Yoga Sutras

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Le livre des Yoga Sutras de Patañjali, abrégé Y.S., est un recueil de 195 aphorismes (sûtra), phrases brèves, laconiques, destinées à être facilement mémorisées.

Cette œuvre, probablement rédigée ou compilée entre -200 et +500 de notre ère, est le texte de base du Raja Yoga (yoga royal), l'un des six darshana. Son influence sur la philosophie et sur la pratique du yoga est aussi forte aujourd'hui que lorsqu'elle a été écrite.

Les 195 sutras sont répartis en 4 chapitres ou livres (sanskrit : pâda),

Sommaire

[modifier] Samâdhipâdah, de "l'unité"

Ce premier chapitre est composé de 51 sutras. L'auteur y décrit le yoga et ensuite les moyens d'atteindre le Samâdhi. Samâdhi se réfère à un état heureux ou le yogin est absorbé dans l'Unité.

Ce chapitre commence par: « Atha yogânushâsanam » : Voici l'enseignement traditionnel du Yoga[1]. Puis dès le deuxième aphorisme la définition du yoga est donnée : « Yogash cittavrttinirodhah » : Le yoga consiste à suspendre l'activité psychique et mentale[2] (citta vrttis, c'est-à-dire, remous des pensées et sentiments).

[modifier] Sâdhanapadah, de "la pratique"

Ce deuxième chapitre est composé de 55 sutras. Sâdhana signifie « pratique ». L'auteur décrit deux formes de yoga : kriyâyoga (yoga de l'action) et ashtângayoga (yoga à 8 branches). Les quatre premières branches correspondent au Hathayoga

[modifier] Le kriyâyoga

Appelé aussi karmayoga, est reflété dans la philosophie de la bhagavad-Gîtâ (chapitre 3) où Arjuna est encouragé à agir sans attachement aux résultats de l'action. C'est le yoga de l'action sans ego.

[modifier] Ashtângayoga

Voici les huit membres (anga), ou branches du Râjayoga telles que recensées par Patañjali, et qui constituent l'Ashtângayoga :

écriture dévanagari
écriture dévanagari

1- Yama[3], les attitudes justes :

  • Ahimsâ : pacifier pensées, paroles et actes, non-violence
  • Satya : avoir une vue impartiale des événements, vérité.
  • Asteya : discerner ce qui est légitime de ce qui ne l'est pas, respect de la propriété, absence de vol, honnêteté, probité
  • Brahmacharya, trouver le juste milieu dans tous les domaines de la vie, modération.
  • Aparigrahâ rester libre de superflu et de possessivité

2- Niyama[4], le code moral :

  • Shaucha, la propreté et le respect externe et interne, pureté.
  • Santosha, prendre les événements tels qu'ils se présentent, contentement.
  • Tapas, faire preuve d'ardeur et de volonté dans la pratique, discipline.
  • Svâdhyâya l'observation intérieure de la motivation des actes et l'étude des textes sacrés.
  • Îshvarapranidhānâni, dédier ses actes au soi non personnel.

3- Âsana[5], la pratique posturale : être fermement établi dans un espace heureux.[6]

4- Prânâyâma[7], ne plus respirer inconsciemment. Patañjali définit la respiration yoguique comme étant longue et fluide [8].

Il peut paraître surprenant que les yogasûtras ne donne aucune indication sur des postures et des pratiques respiratoires. En effet, âsanas et prânâyâmas ont donnés lieu à tout un développement de pratiques et d'entrainement. Mais il faut bien comprendre que ces exercices ne sont pas eux même le yoga mais une façon d'essayer d'éliminer les perturbations mentales faisant obstacle à la tranquillité qui peut se percevoir dans les positions naturelles du corps et la fluidité du souffle. À partir de là, la sincérité de la pratique va induire dans la vie quotidienne des attitudes survenant d'elles-même, composées parfois aussi des autres membres du yoga. Cela se manifestera comme une preuve de l'efficacité du travail entrepris.

