Économie sociale de marché

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L’économie sociale de marché (Soziale Marktwirtschaft) est un système économique, mis en place en Allemagne de l'ouest et en Autriche pendant la Guerre froide, fortement inspiré par l'ordolibéralisme.

En Allemagne, ce modèle a été institué par Ludwig Erhard, ministre de l'économie sous le chancelier Konrad Adenauer, puis chancelier lui-même de 1963 à 1966.

L'économie sociale de marché assume l'idée que le libre-marché est naturellement social. Ce système s'oppose au socialisme mais aussi au capitalisme sans règle. Il cherche à obtenir et/ou à maintenir à la fois une croissance élevée, une faible inflation, un faible chômage, de bonnes conditions de travail, une protection sociale et des services publics, à travers une intervention active de l'État[réf. nécessaire].

Bien que controversé au départ, ce modèle s'est imposé en Allemagne comme en Autriche, et on lui attribue parfois le « Wirtschaftswunder » (en allemand miracle économique) de ces pays. La forte expansion des Trente Glorieuses pourrait également avoir d'autres origines.

Au Royaume-Uni, l'expression est reprise lors des années 70 dans la même acception par le Center for Policy Studies qui réunissait les tories les plus libéraux dont Margaret Thatcher et Keith Joseph. Le centre se fit un moment l'apologiste de l'économie sociale de marché, expression qui permettait de rappeller que seule une économie de marché pouvait permettre le progrès social[1]. L'ambiguité de la formule conduisit plus tard à son abandon.

Selon le syndicaliste Serge Le Queau[2], l'expression est un "faux ami", dans la mesure où, dans son acception originelle, elle ne désigne pas un simple compromis entre l'"économie sociale" et l'"économie de marché", mais un courant de pensée bien spécifique, d'origine allemande.[3]

Michel Foucault a aussi soutenu dans son cours du Collège de France de l'année 1978-1979 que l'économie sociale de marché est un courant de pensée néolibéral bien spécifique.[réf. nécessaire]

[modifier] Autre

La Chine parle officiellement d'« Économie socialiste de marché » pour son système économique, qui est cependant (très) différent d'une Économie sociale de marché.

On peut affirmer que la Suisse a adopté un système d'économie sociale de marché en précisant toutefois que l'Etat y joue plutôt un rôle de facilitateur en protégeant les échanges économiques que d'intervenant dans la mesure où la liberté économique est garantie à l'art. 27 de la Constitution fédérale de 1999.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Références

  1. Margaret Thatcher, The Path to power, vo, Harper Collins, 1995, p251-252
  2. Président d'Attac 22 - Membre du Conseil Scientifique d'Attac
  3. Extrait de l'article du 04/04/2005 de Serge Le Queau (ATTAC) « Économie sociale de marché : un faux ami » cf [1]: "Attention, le terme « économie sociale de marché » (en allemand Soziale Marktwirtschaft) est un faux ami comme on dit en lexicologie, c’est une étiquette trompeuse. Il est remarquable que pas un exégète du traité n’ait expliqué la signification de cette locution pourtant omniprésente. S’ils l’ignorent, c’est presque pire... L’ « économie sociale de marché » ne renvoie pas du tout à un mixte entre économie sociale et économie de marché. Il s’agit d’un courant de pensée né dans l’Allemagne fédérale d’après-guerre et rassemblant des économistes conservateurs autour de la revue ORDO (d’où l’autre nom de ce courant, l’« ordolibéralisme »). Ses fondateurs, les économistes Walter Eucken, Wilhelm Röpke et Alfred Müller-Armack ont très largement influencé la politique économique des chanceliers allemands, conservateurs (CDU) mais aussi sociaux-démocrates (SPD), ce qui les a auréolé de la paternité intellectuelle du « miracle économique ouest-allemand »."