Tombeau de Talpiot

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Le tombeau de Talpiot est un tombeau découvert en 1980 à Talpiot, dans la banlieue de Jérusalem, et dans lequel certains voient le tombeau de Jésus de Nazareth.

En 2007, le tombeau fait l'objet d'un documentaire de James Cameron (The Lost Tomb of Jesus).

Sommaire

[modifier] La découverte du tombeau

C'est accidentellement, lors de travaux de construction, que l'existence de ce tombeau est découverte. La fouille en est confiée, par l'Israel Antiquities Authority (IAA), à une équipe d'archéologues sous la direction d'Amos Kloner, archéologue à la Bar Ilan University, expert en tombes et en coutumes funéraires de la période du Second Temple à Jérusalem. Les fouilles, effectuées la même année, mettent à jour 10 ossuaires, dont 6 portent des inscriptions. L'étude attribue le tombeau à une famille juive fortunée de l'époque du Second Temple (environ 900 tombes similaires sont connues dans le même secteur, dans un rayon de 4km autour de Jérusalem) et la mention des noms de Joseph, Jacques et Jésus n'est pas considérée, suite à l'étude, comme une preuve crédible d'un lien avec Jésus de Nazareth. L'étude fait l'objet d'un inventaire publié en 1994 par Levy Yitzhak Rahmani[1] et d'une publication professionnelle par Kloner en 1996. Les ossuaires sont confiés au Musée Rockefeller de Jérusalem.

[modifier] L'expertise de l'Israel Antiquities Authority

Icône de détail Article connexe : Ossuaire de Silwan.

En 2003, l'Israel Antiquities Authority (IAA) décide de procéder à une Expertise détaillée de l'ossuaire de Jacques, portant l'inscription Jacques fils de Joseph frère de Jésus. Une double expertise est menée : une équipe étudie le texte de l'inscription[2], une autre expertise porte sur le matériel[3]. Les mêmes experts furent, en même temps, chargés de déterminer l'authenticité d'une inscription de dix lignes du roi Yehoash trouvée sur le Mont du Temple.

Les spécialistes chargés de l'expertise du texte penchent alors pour la non authenticité de l'inscription, laquelle semble avoir été ajoutée postérieurement à l'ossuaire et dont les lettres semblent imitées à partir d'inscriptions contemporaines. L'un des experts cependant (Roni Reich) ne décèle rien d'anormal mais, compte tenu des résultats de l'expertise sur le matériel, il se déclare convaincu qu'il s'agit d'une contrefaçon. Pour les experts, aucun lien entre cet ossuaire trouvé à Jérusalem et Jésus de Nazareth ne peut être établi.

Dans l'étude du matériel, la datation au carbone 14 ne permet aucune conclusion (on sait que les datations doivent être faites à partir de matériaux organiques tels que les noyaux d'olives). Selon Uzi Dahari, directeur adjoint de l'Israel Antiquities Authority, des différences d'épaisseur et de profondeur de la gravure montrent que la première partie de l'inscription (Jacques fils de Joseph) n'a pas été gravée avec le même burin que la seconde partie (frère de Jésus), les caractères comportent d'ailleurs des différences de styles. Selon Jacques Neguer, conservateur expert de l'Israel Antiquities Authority, une patine artificielle faite de grains ronds est déposée sur l'inscription et à son voisinage immédiat, en contraste avec la patine qui recouvre l'ensemble de l'ossuaire. L'inscription traverse la patine initiale et semble avoir été écrite par deux auteurs différents à l'aide de deux outils différents. Selon Orna Cohen, conservatrice de l'Université hébraïque de Jérusalem, la première partie de l'inscription est rajoutée, elle traverse la patine initiale et elle est revêtue d'une patine artificielle constituée de poussière de craie et d'eau appliquée sur l'inscription. Selon Prof. Yoval Goren, archéologue à l'Université de Tel Aviv, expert en pétrographie et identification des matériaux, l'inscription a été nettoyée ou gravée récemment, elle a probablement été enduite d'un mélange de craie ou de poudre de gravure dissous dans de l'eau chaude. Selon Dr. Avner Ayalon, géologue du Geological Survey of Israel, expert en analyse isotopique des roches, l'oxygène des molécules de carbonate de calcium de la patine a une composition isotopique différente dans la patine de l'ensemble de l'ossuaire et dans l'inscription. Alors que la patine de l'ensemble de l'ossuaire est normale compte tenu des conditions climatiques de Jérusalem, la composition de la patine de l'inscription montre qu'elle est faite d'un matériaux qui a été chauffé[4], probablement d'un mélange de poudre et d'eau chaude.

Selon le rapport final de l'expertise, adopté à l'unanimité des experts, l'inscription Jacques fils de Joseph frère de Jésus est une contrefaçon recouverte d'une patine qui a été artificiellement fabriquée.

[modifier] Notes

  1. L.Y. Rahmani, A Catalogue of Jewish Ossuaries in the Collection of the State of Israel. , The Israel Antiquities Authority and The Israel Academy of Sciences and Humanities, Jerusalem (1994).
  2. Dr. Gideon Avni, Israel Antiquities Authority ; Prof. Shmuel Ahituv et Prof. Avigdor Horowitz, université Ben Gurion ; Dr. Tal Ilan, Prof. Amos Kloner et Dr. Esther Eshel, université Bar Ilan ; Dr. Hagai Misgav, université hébraïque de Jérusalem ; Prof. Roni Reich, université d'Haifa
  3. Dr. Uzi Dahari, Israel Antiquities Authority ; Prof. Yuval Goren, université de Tel Aviv ; Dr. Avner Ayalon, Geological Survey of Israel ; Dr. Elisabetta Boaretto, Weizmann Institute of Science ; Ms. Orna Cohen, conservatrice de l'Université hébraïque de Jérusalem ; Mr. Jacques Neguer, conservateur expert de l'Israel Antiquities Authority
  4. Les isotopes de l'oxygène diffèrent par leur masse, leur comportement chimique est légèrement différent en fonction de l'humidité et de la température.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages de synthèse

  • Amos Kloner and Boaz Zissu. The Necropolis of Jerusalem in the Second Temple Period. Published by Yad Izhak Ben Zvi and the Israel Exploration Society. Jerusalem. 2003 (en hébreu).

N.B. Un ouvrage de synthèse est un livre écrit à partir d'articles ayant déjà été publiés dans des revues professionnelles à comité de lecture.

[modifier] Publications professionnelles dans des revues à comité de lecture

  • Avner Ayalon, Miryam Bar-Matthews and Yuval Goren, Authenticity examination of the inscription on the ossuary attributed to James, brother of Jesus, Journal of Archaeological Science, Volume 31, Issue 8, August 2004, Pages 1185-1189. Le contenu de cet article est disponible en ligne.

N.B. La Biblical Archæology Review n'est pas une revue professionnelle à comité de lecture, les autres médias qui se font les échos d'une controverse passionnée non plus. Le travail de Krumbein notamment, qui n'a pas jusqu'ici fait l'objet d'une publication professionnelle, n'a pas été validé par la communauté scientifique pour l'instant. Il n'existe donc aucune symétrie entre la publication d'Ayalon, Bar-Matthews et Goren (validée) et le simple texte de Krumbein et Ossietzky (non validé) qui circule dans les médias. Sur le processus de la validation scientifique par une publication, voir Méthodes scientifiques de l'archéologie

[modifier] Liens externes