Torture par l'eau

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Les techniques de tortures par l'eau datent de fort longtemps et sont en général centrées sur l'idée de suffoquer la victime.

Une pratique du Moyen Âge, connue aussi comme « cure par l'eau », (« water cure » en anglais) consiste à ligoter la victime sur une planche inclinée, de façon à ce que la tête soit plus basse que les pieds. On recouvre alors la tête de la victime d'un tissu et de l'eau est versée dessus. La respiration devient, de ce fait, très difficile et la victime est mise dans l'angoisse d'une mort prochaine par asphyxie. Toutefois, aux mains de bourreaux "compétents", la noyade est improbable car les poumons sont placés plus hauts que la bouche. Cette technique est utilisée par les bourreaux qui ne désirent pas laisser de traces de leurs agissements.

Pendant la Guerre d'Algérie, une version de cette technique s'appelait « la baignoire ». Elle était enseignée au Centre d'enseignement à la guerre subversive de Jeanne-d'Arc, dans le Constantinois, dirigée par Marcel Bigeard et inauguré officiellement le 10 mai 1958 en présence du Ministre de la Défense Jacques Chaban-Delmas [1].

Cette technique est présentée aux personnels militaires américains lorsqu'ils subissent l'entrainement de résistance à la torture ("SERE") mais lors de la Guerre du Vietnam, le waterboarding (nom américain pour cette technique) avait été utilisé par les soldats américains sur les combattants Việt Cộng.

Le 18 novembre 2005, Brian Ross et Richard Esposito ont fait état de l'utilisation du waterboarding par la CIA dans un article posté sur le site web de ABC News :

« Le prisonnier est attaché à une planche inclinée, les jambes levées et la tête légèrement plus basse que les pieds. On lui enveloppe la tête de cellophane et de l'eau lui est versée dessus. Inévitablement, les réflexes de suffocation s'enclenchent et une peur panique de la noyade force le prisonnier à supplier que l'on arrête le traitement. D'après nos sources, les officiers de la CIA qui se sont soumis à la technique du water boarding ont résisté en moyenne 14 secondes avant de craquer. Ils rapportent que le prisonnier d'Al-Qaida le plus dur, Khalid Cheikh Mohammed, s'est attiré l'admiration des interrogateurs en résistant entre deux minutes et deux minutes et demi avant de supplier qu'on le laisse parler. "La personne croit qu'elle est en train de se faire tuer, ce qui équivaut à un simulacre d'exécution, ce qui est illégal d'après les lois internationales", dit John Sifton de Human Rights Watch." [2]  »

Le 5 février 2008, le directeur de la CIA, Michael Hayden, a admis l'utilisation par l'agence de cette technique de simulation de noyade sur trois détenus (Khalid Cheikh Mohammed, Abou Zoubaydah et Abd Rahim Al-Nashiri) liés au réseau Al-Qaïda afin d'obtenir des informations sur d'éventuels attentats. Il a ajouté que cette technique n'avait plus été utilisée depuis par l'agence.[2]
George W. Bush a opposé, samedi 8 mars 2008, son veto à un texte de loi, voté par le Congrès américain, interdisant aux agents des services de renseignement américains de recourir au waterboarding, argumentant qu' « il faut nous assurer que les responsables des services de renseignement puissent disposer de tous les instruments nécessaires pour arrêter les terroristes ».[3]
D'après une enquête américaine sur le moral de leurs militaires, début mars 2008, 53 % des officiers supérieurs estiment que la torture n'est « jamais acceptable », alors que 44 % ne sont pas d'accord avec ce jugement, et 46 % pensent que le waterboarding relève de la torture, 42 % sont d'un avis contraire.[4]

Le Dr. Allen Keller, directeur du Programme pour les Survivants de la Torture de Bellevue/N.Y.U., a soigné « un certain nombre de personnes » qui avaient été soumises à des formes de quasi-asphyxie, y compris le water boarding. Suite à une interview au New Yorker, la journaliste (Jane Mayer) écrit :

« Le Dr Allen Keller m'a dit que c'était bien de la torture. Certaines victimes sont encore traumatisées des années après. L'un des patients ne pouvait pas prendre de douche, et était pris de peur panique lorsqu'il pleuvait. "La peur d'être en train de mourir est une expérience terrifiante" a-t-il dit. [3]  »

[modifier] Liens internes


[modifier] Notes

  1. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, chap. IX, p.133-134
  2. (fr)Articles du quotidien Le Monde, La CIA admet avoir utilisé la simulation de noyade sur trois détenus daté du 5 février 2008, Washington se réserve le droit d'utiliser la torture daté du 7 février 2008, et « Waterboarding » : les démocrates exigent une enquête daté du 8 février 2008
  3. (fr)Articles du quotidien Le Monde, George W. Bush met son veto à un projet de loi interdisant d'utiliser le "waterboarding" daté du samedi 8 mars 2008, et Le président Bush refuse d'interdire la torture du "waterboarding" daté du lundi 10/03/2008. Article du quotidien Le Figaro "Bush met son veto à un texte contre la torture" [1] daté du samedi 8 mars 2008.
  4. (fr)Article du quotidien Le Monde, Etats-Unis : l'état de l'armée inquiète les militaires américains, daté du samedi 8 mars 2008