Théorie des laryngales

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La théorie des laryngales est une hypothèse échafaudée par le linguiste suisse Ferdinand de Saussure, puis reprise et améliorée par le Danois Hermann Möller pour expliquer certains traits du vocalisme en indo-européen et en proto-indo-européen.

Selon cette hypothèse, les voyelles /e/, /a/ et /o/ seraient issues d'une combinaison de la voyelle élémentaire /e/ avec trois phonèmes aspirés idoines (les « laryngales ») H1, H2, H3, qui auraient modifié le timbre du /e/ initial, pour donner les trois voyelles e, a et o selon le schéma décrit dans le tableau ci-dessous.

initiale e- = H1e- a- = H2e- o- = H3e-
préconsonnantique ē = eH1- ā = eH2- ō = eH3-

Les voyelles de la première ligne sont courtes, celles de la deuxième, longues.

[modifier] Histoire de la théorie

Après sa formulation initiale, il faut attendre 1927 pour que le linguiste polonais Jerzy Kuryłowicz annonce que la langue hittite, récemment découverte, avait gardé des traces des phonèmes H2 et H3, alors que H1 s'était amuï dans cette langue. Il s'agit là d'un phénomène unique, aucune autre langue indo-européenne n'ayant gardé trace des laryngales, sinon sous la forme des voyelles résultantes. Cette découverte fut donc considérée comme une preuve irréfutable de la validité de l'hypothèse des laryngales.

D'autres linguistes, particulièrement à partir des années 1950, ont considéré qu'il convenait d'attribuer jusqu'à trois « formes » aux laryngales (sourde, sonore, vélaires), créant ainsi la bagatelle de neuf sons laryngaux.

Si la théorie des laryngales a été portée par des linguistes de renom, dont Émile Benveniste, elle a également été critiquée, notamment par Oswald Szemerényi (dans Einführung in die vergleichende Sprachwissenschaft), pour qui la seule laryngale vraiment attestée est le simple /h/, le proto-indo-européen possédant le même système vocalique à six grades (/a, e, i, o, u/ brefs et long et le schwa /ə/) que l'indo-européen « classique ».