Théorie du handicap

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La théorie du handicap est un principe d'évolution biologique proposé en 1975 par Amotz Zahavi.

Elle tente d'expliquer certaines formes de communication animale. D'après elle, des comportements apparemment aberrants du point de vue évolutionniste, ainsi que les caractéristiques anatomiques nécessaires à ces comportements, auraient évolué parce qu'ils semblent réduire les chances individuelles de survie de l'animal qui les exhibent.

[modifier] Exemples

L'exemple le plus classique est celui du trottinement des gazelles. Le comportement exhibé est le suivant : lorsqu'elles sont menacées par un prédateur, elles se promènent lentement et font de petits bonds nonchalants. Alors que les zoologistes pensaient que cela servait à alerter les autres gazelles de la présence du prédateur, ou bien faisait peut-être partie d'une stratégie collective pour tromper le prédateur, Zahavi prétend que chaque gazelle envoie un signal au guépard, signifiant « Je suis plus forte que mes camarades; ce n'est pas la peine d'essayer de me pourchasser ». Si le signal est véridique, il profite au guépard puisqu'il lui évite la peine de chasser inutilement une gazelle rapide et intelligente, qui lui échapperait de toute façon. Pour le guépard, toute la difficulté est de décider s'il doit croire ou non une telle interprétation du comportement de la gazelle. L'avis de Zahavi est que le signal est fiable, parce que seule une gazelle réellement performante peut se permettre à la fois de défier le guépard, et d'espérer en réchapper.

Une exemple plus facile à observer, et qui a d'ailleurs été cité par Charles Darwin, est celui de la queue du paon - qui séduit certes les femelles, mais le désigne également aux prédateurs. Il en va de même, dans une moindre mesure, avec la queue des hirondelles : on a pu vérifier que des queues postiches de plus grande longueur favorisaient la séduction des mâles chez qui on les posait. Geoffrey Miller estime avoir repéré ce phénomène aussi dans l'espèce humaine, dans son livre The Mating Mind.

La théorie suggère aussi que les attraits sexuels devraient être « coûteux » pour être attractifs, afin d'être de bons indicateurs de la « santé » du porteur : les exemples typiques sont le chant des oiseaux, la roue du paon, les parades nuptiales, les bijoux ou l'humour !

[modifier] Modèle

Cette théorie s'est trouvée renforcée par des modèles mathématiques issus de la théorie des jeux, notamment le jeu des signaux d'Alan Grafen (1990). Bien que les spéculations de Zahavi sur l'importance primordiale des handicaps ne soient pas largement partagées par la communauté scientifique, de nombreux chercheurs pensent que sa théorie éclaire certains aspects de la zoosémiotique.

[modifier] Zoomorphisme

Jared Diamond a même avancé que certains comportements humains risqués, tels que la consommation de drogues dures ou le saut à l'élastique pourraient être l'expression d'instincts ayant évolué conformément à la théorie du handicap.