique classique.