5- Pratyâhâra, le bien-être non dépendant du conditionnement des sens, harmonisation ou retrait des sens[9].

6- Dhârana[10], Dharana est la concentration (une aptitude à soutenir l'attention sans se laisser distraire.[11]) sur l'activité du mental, des émotions, de la posture, ou du souffle. Il s'agit de l'écoute subtile des sensations, de la respiration, des pensées qui passent, ou ne passent pas.

7- Dhyâna[12], c'est la méditation. Pratyâhâra est associée au mental, dhyâna est associée à la présence à soi.

8- Samâdhi[13], c'est l'aptitude à devenir un avec l'objet perçu[14], l'établissement de la conscience, l'état d'unité, l'équanimité. La conscience a rejoint l'Absolu, alors que Dhyana est encore dans la dualité. C'est l'état de contemplation. Mircea Eliade nomme cet état enstase, par opposition à extase.

[modifier] Vibhûtipâdah, des "pouvoirs"

Ce troisème chapitre est composé de 55 sutras. Vibhûti est un mot sanscrit pour « pouvoir » ou « manifestation ». Ce livre décrit des états supérieurs de conscience et les techniques de yoga pour les atteindre.

[modifier] Kaivalyapâdah, de "la libération"

Ce quatrième et dernier chapitre est composé de 34 sutras. La traduction littérale de Kaivalya : « isolation », est à prendre dans son contexte, comme la plupart des mots sanscrits. Dans son acception technique, il signifie ici émancipation, libération, et est interchangeable avec moksha (« libération »), qui est le but du yoga.

[modifier] L'enseignement basé sur les Yoga Sutras

L'enseignement basé sur les Yoga Sutras de Patanjali se nomme le Yogadarsana. Cette expression est composée de deux termes :

  • Yoga ( योग en devanāgarī) est un terme sanskrit qui désigne un ensemble de pratiques visant la fusion du corps et de l'esprit vers l'unité et la paix intérieure.
  • Darśana ( दर्शन en devanāgarī) ce terme sanskrit signifie vue, vision; aspect, en philosophie : méthode, point de vue doctrinal, école de pensée, système philosophique, doctrine de salut.

La philosophie hindoue est composée de six darsana (écoles de pensée), le yoga est un de ces six darsanas.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Y.S. 1-1, Jean Papin, TANTRA ET YOGA, page 29
  2. Y.S. 1-2, Jean Papin, TANTRA ET YOGA, page 29
  3. Y.S. 2-30
  4. Y.S. 2-32
  5. Y.S. 2-47
  6. "traduction de feu Gérard BLITZ
  7. Y.S. 2-49"Unir le souffle veut dire suspendre les mouvements de l'expiration et de l'inspiration inconsciente."
  8. Y.S. 2-50"la fréquence, la durée et la longueur des phases de suspension du souffle, d'inspiration et d'expiration deviennent longue et subtil."
  9. Y.S. 2-32"Quand le mental n'est plus identifié avec son champ d'expérience, il y a comme une réorientation des sens vers le Soi."
  10. Y.S. 3-1 "l'esprit fermement établi en un point, c'est le dhârana".
  11. David Frawley, YOGA ET AYURVEDA page 78
  12. Y.S. 3-2 "À partir de là, apparaît brusquement la fixation de la saisie sensorielle au cœur de l'objet perçu".
  13. Y.S. 3-3,"Cela, c'est l'essence même de ce qui est réel, la forme même du vide, l'achèvement de la pratique".
  14. David Frawley, YOGA ET AYURVEDA page 79

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Jean Papin, TANTRA ET YOGA, Ed. Dervy, Paris, 1990, 295 p. ISBN : 2850762792
  • (fr) David Frawley, YOGA ET AYURVEDA, Ed. Turiya, 2004, 400 p. ISBN-10: 2951801904

[modifier] Sujets relatifs