Yōko Tawada

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Yōko Tawada
Naissance 3 mars 1960
Tōkyō, Japon
Activité(s) Écrivain
Genre(s) Prose, poésie, essais
Site officiel http://www.tawada.de


Yōko Tawada (多和田葉子 note) (3 mars 1960-), romancière japonaise née à Tōkyō. Elle écrit et publie en japonais et en allemand, sa langue d'adoption.

Sommaire

[modifier] Biographie

Yōko Tawada a étudié la littérature russe à l’université de Tōkyō et conservé d'un père communiste (rongé par la mal rouge selon les dits de sa famille) une attirance pour la patrie de Lénine. Enfin diplômée de littérature russe, rien de plus naturel que de s'embarquer à bord du transsibérien à 19 ans ... Elle ne s'est pourtant pas arrêté longtemps à Moscou, mais a continué son voyage jusqu'en Allemagne, où elle s'est installée à Hambourg en 1982.
Une fois en Allemagne et après un stage en librairie elle est arrivée à l'université pour reprendre ses études, en littérature allemande, cette fois, publiant une thèse de doctorat intitulée Spielzeug und Sprachmagie in der europäischen Literatur. Eine ethnologische Poetologie (Jouet et magie verbale dans la littérature européenne, Une poétologie ethnologique, 2000).
En parallèle, elle a rapidement commencé à publier ses textes, d'abord traduits du japonais, ensuite des œuvres entièrement écrites en allemand, sa langue d'adoption.
Depuis 2006 elle vit à Berlin si elle n'est pas writer in residence à une université ou en tournée de lectures.

Elle mène de front ses deux carrières littéraires, allemande et japonaise, très variées : roman, proses brèves, théâtre, poésie, théorie littéraire. Elle a été souvent récompensée dans les deux langues. Au Japon, elle a reçu le prix des jeunes auteurs décerné par la revue Gunzô pour son roman Sans talon, en 1991, puis le prestigieux Prix Akutagawa en 93 pour Le Mari était un chien (犬婿入り. En Allemagne, elle a été distinguée par le prix d’encouragement aux jeunes auteurs de la ville de Hambourg en 1990 et, en 1996, par le Prix Adalbert-von-Chamisso, réservé à des écrivains d'origine étrangère écrivant en allemand. Plus récemment, elle a reçu la médaille Goethe en 2005.

[modifier] Pourquoi l'allemand ?

« La pratique de plusieurs langues donne une extériorité à son propre texte. » dit Yoko Tawada dans un entretien avec le journal « 'Humanité' ».[1] Mais cette envie de se regarder de l'extérieur n'explique pas le choix de l'allemand, qui, finalement, est dû à un hasard où à l'impossibilité de faire des études en Russie, ni en Pologne au moment de son arrivée à Moscou en 1982. Comme elle a par contre obtenu un stage à Hambourg, elle a fini par choisir l'allemand. Or, le plus important pour elle était le fait d'étudier une langue européenne.[2]
Cette confrontation d'une langue de logogrammes à une langue alphabétique a fait beaucoup évoluer son style, à travers lequel elle procède à une ethnologie de la langue et de ceux qui la parlent. Chaque lettre de l'alphabet apparaît dans ce sens comme un logogramme japonais. Le « I », un simple bâton, peut-il vraiment désigner un individu ? En japonais, il existe beaucoup de signes qui signifient le moi, mais sans avoir le statut d'un pronom personnel, dit-elle sur « Diagonal » (enregistrement d'une lecture publique avec la pianiste Aki Takase).
La pratique de deux langues si différentes permet aussi de distinguer entre différentes pratiques de langue. Dans l'interview déjà évoqué, elle dit aussi qu'elle n'aurait jamais l'idée de lancer des injures à cause du mauvais temps en japonais, tandis qu'elle le fait fréquemment en allemand. Dans son livre Talisman, elle s'étonne d'une collègue de bureau qui gronde son crayon comme s'il était un humain et prend cela pour de l'animisme allemand, mais aussi pour une spécificité de cette langue, comme si le crayon dans cette langue était doté d'une résistance contre ses utilisateurs.
Le passage permanent d'une langue à l'autre lui permet ainsi de faire des observations souvent surprenantes, mais très pertinentes.

[modifier] Evénéments

Yoko Tawada est une habituée des lectures-performances, elle travaille beaucoup avec des artistes. D'une de ces coopérations est sorti l'enregistrement Diagonal avec la pianiste de jazz japonaise Aki Takase.
Peter Ablinger, compositeur autrichien, a intégré Das Libretto de Yoko Tawada à l'intérieur d'un opéra, "mélant diverses expressions artistiques (architecture, installation, cinéma, littérature, concert) en l'adaptant à chaque fois au lieu où il est représenté, work-in-progress, qui est recréé à chaque nouvelle représentation."[3]

[modifier] Bibliographie partielle

Romans et nouvelles

  • Sans talon, 1991.
  • Train de nuit avec suspects (2005), Verdier.
  • Narrateurs sans âmes (Erzähler ohne Seelen) (2001), Verdier.
  • Opium pour Ovide (Opium für Ovid), (2002), Verdier.
  • L'Œil nu (Das nackte Auge), (2005), Verdier.
  • Le Mari était un chien (犬婿入り), in Littérature japonaise d'aujourd'hui n°19
  • Où commence l'Europe ?, in LITTÉRall n°7 (revue)
  • La Bivalve, in Passage n°3 (revue)
  • Lecture dans un train de banlieue, in Scherzo (revue)
  • Musique des lettres, in Passage n°2 (revue)
  • L'Impôt-pilosité, in Passage n°3 (revue)
  • Miroir, in Passage n°3 (revue)
  • Un invité
  • Le Bain

Théâtre

  • Orphée ou Izanagi, pièce radiophonique
  • Till
  • Comme le vent dans l’œuf
  • Le masque de la grue rayonnant dans la nuit

Textes courts et poésie

  • Talisman, textes brefs
  • Mais les mandarines doivent être volées aujourd’hui même, prose poétique, textes oniriques, poèmes
  • Seiches voyageuses
  • Là où commence l’Europe, prose et poèmes
  • Métamorphoses, cours de poétique à Tübingen
  • Seulement là où tu es, il n’y a rien, poèmes et proses

[modifier] Notes

  1. paru le 15 septembre 2007 dans l'Humanité
  2. Interview publié sur le site de l'Ambassade du Japon en Allemagne
  3. Peter Ablinger : Introduction à Opéra/Werke

[modifier] Liens externes