Discuter:Épistémè

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Sommaire

[modifier] Foucault et l'hypermodernité?

Bonjour, j'ai deux questions a poser à l'auteur de cet ébauche de la notion d'épitémè notamment en ce qui concerne M.Foucault:

Je lis et je cite :

"Dans les Mots et les Choses, Michel Foucault étudie plus particulièrement le passage de l'âge classique à la modernité actuelle. Il suggère que nous sommes déjà dans une épistémè ultérieure. Cette épistémè peut porter le nom d’hypermodernité."


D'abord une question: "Cette épistémè peut porter le nom d’hypermodernité" je voudrais avoir la référence exacte où vous trouvez que Foucault parle d'hypermodernité dans Les mots et les choses, je ne la trouve pas.

"Il suggère que nous sommes dans une épistémè ultérieure". C'est justement là le travail du livre Les mots et les choses dans son ensemble, par sa méthode archéologique: il s'agit de se demander (dans la deuxième partie) comment rendre compte de l'epistémè moderne qui est la notre en décalant son propre travail sur les limites de cette épistémè. Se positionner à la limite des savoirs de la modernité ce n'est pas alors créer une "épistémè ultérieure", encore moins une "hypermodernité" à mon sens : dans le dernier chapitre de Les Mots et les choses, Foucault parle plutôt de contre-sciences de la modernité (elle-même) qui pourraient ouvrir les limites de cette modernité (c'est en gros l'ethnologie, la psychanlyse et la linguistique) et à partir desquels il se situerait lui-même. Disons que sur l'epistémè moderne, il y aurait d'un côté extrème les savoirs des "sciences humaines" et de l'autre ces "contre-sciences" (Levis-Strauss/barthes/lacan) à partir desquels Foucault pourrait se placer pour étudier le passage de l'épistémè classique à l'épistémè moderne.


> pas de réponse, j'enlève donc la référence et les liens à l"hypermodernité qui ne me semblent pas être pertinents sur le concept d'épistémè tel que l'entend Foucault. Sapere 16 mai 2007 à 10:52 (CEST)

[modifier] Nouvel article épistémè

N'ayant pas reçu de réponse depuis quelques mois et étant en train d'écrire sur l'épistémè de foucault, j'ai décidé de modifier l'article précédent et d'en proposer un, toute discussion sera évidemment la bienvenue. Je n'ai encore jamais écrit d'articles sur wikipédia, je découvre la mise en page, j'essayerais de mettre les notes en bas de pages et de retoucher le texte un peu plus tard.

Sapere 15 mai 2007 à 19:08 (CEST)

J'ai inséré les notes.Sapere 16 mai 2007 à 10:36 (CEST)

Quelques modifications, il est terminé je pense.Sapere 16 mai 2007 à 11:49 (CEST)

J'ai mis quelques grands titres pour donner un semblant de forme plus "didactique" à l'article, peut-être est-ce moins pertinent, à voir...Sapere 19 mai 2007 à 11:23 (CEST)

Bonjour et bravo aux contibuteurs pour leurs efforts pour développer cet article. Je ne l'ai pas encore lu en entier, mais d'ores et déjà sur la forme je me permets 2 remarques : il faudrait le wikifier (mettre des liens internes dans le texte) et l'intro est trop longue. Cdlt. Chrisd 22 juin 2007 à 22:45 (CEST)

[modifier] L'épistémè et la structure ?

