Abajoue

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Hamster doré emplissant ses abajoues de verdure.
Hamster doré emplissant ses abajoues de verdure.

Les abajoues sont des poches situées de part et d'autre de la tête de certains mammifères, entre la joue et la mâchoire, comme par exemple chez l'ornithorynque, certains rongeurs et la plupart des singes de l'Ancien monde. Elles servent le plus souvent à stocker momentanément de la nourriture avant de pouvoir la consommer ou la transporter dans une réserve[1],[2].

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot vient de « au bas des joues »[3].

Par agglutination de « la bajoue » le mot « abajoue » est souvent confondu avec « bajoue », mot servant à désigner la partie latérale du groin du cochon ou de la tête de veau, lorqu'ils sont cuits[4].

En comparaison avec les animaux aux abajoues pleines, on parle aussi d'abajoues pour évoquer des joues humaines, volumineuses ou pendantes[5],[6],[7].

Abajoue passe dans l'argot à la fin du XIXe siècle, pour désigner la face ou, par extention, les fesses.[3].

[modifier] Anatomie

Les abajoues sont situées dans l'épaisseur de la joue, des deux côté de la bouche de certains mammifères. Chez les singes qui en possèdent elles s'ouvrent à l'intérieur de la cavité bucccale mais elles s'ouvrent à l'extérieur chez certains rongeurs d'Amérique. D'où de nom de « diplostomes » qui leur est assicié et qui veut dire « deux bouches ».

Chez certains rongeurs, comme les hamsters, les abajoues sont remarquablement développées. Elles ont la forme de deux sacs qui vont de la bouche jusqu'au devant des épaules[5].

Étienne Geoffroy Saint-Hilaire a décrit chez certaines chauves-souris du genre Nycteris, une forme étonante d'abajoues. Celles-ci ont, au fond, une ouverture étroite par où la chauve-souris peut introduire de l'air, en fermant le canal nasal au moyen d'un mécanisme particulier et en poussant sous la peau l'air qu'elles expirent dans le tissus cellulaire très làche qui unit la peau aux muscles sous-jacents[5].

[modifier] Rôle des abajoues

Cercopithèque à diadème (Cercopithecus mitis) remplissant ses abajoues de petits fruits.
Cercopithèque à diadème (Cercopithecus mitis) remplissant ses abajoues de petits fruits.

Les abajoues ont plusieurs rôles : elles permettent principalement l'accumulation rapide de nourriture, leur stockage temporaire et leur transport[8].

Certaines espèces de hamsters sont connues pour cacher leurs petits dans leurs abajoues pour les transporter ailleurs quand elles ont peur d'un danger[9]. Quelques espèces de hamsters peuvent aussi nager parfaitement en remplissant ces poches avec de l'air pour mieux flotter[10].

Les chauve-souris du genre Nicteris les gonflent d'air également, mais pour augmenter leur volume tout en les rendant plus légères pour le vol[5].

Chez les singes de la sous-famille des Cercopithecinae elles permettent en plus une prédigestion des aliments[8].

Elles contribuent de plus à la protection des animaux en leur permettant de s'abriter pour s'alimenter, ce qu'ils font en appuyant sur ces poches buccales avec le dos de la patte ou en bougeant la mâchoire, pour en consommer tranquillement le contenu[8].

Indirectement, elles augmentent l'efficacité de la dispersion des graines qui, ainsi éloignées des arbres parents, évitent la compétition intraspécifique lors de la germination[8].

[modifier] Mode d'emploi

Les tamias (Tamias) par exemple possèdent de grandes abajoue qui leur permettent de transporter de la nourriture. Ces sortes de poches peuvent atteindre le volume de leur corps quand elles sont pleines[11].

Exemple : introduction d'une gousse d'arachide non décortiquée dans l'abajoue d'un tamia rayé :

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[modifier] Pathologie

Les abjoues peuvent s'infecter par suite d'une blessure occasionnée par un objet coupant introduit dans celles-ci. Un abcès peut se former, dont on peut confondre de loin la protubérence avec de la nourriture stockée. Si l'abcès se perce et que le pus qu'il contenait est absorbé par l'animal, celui-ci peut être victime d'une septicémie et mourrir empoisonné par les toxines ingérées[12],[13].

[modifier] Dispositifs comparables

Certains animaux disposent d'une poche comparable aux abajoues.

Par exemple les pélicans ont une poche extensible sous le bec, prise sur la mandibule inférieure, appelée sac gulaire, leur permettant de stocker les poissons capturés en cours de plongée. Les pélicans plongent le bec dans l'eau pour remplir leur sac gulaire, filtrent l'eau avec le bec entrouvert et avalent le poisson ainsi pêché[14].

En revanche la poche abdominale, ou marsupium, de certains animaux, n'a pas pour fonction de stocker de la nourriture mais sert uniquement de poche incubatrice assurant le développement des embryons.


[modifier] Notes et références

  1. Dictionnaire de l'académie française - Septième édition (1877)
  2. Voir aussi dans TLFI
  3. ab Définition du mot abajoue par le CNRTL du CNRS.
  4. Be.Legoarant Nouvelle orthologie française, ou Traité des difficultés de cette langue. Ed. Mansut fils. 1832.
  5. abcd W.Duckett, Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Ed Michel Lévi. 1853.Lire le document, Abajoue : Page 3.
  6. Dictionnaire de l'académie française - Septième édition (1877)
  7. Voir aussi dans TLFI
  8. abcd Histoire naturelle des Primates d’Afrique Centrale. ECOFAC, 1999.Lire le document PDF
  9. (en)R.Nowak,1999. Walker's Mammals of the World, vol. II. Baltimore and London: The Johns Hopkins University Press
  10. Référence Animal Diversity Web : Cricetinae (en)
  11. H. Le Louarn, J-P. Quéré, Les rongeurs de France, Faunistique et biologie. Editions Quae, 2003. 260 pages. ISBN:2738010911.Chapitre page 119 et suivantes
  12. (fr)(en)(es)The Chipmunkery
  13. Santé du hamster : Les abcès dans les abajoues
  14. Pélican d'Amérique sur Oiseaux.net
wikt:

Voir « abajoue » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

  • Définition du mot abajoue par le CNRTL du CNRS.
  • G.Cuvier et al., Leçons d'anatomie comparée. Tome IV, 1ère partie. Ed. Crochard, 1835. Lire le document numérisé à Abajoues : pp 383 à 388.