Abbaye de Géronsart

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L'abbaye de Géronsart était une abbaye belge de chanoines réguliers augustiniens, fondée en 1128 et située en Région wallonne à Jambes (Namur).

Ancien palais abbatial de Géronsart
Ancien palais abbatial de Géronsart

Sommaire

[modifier] Origine du Prieuré

La fondation du prieuré de Géronsart remonte à 1128. Un groupe de chanoines augustiniens de l'abbaye de Flône (près de Liège) s'installent dans ce Sart de Gérard (Géronsart) qui leur est assigné par l'évêque de Liège (Albéron 1er). De ce lieu ils rayonnent et s'occupent des paroisses environnantes. Le prieuré se développe rapidement au point d'être autonome. En 1183 les chanoines sont déjà autorisés à élire eux-mêmes leur prieur. Au court du 13ème et 14ème siècle le prieuré est tantôt bien tantôt mal géré. Les églises paroissiales de Wierde, Maizeret et d'Erpent sont confiées aux chanoines, qui par ailleurs ne furent jamais très nombreux : à une époque (1352) leur nombre fut officiellement fixé à 12 par l'évêque de Liège. Vers 1440, l'église d'Andoy (et ses revenus) fut incorporée à Géronsart.

[modifier] Décadence (15ème et 16ème siècles)

Le relâchement de la discipline religieuse, la mauvaise gestion - le prieur Gilles le Couvreur est resté dans l'histoire comme celui qui dilapida les biens et les revenus du prieuré et fut finalement déposé en 1526 -, et les guerres qui frappèrent la région de Meuse eurent des conséquences désastreuses pour Géronsart. Ce mouvement de décadence monastique était en fait généralisé en Europe.

[modifier] De prieuré à abbaye

Avec Augustin de Lattre (1565-1638), curé d'Erpent (et chanoine augustin), le redressement se dessine. Il est élu prieur en 1605. Il transforma le cloître et renouvela l'église[1]. A la suite de nombreuses démarches, entreprise avec le soutien de l'évêque de Namur, il obtient du pape Paul V que le prieuré soit élevé au rang d'abbaye (1617). Il est consacré abbé (sans être évêque cependant) de l'abbaye de Géronsart le 22 juillet 1617 et en dirige le temporel et le spirituel jusqu'à sa mort en 1638. Pielthen (de Dinant) (1584-1646) fut élu pour prendre sa place.

Par ailleurs l'affiliation de Géronsart à la Congrégation de Sainte-Geneviève (abbaye augustinienne de Paris) permet un renouveau monastique. Désormais l'abbé de Sainte-Geneviève a un droit de visite annuelle et de correction. Il intervient dans les élections et lors de l'admission de novices. Philibert de la Hamaide (abbé de 1646 à 1698) applique strictement cette réforme génovéfaine (dans l'esprit du concile de Trente): instruction des jeunes moines dans les exercices monastiques et l'enseignement de la théologie. Il y avait alors 12 religieux à Géronsart.

La position stratégique de la ville toute proche de Namur nuit énormément à l'abbaye lors de la guerre entre la France et l'Espagne. Lors des sièges successifs de Namur (1692 et par après) les fermes de Géronsart, d'Erpent et d'Andoy sont incendiées. Géronsart est choisi comme quartier-général militaire, et les chanoines doivent rejoindre leur refuge à l'intérieur de la ville fortifiée de Namur. A la sortie des guerres (1705) Géronsart est ruinée. Le désordre fut accentué par le mauvais choix de Servaty (1658-1715) comme abbé. Après jugement, Servaty fut déposé pour conduite morale scandaleuse: la sentence fut lue par le Vicaire général génovéfain devant les chanoines de l'abbaye (1714).

[modifier] Nouvel âge d'or

Ignace Charlier (1680-1745) succéda à Servaty. Le bon ordre fut rétabli et un nouvel âge d'or s'ouvrit pour Géronsart. De 1728 à 1732 le cloître et le quartier abbatial (le bâtiment que nous connaissons aujourd'hui) furent reconstruits. Tout au long du siècle les rapports de visites annuelles soulignent le bon ordre et le zèle pastoral des religieux de Géronsart desservant de nombreuses paroisses des environs. Le Père abbé François-Joseph Taziaux (1702-1794), originaire de Jambes, élu en 1769 est le mieux connu des abbés de Géronsart. Il dut défendre les privilèges de son abbaye contre les préventions séculières de l'évêque de Namur ainsi que contre les ingérences du pouvoir autrichien. En 1773 il fut nommé vicaire général de l'ordre génovéfain. C'est son blason (avec devise Deo duce) que l'on peut encore voir sur le fronton du palais abbatial.

[modifier] Fin de l'abbaye augustinienne

Nicolas Chandelle (1754-1837), originaire de Genappe, fut le successeur de Taziaux en 1794, et dernier abbé de Géronsart. L'abbaye vivait ses dernières années. La révolution française atteignit la région de Meuse qui fut incorporée à la République française en 1795. La loi du 15 fructidor fut appliquée, et comme de nombreuses autres communautés religieuses l'abbaye de Géronsart fut supprimée. Il s'y trouvait encore 14 religieux, toujours actifs dans les paroisses voisines. Les biens furent mis en vente en 1797: l'abbaye avec ferme et moulin furent rachetés par un ancien dominicain. Les autres biens furent dispersés.

De nombreux propriétaires se succédèrent au 19ème et 20ème siècle. Un certain Bauwens en fit une filature après avoir démoli le cloître et une partie de l'église.

Aujourd'hui le palais abbatial est connu comme château de Géronsart, et la ferme est réaménagée en appartements par la ville de Namur (dont fait partie Jambes).

[modifier] Bibliographie

  • BARBIER, V.: Histoire du monastère de Géronsart, de l'ordre des chanoines réguliers de Saint Augustin, Namur, 1886.
  • BERLIERE, U.: Monasticon belge; vol. 1: provinces de Namur et du Hainaut, Maredsous, 1890-97.

[modifier] Notes

  1. L'artiste Adrien de Montigny nous a laissé une gouache de l'abbaye de Iéronsart en 1604, dans l'album namurois du Prince de Croy