Il faudrait éclaircir le rapport de Foucault au structuralisme, sur lequel je reste extrêmement sceptique. Il me semble qu'il est tout de même diffcile de parler de "structuralisme passif" dans Les mots et les choses ou l'archéologie du savoir, comme semble le suggérer Piaget. Sachant que Foucault a tout de même justement à tout prix évité d'utiliser le mot "structure" dans les mots et les choses, et aux vues des critiques qu'il formule d'une quelconque lecture "structuraliste" de son livre dans l'archéologie du savoir, mais aussi dans son rapport au structuralisme qu'on peut trouver dans un texte "structuralisme et poststructuralisme" (in dits et écrits), il faudrait, me semble-t-il, développer un peu plus ce point (c'est-à-dire le rapport de l'épistémè de Les mots et les choses au structuralisme) qui est loin d'être aussi tranché que la fin de cet article le suggère. Enfin je pense qu'on pourrait d'abord en discuter ici pour échanger nos points de vues ? J'essaye de relire ces textes d'ici quelques jours et je poserais mes arguments. Sapere 22 juin 2007 à 11:38 (CEST)

Réponse


Tout d'abord et pour être parfaitement honnète, je n'ai pas lu "les mots et les choses". Seulement j'ai trouvé les remrques de piaget intéressantes à mentionner sur cette page.

En tant que lecteur naïf, si la méthodologie que foucault met en oeuvre dans les mots et les choses n'est pas structuraliste, je ne comprends plus rien à votre article, et il semble important pour un profane comme moi que la méthodologie soit alors explicitée -non dans son principe (mise en perspective de l'écart entre l'épistémè moderne et classique) mais dans le détail pratique-. (Si notre échange n'avait pour fin que ce seul point l'intérèt pour la valeur de l'article serait déjà important)


Néanmoins ce problème que vous soulever à propos de la position de Foucault par rapport au structuralisme est intéressant et me semble révéler un "point aveugle" dans son argumentation : je cite votre article

l’originalité de ses analyses heurtent « ceux préfèreront nier que le discours soit une pratique complexe et différenciée, obéissant à des règles et à des transformations analysables, plutôt que d’être privé de cette tendre certitude, de pouvoir changer sinon le monde, sinon la vie, du moins leur « sens » par la fraîcheur d’une parole qui ne viendrait que d’eux-mêmes»[9].

En tant que néophyte, je n'arrive pas à combler l'écart entre des "transformations analysables" et des "discontinuitées énigmatiques".

Si je comprends bien votre article, foucault a étudié de manière synchronique des systèmes discursifs (renaissance, classique et moderne) (je dis ceci dans un sens tout à fait saussurien). Mais en se coupant ainsi de l'étude diachronique, il commet la même erreur que saussure: La métaphore la plus connue et la plus parlante de saussure est celle du jeu d'échec. En effet il n'est nul besoin de connaitre l'histoire de la partie pour comprendre l'état actuel du jeu, la "valeur" respective des pièces sur l'échiquier ( la tour est plus ou moins forte, la reine est en danger...etc.); mais tout ceci n'est possible que SI ON CONNAIT DEJA LES REGLES du jeu d'échec, c'est à dire LES TRANSFORMATIONS INNERENTES au jeu.

Ainsi placez vous dans la peau d'une personne qui ne connait rien au jeu d'échec, si elle veut comprendre ce jeu, elle devra bien combiner les deux axes d'analyses (synchronique et diachronique) pour le comprendre. Voilà le sens de la rubrique que j'ai proposé, et de la critique de Jean Piaget. Je pense qu'il est efectivement malheureux d'avoir employé le terme de "structuralisme statique" et que celui de "systémique" est plus parlant...

Bien à vous Patrick Fontan 28 juin 2007

Réponse


Tout d'abord merci de vos précisions en ce qui concerne votre compréhension de l'épistémè foucaldienne et de son rapport à la structure. Je vais tenter de répondre à vos questions pas à pas, je concède honnètement que les deux grandes questions que vous posez sont des critiques célèbres que l'on a fait à Foucault: à savoir: 1) Quelle est ton epistémè? et 2) comment passe-t-on d'une épistémè à une autre:

si la méthodologie que foucault met en oeuvre dans les mots et les choses n'est pas structuraliste, je ne comprends plus rien à votre article, et il semble important pour un profane comme moi que la méthodologie soit alors explicitée -non dans son principe (mise en perspective de l'écart entre l'épistémè moderne et classique) mais dans le détail pratique.

