Éternel retour (Nietzsche)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Éternel retour.

L'Éternel Retour, dans la pensée du philosophe allemand Friedrich Nietzsche, est une hypothèse – que l'on trouve à l'origine chez Héraclite et les Stoïciens – qui énonce que chaque instant se répète indéfiniment à l'identique.

Sommaire

[modifier] Justifications ontologiques

Nietzsche n'a pas seulement affirmé l'Eternel Retour comme Volonté de puissance la plus haute, il a tenté d'en donner une justification ontologique.

L'Éternel retour peut être déduit du concept de volonté de puissance, en admettant certains axiomes :

  • l'être n'existe pas, ie. l'Univers n'atteint jamais un état final, il n'a pas de but (ce qui implique aussi le rejet de tout modèle mécanique) ;
  • en conséquence, l'Univers n'est ni devenu ni à devenir – il n'a jamais commencé à devenir (c'est entre autre le rejet du créationnisme) ;
  • l'Univers est fini (reconnaissance que l'idée d'une force infinie est absurde et reconduirait à la religion) ;
  • la volonté de puissance est une quantité de force ; or, selon les points précédents, l'Univers est composé d'un nombre fini de forces et le temps est un infini ;
  • ... toutes les combinaisons possibles doivent donc pouvoir revenir un nombre infini de fois.

L'Éternel retour nietzschéen se distingue de toutes les anciennes conceptions cycliques (par exemple la perspective de l'éternel retour tel qu'il est exposé dans les textes brahmaniques) : si la loi du karma lie l'existence future d'un être à son existence passée, et proclame une relation de débiteur à créancier de l'homme à lui-même (l'existence sert a payer les erreurs d'une existence passée), Nietzsche pour sa part nie toute dette et toute faute, et conçoit le devenir cyclique par delà bien et mal. Le devenir est ainsi justifié, ou, ce qui revient au même, on ne peut l'évaluer d'un point de vue moral.

Le nihilisme (ie. il n'y a pas d'être), dans cette pensée, est un état normal, et non seulement un symptôme de faiblesse face à l'absurdité de l'existence. Le but de ce concept est ainsi de proposer une pensée sélectrice par ce nihilisme extrême, idée qui rendrait nécessaire la transformation des évaluations traditionnelles de la morale et de la religion. Penser l'éternel retour serait alors l'état maximal de la puissance humaine ; c'est par cette pensée assumée jusqu'en ses ultimes conséquences qu'advient le surhomme. En ce sens, la volonté de puissance découle de la pensée de l'Éternel Retour.

L'éternel retour est ainsi tout autant une hypothèse cosmologique qu'une réalité éthique : « si le devenir est un vaste cycle, tout est également précieux, éternel, nécessaire. ».

Il n'est pas certain que Nietzsche ait réellement cru à cette idée, au sens classique de tenir pour vrai, puisqu'il lui suffisait de la considérer comme une représentation susceptible de favoriser le développement de la puissance en tant que vie (une réalité éthique).

[modifier] Bibliographie

Éternel Retour, bibliographie des archives Goethe-Schiller

  • Crépon, Marc, L'éternel retour et la pensée de la mort, in « Les études philosophiques »
  • Nietzsche, Friedrich, Fragments posthumes sur l'eternel retour : [1880-1888], edition établie et traduite par Lionel Duvoy. Postface de Matthieu Serreau et Lionel Duvoy. Paris, Éditions Allia, 2003.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes