Thème du destin dans le film Thelma et Louise

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Le destin avec son engrenage de détails, le poids d'un contexte sociologique où la femme aspire à plus d'épanouissement, et le mal-être de l'individu dans le couple est un thème omniprésent dans le film Thelma et Louise.


Cet article fait partie de
la série Thelma et Louise
Ford Thunderbird de 1966

Le film :
Thelma et Louise
Scènes du film

Approches thématiques du film :
Thème de l'émancipation
Thème de la transgression de genre
Thème du destin
Thème du viol

Autour du film :
Ridley Scott
Susan Sarandon
Geena Davis
Portail du Cinéma

Sommaire

[modifier] Couples en crise

Le mal vécu par Louise de son sentiment d'abandon par un amoureux trop souvent absent s'ajoute aux frustrations quotidiennes de Thelma, véritablement asservie par un mari aussi dominateur que prétentieux et ridicule. Les deux amies n'auraient probablement pas eu l'occasion de programmer ainsi leur escapade de deux jours si un collègue de Louise, en instance de divorce, n'avait offert gratuitement aux autres employés et à tour de rôle le prêt de sa maison à la montagne dont il devra bientôt laisser les clés à son épouse.[1]

La volonté de Jimmy de prouver à Louise son attachement sincère et profond pour elle est spontanée et forte, mais trop tardive. Ce n'est que le concours de circonstances lui permettant de comprendre que Louise est en péril et qu'il peut la perdre qui le pousse à effectivement s'engager enfin. Il n'avait manifestement pas compris auparavant combien ses absences si fréquentes pesaient à Louise, bien "à cran" de n'avoir pu entendre sa voix au téléphone, avant de partir avec Thelma. Cette tension nerveuse n'a pas été sans ajouter au relatif manque de maîtrise de ses réactions, quelques heures plus tard, face à la grossièreté insistante du violeur.

[modifier] La boîte de Pandore

Thelma ouvre un tiroir de sa chambre où sont rangés trois objets annonçant la suite du film.

Le tiroir s'ouvre et laisse d'abord voir au spectateur la crosse et le percuteur d'un revolver. Le revolver, emporté avec dégoût et un peu par hasard (questionnée par Louise, Thelma dit craindre a priori « un tueur fou en cavale dans le coin » ou un ours) accompagnera les deux amies en apportant une solution (se débarrasser du violeur insistant) lourde de conséquences.

Louise ouvre son tiroir pour y prendre son argent. L'argent prévu pour le week-end manquera forcément pour un départ et un séjour improvisé au Mexique. Louise au volant demande à Thelma la somme qu'il lui reste. Les 61 dollars sont réduits à 41 par l'envol malheureux d'un billet exhibé dans la décapotable. La somme avancée par Jimmy et volée par J.D. doit être reconstituée d'une manière ou d'une autre pour que les deux héroïnes accomplissent dans les épreuves leur conquête initiatique de la liberté.

A côté du revolver, sous le portefeuille, est rangé dans le tiroir un livre dont l'auteur apparaît en gros. Il s'agit de Tony Hillerman, auteur de polars se déroulant dans la région et mettant en scène des héros des ethnies indiennes. Le spectateur est ainsi indirectement averti que le scénario peut tourner à un suspense ayant pour cadre les grands espaces.

[modifier] Compte à rebours et effet boule de neige

L'escapade des deux femmes ne devait être qu'un simple week-end de détente d'amies rongées par le quotidien, délaissées par leur « mec » respectif et fragilisées par des illusions brisées.[2] Le fait que Louise, déçue de n'avoir en ligne que la voix de Jimmy sur répondeur, bascule le cadre contenant sa photo révèle son profond désarroi que la suite des événements ne pourra laisser interpréter comme un simple mouvement de colère mais bien comme le signe d'une fracture relationnelle que plus rien ne pourra colmater. L'irréparable ayant été commis, ni le mot affectueux « poussin » (utilisé comme mot de passe), ni la visite même de Jimmy à l'hôtel, ni son cadeau de la bague n'auront de prise sur la machine du destin qui s'emballe, car Louise, même si elle est parfaitement sensible aux prévenances de son amoureux, veut prioritairement le maintenir à l'écart des conséquences de son meurtre. Il est trop tard, le vin ayant été tiré, il faut le boire !

(suite rédaction en cours)[3]

Louise est tout aussi consciente que Hal, l'enquêteur, que l'affaire suivra son cours, que le ressort du mécanisme fatal devra terminer sa course. Louise n'envisage surtout pas de tenter de convaincre la police des circontances atténuantes, puis elle dit plus tard à Thelma qui ne comprend pas cet entêtement compliquant manifestement les choses « Laissons-leur le temps et c'est les flics qui rappliqueront ! » avant d'établir ce constat bref dans son entretien téléphonique avec Hal « On a comme un effet boule de neige. » Le seul suspense que semblent préserver le réalisateur et la scénariste au spectateur est celui de l'enjeu pour Hal de sauver la vie des deux femmes. Hal dit à son collègue « Le cerveau, ça a ses limites et la chance, ça tourne. »

Thelma reconnaît « Je n'ai jamais eu de chance. » mais elle lutte. Responsable du vol par J.D. des économies de Louise, elle commet le braquage permettant de financer la poursuite du périple vers le Mexique. Arrêtées pour un malencontreux dépassement de vitesse, elle croit pouvoir momentanément « enfermer la loi »[4], ou son représentant, dans le coffre du véhicule de police. Mises en confiance par cette dérobade improvisée, et la récupération de l'arme du policier, le sentiment de puissance que leur insufflent la détention et l'utilisation d'une arme à feu les pousse spontanément à recharger comme des professionnels leurs "outils" à contrecarrer le mauvais sort. Mais la séquence suivante montre le destin remettre sur leur route le camionneur obsédé, qu'elles veulent ridiculiser ou dont elles veulent obtenir des excuses. Ce sentiment de puissance leur fait oublier la priorité absolue de ne pas gâcher la moindre minute en direction de la frontière. Et plus grave, permet aux enquêteurs disposant désormais de moyens techniques plus importants de vite repérer leur forfait relatif à l'explosion du camion-citerne.

[modifier] L'excès de bagages et la suspiscion de préméditation

Louise se montre indécise et manifestement inexpérimentée dans la préparation de ses affaires pour le week-end dans la nature. Sa "méthode" et le nombre excessif de ses bagages ne sont pas soulignés en début de film uniquement pour marquer son côté femme-enfant et faire rire le spectateur sur un travers jugé habituellement typiquement féminin.

Dès que les enquêteurs procèdent aux premières vérifications sur les passagères de la voiture, leur identité, leur emploi du temps, le motif de leur voyage, ils suspectent une préméditation : « Elle a emporté plein d'affaires. On dirait qu'elle comptait s'absenter pour longtemps. » Ce détail vient renforcer le constat par la police que personne, hormis le collègue de Louise, n'est au courant de leur pojet de week-end et rend leur départ d'autant plus louche. Le manque de communication dont souffrent les deux héroïnes est pourtant la cause de ce qui perçu à tort comme un mystère : Thelma a un mari qui, fidèle à lui-même ce matin-là, ne l'écoute jamais et Louise est lassée d'avoir trop souvent ou une fois de plus un répondeur téléphonique comme interlocuteur.

[modifier] L'auto-stoppeur en cavale lui aussi

[modifier] Le couple de petits vieux à la fenêtre

[modifier] Notes, sources et références

  1. (en) Script du film
  2. « L'Humanité », 7 juin 1997.
  3. La cinémathèque de Toulouse
  4. (en) Shirley A. Wiegand, Deception and Artifice: Thelma, Louise, and the Legal Hermeneutic, Oklahoma City University Law Review, Volume 22, Number 1, 1997.