Je crois tout de même avoir montré dans l'article que la méthodologie que Foucault met en oeuvre dans MC est l'archéologie (CF sous titre du livre): il faut noter que Foucault cherche toujours à questionner la philosphie comme un régime d'énoncé, de pensées. L'entreprise de Foucault est une histoire critique de la pensée, c'est-à-dire qu'il s'interesse à la manière dont se constitue les problèmes pour la pensée. Si les discours obéissent comme vous le soulignez dans ma citation "à des règles et à des transformations analysables", c'est dans une "pratique complexe et différenciée", c'est-à-dire qu'il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une pensée qui assume le pluralisme: pour un même problème, plusieurs réponses peuvent être données pour y répondre, en ce sens, l'épistémè est bien le "sol des discours" ( et non la structure) complexe et différentié qui organise le pluralisme des discours. L'épistémè n'est jamais une quelconque ou lointaine origine des discours, elle est tout simplement ce qui rend possible ces différents discours: foucault cherche à quelles conditions de possibilités un discours peut apparaitre en tant qu'il résoud un problème qui lui préexiste. Ce sol dont Foucault parle n'est pas une origine, ce serait plutôt un espace, ce n'est pas non plus une structure mentale sous-jacente qui organiserait les discours, Foucault ne fait pas une histoire des mentalités, l'épistémè est un ensemble de contraintes qui fixent les discours en les organisant comme un système de pensées : c'est un champ, un espace d'apparition des discours, et non une quelconque origine. La méthode archéologique foucaldienne n'est ni purement historique, ni structuraliste, elle va à l'encontre d'une histoire linéaire de la pensée, à l'encontre d'une histoire psychologique des mentalités, à l'encontre d'une histoire idéologique du progrès, à l'encontre aussi d'une histoire générale ou d'une universalisation des idées : l'épistémè n'est pas un universel, elle n'est pas au-delà des discours, mais plutôt au deça des discours. L'épistémè ne définit pas une discipline mais le croisements de plusieurs discours. Foucault donne lui-même des détails pratiques : l'épistémè moderne ne définit pas la biologie, l'économie, ou la linguistique comme des disciplines, mais montre que ces discours font partis d'un même champ, d'un même espace de contraintes à la fin du 18ème siècle: ce champ regoroupe Kant, le biologiste, le philologue, l'économiste voire le médecin dans une analytique de la finitude que l'on ne retrouve pas dans l'histoire naturelle, la théorie des échanges ou la grammaire générale. En ce sens l'épistémè comme vous le dites vous mêmes n'est pas une structure dont les éléments seraient les différents discours. Il est bien certain que Foucault ne cherche ni l'origine des discours, ni - et encore moins - l'origine de l'épistémè. On peut certes dire que c'est un parti pris de Foucault, qui s'oppose radicalement à l'épistémologie génétique de piaget, à l'histoire linéaire et à l'analyse philosophique des universaux. Comme Canguilhem le remarque dans son article, foucault renouvelle totalement la philosophie (tout comme Kant l'avait fait à son époque), l'histoire et l'épistémologie (dans la filiation d'une pensée de la rupture à al suite de Bachelard et Canguilhem). Pourquoi donc alors s'évertuer à penser l'épistémè comme une structure et là je vous cite:

Foucault nous fourni un matériel précieux pour penser l'épistémologie et les conditions qui sous-tendent la possibillité de production de notre propre discours. Ce matériel, par sa nature appelle à être structuré, c'est à dire à être complèté par un système de transformation: alors l'épistémè serait une structure.

