Taforalt

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Taforalt se trouve dans le Maroc oriental, à 55 Km au nord ouest d'Oujda.

[modifier] Grotte des Pigeons à Taforalt (ou Tafoghalt)

Introduction

La grotte des Pigeons se trouve dans le Nord-Est du Maroc (34° 48' 38 N, 2° 24' 30 W), à proximité du petit et très beau village de Taforalt dans le massif montagneux des Béni-Snassen . Actuellement, elle est à une altitude de 720 m et à environ 40 km de la mer Méditerranée. La grotte a été signalée pour la première fois en 1908, mais elle n'a connu des fouilles importantes qu'à une époque plus tardive par Armand Ruhlmann (1944–1947), ensuite par l'Abbé Jean Roche (1950–1955, 1969–1977, en 1980 en collaboration avec Jean-Paul Raynal) et enfin depuis 2003 par Abdeljalil Bouzouggar (Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine, Rabat-Maroc) et Nick Barton (Oxford University, UK).

Toutes les opérations de fouilles archéologiques dans la grotte, n'ont jusqu'à maintenant pas encore révélé la présence néolithique. Seules les occupations paléolithiques ont été reportées aussi bien par les anciens travaux (Roche 1953, 1963, 1967, 1969, 1976) que les nouvelles recherches (Bouzouggar et al., 2005 ; Bouzouggar et Barton, 2006 ; Barton et al., 2007 ; Bouzouggar et al., 2007).

Le Paléolithique moyen

D'après les fouilles de Jean l'Abbé Roche (Roche, 1953, 1967 et 1969), l'Atérien est précédé par le Moustérien. Mais peu d'indications sont disponibles sur leur date (environ 30.000 ans B.P.) et sur leur localisation dans le gisement.

Les nouvelles fouilles ont plus mis l'accent sur la précision du cadre stratigraphique, chronologique et paléoenvironnemental. Compte tenu de la complexité de la strtigraphie du remplissage, la cavité a été subdivisée dans un premier lieu en plusieurs secteurs puis dans un second lieu une interprétation de l'ensemble du site a été proposée (Bouzouggar et al., 2007). Le Paléolithique moyen est principalement identifié dans les secteurs 1 et 2. La plus importante caractéristique de cette période correspond à plusieurs niveaux atériens dont la base date au moins de 82.500 ans B.P. et le sommet de la séquence est encore difficile à interpréter malgré l'obtention de plusieurs dates, car les objets archéologiques trouvés dans des niveaux sûrs, présentent des caractères à la fois du Paléolithique moyen et du Paléolithique supérieur.

D'après les auteurs des nouvelles recherches dans la grotrte des Pigeons à Taforalt, elle a révélé le plus ancien niveau atérien au Maroc contenant des objets de parure (Nassarius gibbosulus) ocrés considérés comme parmi les plus anciens au monde et qui ont été datés par quatre méthodes différentes qui ont fourni un âge de 82.500 ans ! (Bouzouggar et al., 2007)

Le Paléolithique supérieur

D'après l'Abbé Jean Roche, le Paléolithique supérieur représenté dans la grotte par l'Ibéromaurusien date de 21.900 ans B.P., ce qui fait de ce site avec le gisement de Tamar Hat en Algérie (Saxon et al., 1974) comme les plus anciens témoins du Paléolithique supérieur en Afrique du Nord et qui a perduré jusqu'à environ 10.800 ans B.P.

La grotte des Pigeons a également fonctionné au cours d'une période du Paléolithique supérieur, comme une nécropole. Les fouilles de l'Abbé Jean Roche ont mis au jour plus de 180 squelettes (Roche, 1963) et qui ont été étudiés en détail par Denise Ferembach (Ferembach et al., 1963). Dans le niveau de la nécropole a été également exhumé un squellette dont le crâne présente les traces d'une trépanation considérée comme la plus ancienne au monde. Les radiographies (Ferembach, 1962) ont démontré la présence d'un processus de cicatrisation ce qui impliquerait que l'individu a survécu à cette opération.

