Yvonne Rudellat

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Yvonne Rudellat (1897-1945) est un agent français du service secret britannique Special Operations Executive, pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle fut la première femme à être envoyée en France, en juillet 1942.

Note : pour accéder à des photographies d'Yvonne Rudellat, voir le paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.

Sommaire

[modifier] Famille

  • Son père : vendeur de chevaux pour l’armée française
  • Son mari : Alex Rudellat

[modifier] Biographie

[modifier] Avant la guerre

1897. En janvier, naissance d’Yvonne Claire Cerneau à Maisons-Laffitte. C’est la plus jeune de dix enfants, dont la plupart meurent bébés.

Quand sa mère lui en donne l'autorisation, elle accompagne son père dans ses déplacements professionnels.

Après la mort de son père, Yvonne s’estime incapable de vivre avec sa mère et va à Londres chercher un travail.

1920. Tandis qu’elle travaille dans un magasin à Regent Street, elle rencontre Alex Rudellat, de neuf ans son aîné, employé au Picadilly Hotel. Elle l’épouse.

1922. Yvonne donne naissance à une fille, qu’elle prénomme Constance Jacqueline.

1929. Yvonne et Alex se séparent, mais restent amis et partagent leur temps avec leur fille.

[modifier] Résistance

1939. Dix jours après la déclaration de guerre, la fille d’Yvonne rejoint l’Auxiliary Territorial Service et quelque temps après épouse un sergent.

Yvonne essaye plusieurs fois de rejoindre sa fille dans l’ATS, mais est refusée en raison de son âge.

1942.

  • 28 mai. Alors qu'elle travaille comme secrétaire à l'Hôtel club d'Ebury Court, elle est remarquée par un responsable du recrutement de la Section F du SOE et elle est finalement recrutée. Elle commence comme FANY, et suit l’entraînement.
  • 17 juillet. En compagnie de deux autres chargés de missions, Nicholas Bodington (numéro 2 de la Section F) et Paul Frager, elle quitte la Grande-Bretagne pour la France, avec le nom de code « Suzanne » et avec pour fausse identité Jacqueline Gautier. Le trajet initial, qui est un vol vers Gibraltar, est mouvementé : l'avion Whitley qui les emmène subit un tir de chasseurs allemands au large de Brest, fort heureusement sans dommages pour eux.
  • 20 (ou 30 ?) juillet. Les quatre agents sont infiltrés en France (traversée en sous-marin, accostage en felouque, traversée de la ville de Cannes par les égouts) et se séparent. Elle est ainsi la première femme à être envoyée à l'étranger comme agent secret du SOE. Yvonne prend le train pour Paris, en se faisant passer pour une réfugiée de Brest qui fuie les bombardements. Elle se rend ensuite dans la vallée de la Loire où elle rejoint le réseau MONKEYPUZZLE de Raymond Flower « Gaspard » pour sa mission de repérage de terrains utilisables pour les parachutages. Ayant des doutes sur les capacités de Raymond Flower, elle s'engage auprès de Marcel Clech et de Pierre Culioli.
  • 24 septembre. Elle fait partie du comité de réception d'Andrée Borrel et de Lise de Baissac, les deux premières femmes du SOE à être parachutées en France.
  • 1er octobre. Elle fait partie du Comité de réception de Francis Suttill, le chef du réseau Prosper.
  • 31 décembre. Francis Suttill la désigne comme adjointe de Pierre Culioli pour diriger une branche du réseau Prosper dans le sud de la Touraine. Cette branche est dénommée ADOLPHE ; ce nom n'a pas été homologué par Londres, et le réseau doit être distingué du réseau Adolphe - RACKETEER opérant en Bretagne. Pierre et Yvonne dirigent et coordonnent dans la région de la Loire des groupes de résistance spécialisés dans le repérage de terrains d'atterrissage, l’organisation et la réception de parachutages, et la réalisation de sabotages.

1943.

  • Mars. Elle est personnellement responsable de l’explosion de deux locomotives dans la gare de marchandises du Mans.
  • 15n juin. - Avec Pierre Culioli, elle réceptionne (à vérifier leur présence effective dans le Comité de réception) deux agents canadiens, Frank Pickersgill et John Macalister son opérateur radio, qui viennent établir et diriger le réseau ARCHDEACON. Ils sont parachutés près de Meusnes, dans la vallée du Cher, au nord de Valençay. Les quatre restent quelques jours à Romorantin.
  • 21 juin. Elle est arrêtée par les Allemands.
Récit. Ils s'en vont en voiture à Beaugency, sur la Loire, pour prendre le train pour Paris, en vue de rencontrer les dirigeants du réseau Prosper - PHYSICIAN à la gare d'Austerlitz. À leur grande surprise, ils constatent la présence de nombreux militaires allemands au village de Dhuizon, en Sologne, où, vers 9 heures du matin, leur voiture est stoppée à un point de contrôle. Les deux Canadiens sont isolés pour être interrogés à la mairie. Pierre Culioli et Yvonne Rudellat, qui avaient passé l'interrogatoire sans être arrêtés, attendent les Canadiens dans la voiture, moteur au ralenti. Mais quand les Allemands cherchent à les faire revenir, Culioli démarre en trombe. La poursuite s'engage et à l'entrée du village de Bracieux, les Allemands ouvrent le feu, atteignant Yvonne Rudellat à la tête. Culioli la croyant morte lance sa voiture sur un mur pour ne pas être pris vivant. Il n'est que sonné. Pour le maîtriser, un Allemand lui tire une balle dans la jambe. Yvonne se réveille à l’hôpital de Blois où on lui annonce que le cerveau n'est pas atteint..
Elle subit ensuite des interrogatoires au quartier général de la Gestapo, elle est emprisonnée à Fresnes. Elle utilise le nom de Jacqueline Gautier.

1944.

  • 21 avril. De nouveau transférée, par le même convoi qu'Odette Sansom, elle arrive à Ravensbrück.
  • Elle est ensuite transférée au camp de Bergen-Belsen.

1945.

  • 15 avril. Libération du camp par les troupes britanniques. Yvonne ne révèle pas son vrai nom. Elle est atteinte de typhus.
  • 23 avril. Deux semaines avant la fin de la guerre, elle meurt. Elle est enterrée dans une fosse commune.

[modifier] Reconnaissance

[modifier] Distinctions

  • MBE (militaire) à titre posthume.
  • Recommendée pour une Military Cross, elle ne l'a pas reçue car c'était une femme.

[modifier] Monuments

  • Obélisque à Romorantin, Loir-et-Cher (41).
  • Son nom est honoré sur une plaque au mémorial de Valençay, Indre, car elle est l'un des 104 agents de la Section F du SOE (dont 13 femmes) morts pour la France.
  • Une plaque à l'église Saint-Paul, Knightsbridge, lui rend hommage en tant que l'une des 52 FANY qui ont donné leur vie au roi et à leur pays.

[modifier] Sources et liens externes

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