Alors même que que tout le travail de Foucault consiste comme je le faisais remarquer à introduire une différence significative dans le champ du savoir. Appliquer les méthodes structuralistes au travail de foucault, pourquoi pas ! Cela pourrait être un objet de recherche à partir de Foucault, un usage de Foucault (peut-être même que piaget l'a fait?), mais cela ne rend certainement pas compte de la pensée de ce dernier (et j'ai tenté dans cet article de rester au plus proche de sa pensée). Voilà pourquoi dire que le travail de Foucault "appelle à être structuré par sa nature même" me semble excessif. C'est de la même manière qu'on a pu dire que Foucault était un philosophe sans philosophie ou un historien qui n'est pas philosophe (qui plus est mauvais historien puisqu'il n'explique pas les ruptures) parce que Foucault à ouvert la philosophie à des domaines extérieurs. Si la méthode d'analyse de Foucault renouvelle la philosphie, l'histoire ou l'épistémologie en ouvrant la philosphie à son dehors, je ne comprends pas bien pourquoi l'historien devrait sommer Foucault d'expliquer les ruptures, les discontinuités, ou encore le philosphe sommer Foucault d'expliquer les universaux, ou bien le structuraliste sommer Foucault d'expliquer l'origine. Si on considère que philospher c'est comme le disait Pascal se moquer de la philosophie, si toute l'entreprise de Foucault consiste à se méfier des systèmes de pensées, à les critiquer, à construire une philosophie critique (archéologique et généalogique), à créer des concepts comme l'epistémè justement pour se déprendre d'un universel comme la "structure" (ce qui minait intrinsèquement Foucault dans l'histoire de la folie et la naissance de la clinique), opposer à la philosophie un pluralisme, une événentialisation, une problématisation, bref, si tout l'effort de sa philosophie consite à penser autrement, pourquoi devrait-on le faire passer sous un tribunal de concepts qu'il a justement pour objectif de ne pas utiliser. Personnellement je suis d'accord pour dire que sa philosphie est assez souple pour qu'on en fasse des usages très divers. Quant à savoir si c'est le marxisme, le structuralisme, l'historicisme, l'ontologie ou la déconstruction qui manque à sa philosophie, je reste très prudent, il y a des usages marxistes, structuralistes, littéraires, artistiques, voire politiques etc. qui sont extrêment passionnants (et on peut lire la seconde préface à l'histoire de la folie dans ce sens: Foucault dit : faites ce que vous voulez de ce texe), mais dire que c'est la structure ou la lutte des classes ou que sais-je encore qui manque à son oeuvre, c'est me semble-t-il forcer un peu sa pensée. Alors certes il faudrait peut-être insister dans cet article un peu plus sur la méthode archéologique de Focuault dans les mots et les choses, sur l'oginalité de la méthode archéologique par rapport à la philosphie et l'histoire et revenir sur l'attitude critique de Foucault, mais je suis contre le fait qu'il faille, à chaque fois qu'on parle de Foucault (et là le thème de l'article n'est pas "Foucault" ou "la critique" ou "la philosphie de Foucault", mais l'épistémè), justifier son positionnement (qui change de plus au fur et à mesure de son travail) et faire une longue introduction pour éviter tout malentendu. Après je suis d'accord pour dire que le problème de savoir comment on passe d'une épistémè à une autre est complexe, mais il y a dans les mots et les choses quelques réponses : il y a un régime de discours qui chevauche deux epistémè : c'est la littérature (CF dernier chapitre), et pour savoir quel est son épistémè, j'ai aussi énoncé dans l'article les contre-sciences de ce même chapitre qui donne une réponse qui demanderait peut-être à être plus développée. J'ai répondu rapidement et j'ai n'ai pas eu le temps de relire les textes sur le rapport de Foucault au structuralisme, j'espère pouvoir le faire très bientôt et poursuivre cette discussion.

Cordialement.

Sapere 3 juillet 2007 à 19:53 (CEST)


Réponse (rapidement)

Si je comprends mieux la position de foucault; il chercherait à se déprendre du structuralisme en tant qu'un des représentant de l'épistémè moderne ( c'est à dire un discours rendu possible par l'épistémè moderne).

- s'il est vrai que: "l'épistémè est un ensemble de contraintes qui fixent les discours en les organisant comme un système de pensées " (je vous cite)

- alors Michel Foucault est malhonnète au sens ou le défini Jean Paul Sartre; car cette définition de l'épistémè est très exactement celle d'une structure (un système de relation + un ensemble de contraintes). C'est à dire que ce qui compte n'est pas ce qu'il dit, mais ce qu'il fait.

