Téléonomie

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La téléonomie est un terme inventé par Jacques Monod dans les années 1970[1] ; [2] ; [3]. Il désigne le concept scientifique de finalité. Étymologie : du grecs telos ou teleos = fin, but et nomos = loi. Ceci pour ne pas confondre avec téléologie de logos = raison, parole. Monod refusant, par principe, tout recours à une Raison créatrice dans le développement des processus biologiques.

[modifier] Notes et références

  1. La pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat * de l'objectivité de la Nature. C'est-à-dire le refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance "vraie" toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales *, c'est-à-dire de "projet". [...] Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature. Mais le postulat d'objectivité est consubstantiel à * la science, il a guidé tout son prodigieux développement depuis trois siècles * . Il est impossible de s'en défaire, fût-ce provisoirement, ou dans un domaine limité, sans sortir de celui de la science elle-même. L'objectivité cependant nous oblige à reconnaître le caractère téléonomique * des êtres vivants, à admettre que dans leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivent un projet. Il y a donc là, au moins en apparence, une contradiction épistémologique * profonde. Le problème central de la biologie, c'est cette contradiction elle-même, qu'il s'agit de résoudre si elle n'est qu'apparente, ou de prouver radicalement insoluble si en vérité il en est bien ainsi. Jacques MONOD Le Hasard et la Nécessité, éd. du Seuil, coll. Points, pp. 37-38
  2. L'invariance précède nécessairement la téléonomie. Ou, pour être plus explicite, l'idée darwinienne que l'apparition, l'évolution, le raffinement progressif de structures de plus en plus intensément téléonomiques sont dus à des perturbations survenant dans une structure possédant déjà la propriété d'invariance, capable par conséquent de "conserver le hasard" et par là d'en soumettre les effets au jeu de la sélection naturelle. (Le hasard et la nécessité. Paris, Éditions du Seuil, 1970, p. 37)
  3. Toutes les autres conceptions qui ont été explicitement proposées pour rendre compte de l'étrangeté des êtres vivants, ou qui sont implicitement enveloppées par des idéologies religieuses comme par la plupart des grands systèmes philosophiques, supposent l'hypothèse inverse : à savoir que l'invariance est protégée, l'ontogénie guidée, l'évolution orientée par un principe téléonomique initial, dont tous les phénomènes seraient des manifestations. (Le hasard et la nécessité. Paris, Éditions du Seuil, 1970, p. 38)