Si les phases récentes du Paléolithique supérieur dans la grotte sont claires et ne diffèrent guère de ce qui a été décrit par l'Abbé Jean Roche (Roche, 1963), les phases anciennes sont très difficiles à interpréter et correspondaraient à l'un des plus anciens faciès de l'Ibéromaurusien en Afrique du Nord (Barton et al., 2007).

L'identification des charbons de bois (anthracologie), montre la présence du cèdre à la base de l'Ibéromaurusien et au sommet de la séquence dans cette grotte (Ward, 2007).

Plusieurs questions concernant le Moustérien, sa relation avec l'Atérien et la fin de celui-ci restent encore sans réponse. Seules les recherches qui se poursuivent dans la grotte peuvent fournir de nouveaux éléments.

Références :

Barton, R.N.E., Bouzouggar, A., Bronk-Ramsey, C., Collcutt, S.N., Higham, T.F.G., Humphrey, L.T., Parfitt, S., Rhodes, E.J., Schwenninger, J.L., Stringer, C.B., Turner, E. and Ward, S. (2007). Abrupt climatic change and chronology of the Upper Palaeolithic in northern and eastern Morocco. In Bar-Yosef, O., Mellars, P., Stringer, C., & Boyle, K (eds). Rethinking the Human Revolution: New Behavioural & Biological Perspectives on the Origins and Dispersal of Modern Humans. Research Monographs of the Macdonald Institute, Cambridge, pp. 177-186.

Bouzouggar, A, Barton, R.N.E., Collcutt, S.N., Parfitt, S., Higham, T.F.G., Rhodes, E. and Gale, R. (2006). Le Paléolithique Supérieur au Maroc: apport des sites du Nord-Ouest et de l’Oriental. In Sanchidrián, J-L, Márquez, A. and Fullola, J.M. (eds), La cuenca mediterránea durante el Paleolítico Superior (38.000 – 10.000 años) IV Simposio de Prehistoria Cueva de Nerja (Fundación Cueva de Nerja, & Málaga UISPP, Com.8, Málaga), pp. 138-150.

Bouzouggar, A., Barton, N., Vanhaeren, M., d'Errico, F., Collcutt, S., Higham, T., Hodge, E., Parfitt, S., Rhodes, E., Schwenninger, J-L., Stringer, C., Turner, C., Ward, S., Moutmir, A and Stambouli, A. (2007). 82,000 year-old shell beads from North Africa and implications for the origins of modern human behavior. Proceedings of the National Academy of Sciences (USA) 104 (24): 9964-9969.

Ferembach, D., Dastugue, J. & Poitrat-Targowla, M.J. (1962). La Nécropole Epipaléolithique de Taforalt (Maroc Oriental): Étude des squelettes humains. Edita Casablanca, Rabat.

Raynal, J.-P. (1979-1980). Taforalt. Mission Préhistorique et paleontologique française au Maroc: rapport d'activité pour l'année. Bulletin d’Archéologie Marocaine 12: 69-71.

Roche, J. (1953). La grotte de Taforalt. Anthropologie 57: 375-380.

Roche, J., (1963). L’Epipaléolithique Marocaine. Fondation Calouste Gulbenkian, Lisbon.

Roche, J. (1967). L'Aterian de la grotte de Taforalt (Maroc oriental). Bulletin d’Archéologie Marocaine 7: 11-56.

Roche, J. (1969). Les industries paléolithiques de la grotte de Taforalt (Maroc oriental). Quaternaria 11: 89-100.

Roche, J., (1976). Cadre chronologique de l’Epipaléolithique marocain. Actes du IXè Congrès de l’UISPP : Chronologie et synchronisme dans la préhistoire circum-méditerranéenne, pp. 153-67.

Saxon, E.C., Close, A., Cluzel, C., Morse, V. & Shackleton, N.J., (1974). Results of recent excavations at Tamar Hat. Libyca 22: 49-91.

Ward, S. (2007). Reconstructing Late Pleistocene Vegetation Dynamics from Archaeological Cave Sites in the Western Mediterranean: Links with Climate and Cultural Changes. DPhil Doctoral Thesis. University of Oxford.

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