Ce que je comprends ce votre article et de notre discussion, c'est que précisément le structuralisme ne manque pas à "les mots et les choses", mais qu'il y est sous jacent, en quelque sorte non assumé, ou plutôt désavoué.

bien à vous, Patrick Fontan



Réponse


Si Foucault cherche à se dépendre d’un « structuralisme », c’est avant tout en nous posant cette question : « si on interroge ceux qui attaquent le structuralisme, on a l’impression qu’ils voient en nous tous certains traits communs qui provoquent leur méfiance et même leur colère. Si par contre vous interrogez Lévi-Strauss, Lacan, Althusser ou moi-même, chacun de nous déclarera qu’il n’a rien de commun avec les trois autres et que ces trois autres n’ont rien de commun entre eux ». (Dits et écrits, tome1, p. 681)». Pour vous répondre brièvement, Foucault définit un « système » comme « un ensemble de relation qui se maintiennent, se transforment, indépendamment des choses qu’elles relient » (Dit et écrits tome I, p.542), ce système, si vous insistez pour utiliser ce terme, est bien une structure théorique, qui change avec les âges et les sociétés, mais qui est présent à tous les âges et dans toutes les sociétés. Pour penser ce système, Foucault a bien évidemment été contraint lui-même par un système, et c’est bien cela qu’il nomme « épistémè moderne ».

« Si je comprends mieux la position de Foucault; il chercherait à se déprendre du structuralisme en tant qu'un des représentant de l'épistémè moderne »

la position de Foucault serait alors plutôt l’inverse : il cherche, en tout cas dans Les mots et les choses, à se placer à la limite de l’épistémè moderne, pour tenter d’analyser ou de révéler cette pensée anonyme et contraignante qui est celle d’une époque (la notre) et d’un langage (le notre). En ce sens il utilise l’ethnologie, la psychanalyse et la linguistique comme des moyens pour se placer au bord, à la limite de notre propre épistémè (car elles permettent de mettre à jour les lois de transformation de notre pensée et notre langage) : mais jamais me semble-t-il comme une fin

« Qu’est ce que c’est que ce système anonyme sans sujet, qu’est ce qui pense ? Le « je » a explosé (voyez la littérature moderne) – c’est la découverte du « il y a ». Il y a un on. D’une certaine manière on revient au point de vue du 17ème siècle, avec cette différence : non pas mettre l’homme à la place de Dieu, mais une pensée anonyme, du savoir sans sujet, du théorique sans identité » (Dits et écrits, tome 1, p.543).

Voilà ce que cherche Foucault, voilà pourquoi le « structuralisme » que l’on croit être une pensée non divisée (c’est à dire l’ethnologie de Lévi-Strauss, la linguistique de Barthes et la psychanalyse de Lacan) l’intéresse, au même titre que la littérature (d’Artaud à Joyce en passant par Blanchot). C’est bien cette « pensée anonyme  » que Foucault cherche à dévoiler – partiellement -dans Les mots et les choses.

« alors Michel Foucault est malhonnête au sens ou le défini Jean Paul Sartre; car cette définition de l'épistémè est très exactement celle d'une structure (un système de relation + un ensemble de contraintes). C’est-à-dire que ce qui compte n'est pas ce qu'il dit, mais ce qu'il fait. »

Vous voyez donc que cette « structure » comme Sartre l’appelle, Foucault le nomme « il y a du langage », le « on », le « système anonyme du sujet » et tout l’intérêt du livre Les mots et les choses est bel et bien de montrer comment cette pensée anonyme est apparue au début du 19ème siècle sous la figure de ce que l’on nommera « l’homme ». En ce sens, il y a bien une critique sévère chez Foucault de l’humanisme qui traverse tout son livre. Il me semble d’ailleurs que derrière cet anti-humanisme, c’est Sartre qui est doublement visé, pour plusieurs raisons (comme philosophie du sujet, de la conscience et de l’existence humaine ertc. et surtout comme pensée dialectique).

