Théorème de Heine

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Le théorème de Heine, nommé ainsi en l'honneur de Édouard Heine, s'énonce ainsi : Soit deux espaces métriques X et Y, tel que X soit également compact. Alors toute application continue de X dans Y est uniformément continue. Cela implique notamment que toute fonction continue de I = [a,b] dans \mathbb R est uniformément continue sur I.

Sommaire

[modifier] Enoncé et démonstration pour les fonctions numériques

[modifier] Enoncé

Soit f une fonction continue de [a,b] dans R. Elle est continue en tout point x, et nous savons donc que

\forall x \in [a,b] \forall \epsilon > 0, \exists \alpha_{x\epsilon} > 0 tel que \forall x' \in [a,b] |x-x'|<\alpha_{x\epsilon} \Rightarrow |f(x)-f(x')|<\epsilon

Le theoreme de Heine exprime que la fonction est alors uniformement continue en x sur [a,b], c'est à dire que le α peut etre choisi independamment de x, ce qui nous permet d'inverser les deux quantificateurs  \forall x \in [a,b] \exists \alpha_x en  \exists \alpha \forall x \in [a,b] .

La propriété d'uniforme continuité s'exprime alors :

\forall \epsilon > 0, \exists \alpha_\epsilon > 0 / \forall x \in [a,b]  \forall x' \in [a,b] |x-x'|<\alpha_\epsilon \Rightarrow |f(x)-f(x')|<\epsilon

[modifier] Démonstration

En prenant les definition de αxε, on considere [a,b] \subset \cup_{x\in[ab]} \{x\} \subset \cup B(x, \alpha_{x\epsilon} / 2) . c'est un recouvrement de [a,b], et d'apres le Théorème de Borel-Lebesgue on peut en selectionner un nombre fini I qui recouvre aussi [a,b].

Alors, si l'on prend  x, y / |x-y| < \frac{1}{2} min_{i \in I} \alpha_{x_i} il existe un x_i / x \in B(x_i, \alpha_{x_i\epsilon} /2 ) et  |y - x_i| < d(y,x) + d(x,x_i) < \frac{1}{2} min_{i \in I} \alpha_{x_i}  + \alpha_{x_i\epsilon} /2  <  \alpha_{x_i\epsilon}  et donc

| f(x) − f(y) | < | f(x) − f(xi) | + | f(xi) − f(y) | < ε + ε

la valeur trouvée etant bien independante de x, l'unniforme continuité est demontrée.

[modifier] Démonstration dans le cas général en utilisant la propriété de Bolzano-Weierstrass

On se place dans le cas général de deux espaces métriques X et Y avec X compact. On note d la distance sur X et d' la distance sur Y. Le théorème de Heine nous dit alors toute application continue de X dans Y est uniformément continue, ce qui s'exprime par :

\forall \epsilon > 0, \exists \alpha >0 tel que \forall (a,b) \in X, d(a,b)<\alpha \Rightarrow d'(f(a),f(b))<\epsilon

Pour montrer cela, on raisonne par l'absurde en considérant f continue sur X mais non uniformément continue. Alors, on sait qu'il existe ε > 0 tel que pour chaque \scriptstyle \alpha=\frac{1}{n}, on peut trouver deux points an et bn de X avec :

 d(a_n,b_n)<\frac{1}{n} et d'(f(a_n),f(b_n))>\epsilon\,.

La suite (an) est à valeurs dans le compact X donc on peut en extraire une sous-suite convergente. On note \phi\, l'extraction et a\, la limite de la sous-suite. La relation  d(a_{\phi(n)},b_{\phi(n)})<\frac{1}{\phi(n)} montre que (bφ(n)) est aussi convergente de limite a\,.

Il s'en suit, en faisant tendre n vers \scriptstyle +\infty et en utilisant la continuité de f et de la distance d' :

d'(f(a),f(a))\ge\epsilon\,.

On obtient là une contradiction. Donc f est uniformément continue sur X.