Je me dis donc qu’il est libre à vous de penser que Foucault s’est trompé sur son étude des « systèmes » (ou de la « structure », admettons-le si vous ne voulez pas utiliser le terme « système ») de l’épistémè moderne, mais admettez à votre tour que l’effort de théorisation de Foucault dans Les mots et les choses n’est pas un condensé des divers courants structuralistes de son époque (et que l’on ne peut pas assimiler les critiques de Foucault à la découverte d’une anthropologie liée un inconscient structural). Quand vous dites que Sartre traite Foucault de malhonnête car il détaille un système de relation et un ensemble de contrainte : de quels systèmes et de quelles contraintes Sartre parle-t-il donc ? Il faudrait d’abord définir le structuralisme contre lequel ce dernier lance sa critique et voir si effectivement Foucault le reproduit dans Les mots et les choses, j’ai essayé personnellement, dans ma lecture de ce livre, de montrer l’intérêt du concept d’épistémè dans l’émergence des sciences humaines (même si Foucault construit une théorie qui peut sembler critique). Je n’ai pas l’impression d’avoir trop appuyé dans cet article sur la critique sous-jacente de l’existentialisme, ni de l’anti-humanisme qu’on peut trouver chez Foucault. On ne peut pas ramener une critique du "structuralisme" (à définir) chez Foucault à la querelle qui l'opposait à sartre (qui me semble dépasser les thèses explicites de Les mots et les choses). J’admets donc volontiers que l’on puisse voir dans l’épistémè moderne un système sous-jacent de contraintes, mais tout l’effort du livre consiste bel et bien pour Foucault à tenter de le mettre en avant (et la critique de Sartre pourrait-être interessante si elle montrait en quoi ce système ou cette structure épistémologique que Foucault tente d'analyser est erronée), à le dévoiler pour essayer à terme de s’en déprendre. Je ne pourrais pas juger si ce dernier à véritablement réussi, mais l'entreprise elle-même est digne d'intérêt et c'est tout simplement ce que j'ai voulu montrer dans cet article.

--Sapere 4 septembre 2007 à 16:18 (CEST)

[modifier] épistémé vs épistémè (epistêmê)

N'étant pas spécialiste de Foucault, je ne sais s'il a explicitement insisté sur cette particularité. J'imagine que oui. Auquel cas, vous voudrez bien pardonner mon ignorance. Je crois alors qu'il serait bon de le préciser dès l'introduction. Je me charge d'apporter ces quelques précisions, et je vous laisse compléter avec la référence adequate (une citation en note de bas de page serait parfaite). Bien cordialement.--EL ✉ - ✍ 7 septembre 2007 à 00:45 (CEST)


Il n'y a pas une citation adéquate où Michel Foucault se démarque explicitement de l'épistêmê au sens de la connaissance ou de la science en grec, c'est justement dans une lecture et une compréhension globale de Les mots et les choses (et de quelques textes annexes) qu'il est possible d'essayer d'en restituer le sens. Je pense avoir mis toutes les références de ces passages dans l'article. S'il était possible de résumer un concept aussi complexe que l'épistémè en une phrase, il n'y aurait pas besoin, me semble-t-il, d'en faire un article. Si référence il y a, ce serait donc dans le contenu de l'article en entier qu'on pourrait la trouver. Je pourrais aussi donner l'exemple de la la différance chez Derrida où il serait inutile pour présenter correctement ce concept de chercher une citation où il se démarquerait d'une définition de la "différence". La page épistémè est dans la rubrique concept philosophique, ce n'est certes pas une définition de l'épistêmê classique, mais je ne crois pas avoir lu dans la plume d'aucun philosophe avant Foucault une conceptualisation de l'épistémè qui se démarque du sens classique. Pour preuve (même si l'on sait bien quun dictionnaire ne donne jamais la définition d'un concept, ce qui serait plutôt le travail d'une encyclopédie), le petit Robert et surtout le robert historique de la langue française d'Alain Rey (pour la graphie épistémè en français) cite Foucault et donne la date de1965 pour son apparition - ce qui est de plus assez exact puisque le premier chapitre de Les mots et les choses , c'est-à-dire Les suivantes (analyse des Ménines de Velasquez) a bien été publié un an avant la sortie du livre en 1965. De plus, si l'on jette un oeil dans le Littré, le terme épistémè n'existe pas. N'étant pas personnellement un grand hélléniste (bien que connaissant un peu mon Platon), je suis dans l'incapacité de faire un article bien documenté sur l'épistêmê classique ou la théorie de la connaissance chez les grecs, mais il me semble qu'un tel article se démarquerait totalement du sens de l'épistémè tel qu'il a été pensé au 20ème siècle par Foucault.

Cordialement. --Sapere 7 septembre 2007 à 09:59 (CEST)

Le problème (enfin "problème", c'est un bien grand mot...), c'est qu'il faudrait choisir un titre sans trop d'ambiguïté. Si l'association épistémè/Foucault vs épistémé ou épistémê/Platon est bien documentée (c'est le cas pour la différance derridienne), alors la titulature actuelle est justifiée. Sinon, il faudra la modifier. Naturellement, cette question ne peut être documentée directement par l'analyse des travaux de Foucault, pour des raisons évidentes. Le Robert historique peut être acceptable, mais le mieux serait de trouver un auteur reconnu qui traîte de cette question, ne serait-ce qu'en quelques lignes.--EL - 7 septembre 2007 à 11:51 (CEST)
pour être plus clair, cette graphie "épistémè" (voir même "épistémé", car dans le robert historique, Alain Ray l'écrit ainsi) est inventée par Foucault en 1965, tout comme le terme "épistémologie" l'a été par Russel en 1901 (et cela ne veut pas dire que platon n'utilisait pas les termes epistêmê et logos, mais le sens est différent). Il n'y a pas à ma connaissance d'autre auteur qui ait utilisé le terme épistémè avant Foucault pour en faire un concept autre que de rendre compte du vocabulaire platonicien (et si on peut accepter la distinction épistémè et épistémé, c'est par facilité, pour franciser epistêmê) . Je répète qu'un article sur l'epistêmê platonicienne (c'est-à-dire la perception par l'âme de la réalité, de ce qui est- et qui demanderait une étude à part entière) n'a rien à voir avec le concept foucaldien, qui s'en démarque - reconnaissons-le - totalement. Après si la question est de savoir si ce concept et l'explicitation de la pensée foucaldienne ont leurs places dans une encylopédie, vous connaissez déjà ma réponse. Je sais d'ailleurs que pour beaucoup ce "philosophe" reste secondaire (il n'y a qu'à voir ceux qui ont classé cet article en importance moyenne (?), voire même si je puis me permette la discussion que nous sommes en train d'avoir en ce moment), et je crois vraiment que ceux qui jugent sa philosophie comme secondaire ne l'ont pas lu (et je me permettrais la même invective en ce qui concerne canguilhem ou bachelard). Il me semble d'ailleurs que Foucault s'est vu promu il y a quelques années au programme d'agrégation de la philosophie, ce qui montre un véritable changement dans les mentalités des mandarins (les mêmes qui traitaient Foucault dans les années 70 d'historien mais surtout pas de philosophe : et la réponse, qui fut non seulement française mais étrangère, il ne faut pas l'oublier, ne date que de 1988 dans une colloque nommé Michel Foucault Philosophe, rencontre internationale, n'oublions pas non plus que la première thèse universitaire écrite sur Foucault date des débuts 90 et que Béatrice Han a du la faire au USA) . Vous m'avez dit que vous vous occupiez de philosophie des sciences, il me semble (et alors peut-être que cet article n'en rend pas assez compte...) que le concept d'épistémè et l'analyse des sciences humaines que fait Foucautl dans Les mots et les choses est peut-être une des analyses les plus importante du 20ème siècle en ce qui concerne l'épistémologie (en tout cas elles n'ont rien à envier à Khun ou Popper). Après si quelqu'un connaît le nom d'un philosophe qui ait créé le concept d'épistémè entre Littré (que je ne remets pas en doute) et Les recherches d'Alain Ray (auxquelles je me fie également), je serais très heureux de connaître sa pensée. En bref je pense qu'il n'y a pas d'ambiguité possible (que ce soit de la part des philosophes ou des historiens) à donner "épistémè" comme nom d'un concept que Foucault à forgé, et de faire un autre article pour l'epistêmê classique, ce qui enchenterait par là même les hellénistes.
--Sapere 7 septembre 2007 à 19:13 (CEST)
je me suis mal fait comprendre. Il n'y a dans mon intervention aucune considération philosophique. Il ne s'agit ici que de considérations formelles sur les titulatures des articles consacrés aux différentes notions d'episteme. Ma question est : est-il légitime de titrer cet article "épistémè" plutôt que, par exemple, "épistêmê (Foucault)"? Autrement dit : est-il légitime d'écrire que la graphie "épistémè" est reservée au concept forgé par Foucault? Je rappelle un point fondamental : la réponse à cette question ne peut pas reposer sur des analyses personnelles, aussi valables soient-elles. Elle doit s'appuyer sur une source externe à WP.
Si ces considérations ne sont pas philosophiques, elles ne sont pas non plus anecdotiques. En effet, les graphies "épistémè" et "épistémé" sont si voisines qu'elles risquent d'être sources de confusion chez les lecteurs et les rédacteurs. C'est d'ailleurs la raison de ma présence ici : en voulant créer un lien vers la page traitant de l'épistémé, je suis arrivé sur cette page, et j'ai évidemment été surpris par ce que j'y ai trouvé (épistémé renvoyait en effet vers épistémè, ce que j'ai corrigé depuis). Des titres comme "épistêmê (Foucault)" et "épistêmê (Platon)" seraient sans doute moins problématiques.
PS : au risque de décevoir, Foucault est bien loin d'être un auteur central en histoire et en philosophie des sciences, dont les formes contemporaines doivent beaucoup plus à des auteurs anglo-saxons comme Bloor, Collins, Galison, Kuhn, Hacking et quelques autres. La question est plus complexe en ce qui concerne son apport à l'épistémologie, sachant la polysémie de ce mot. Mais dans tous les cas, cette influence se limite à une forme particulière d'épistémologie. Inutile donc de trop "rendre compte" de l'"importance" en épistémologie des analyses développées par Michel Foucault dans Les mots et les choses.--EL - 7 septembre 2007 à 20:22 (CEST)
S'il doit y avoir 2 articles je suis d'accord pour dire qu'il est plus simple que ce soit "épistémè (Foucault)" et "épistémé (Platon)" (ou toute autre orthographe). Cdlt. Chrisd 8 septembre 2007 à 14:37 (CEST)
Je proposerais aussi pour deux articles : épistémè (Foucault) et epistêmê (Platon?) afin d'éviter toute confusion. [tout en sachant qu'il faudrait faire des recherches pour savoir si l'epistêmê grecque renvoie en premier lieu à Platon ... enfin ceci n'est pas de ma compétence].--Sapere 8 septembre 2007 à 19:33 (CEST)

[modifier] Sur le bandeau recycler

L'article doit être d'une part wikifié mais d'autre part recyclé. Il manque de concision. Il comporte de nombreux jugements non encyclopédique et de nombreuses redites. Pedro Lassouras 8 octobre 2007 à 19:16 (CEST)

Ce bandeau devrait être recylcé. Il est véritablement bien trop concis et comporte des jugements personnels non encyclopédiques car non justifiés.Sapere 14 octobre 2007 à 01:39 (CEST)