Syndrome des faux souvenirs

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Le syndrome des faux souvenirs est le souvenir d'un évènement qui ne s'est jamais produit, ou bien le souvenir altéré d'un évènement réel.

Sommaire

[modifier] Description

Il peut résulter d'une manipulation mentale, éventuellement sous hypnose. Mais il peut aussi être créé par le sujet, par exemple, durant la phase de réveil.

Certaines des personnes qui en sont victimes peuvent donner moult détails de ces faux souvenirs, et même éprouver de vives émotions en les évoquant.

Ce phénomène est notamment étudié par le professeur Elizabeth Loftus.

[modifier] Prédispositions

Certaines personnes sont plus enclines à développer des faux souvenirs. Des tests ont été mis au point pour cela. Il s'agit d'abord de leur proposer de mémoriser une liste de mots, puis une autre liste leur est présentée dans laquelle quelques uns des mots de la première liste ont été insérés. Il leur est alors demandé d'y retrouver les mots de la première liste, précédemment mémorisés. Si la personne cite des mots absents de la première liste, alors elle serait capable d'avoir de faux souvenirs.

[modifier] Les souvenirs écrans

Certains psychothérapeutes postulent qu'il existe des souvenirs écrans. Ils seraient des faux souvenirs d'un type particulier qui auraient pour fonction de protéger le sujet d'un souvenir refoulé, en s'interposant dans la mémoire pour empêcher la remémoration du véritable souvenir.

Par exemple, certains ont fait l'hypothèse que les enlèvements par les extraterrestres seraient des souvenirs écrans pour des traumatismes. Par la suite, certains ufologues ont fait l'hypothèse que des visions d'animaux seraient des souvenirs écrans pour le traumatisme de véritables enlèvements par les extraterrestres.

En réalité, le concept de souvenirs écrans est essentiellement le fruit de spéculations et il y a extrêmement peu de preuves que ce mécanisme existe. Lorsqu'une personne est traumatisée, sa difficulté psychologique tend au contraire à ce qu'elle se souvienne trop bien de son souvenir obsédant et qui n'arrête pas de surgir dans son esprit.


[modifier] Souvenirs d’enfance et souvenirs-écrans

Quand un analysant rencontre pour la première fois un analyste, sans doute lui décrit-il tout d’abord ses angoisses, ses symptômes, et ses inhibitions, il parle aussi des circonstances de sa vie mais très vite, il commence à évoquer ses souvenirs d’enfance. Or Freud a donné à quelques uns de ces souvenirs un nom plus précis, celui de « souvenirs-écrans ». C’est assez dire que ces souvenirs ne sont pas à prendre pour argent comptant, mais que, par contre, ils sont à prendre à la lettre, c'est-à-dire qu’ils sont à déchiffrer tout à fait comme le texte d’un rêve. Un souvenir-écran doit être interprété, car derrière des événements apparemment anodins, sans intérêt, se cachent les événements les plus importants de la vie du sujet, ce qu’on peut qualifier d’événements traumatiques, à condition bien sûr de donner à ce qualificatif sa portée exacte.

Freud a consacré deux textes à ces souvenirs-écrans, un daté de 1899, « Sur les souvenirs-écrans », le second, qui fait partie de La psychopathologie de la vie quotidienne, a pour titre « souvenirs d’enfance et souvenirs-écrans ». Le titre est en lui-même intéressant puisque il pose que tous les souvenirs d’enfance ne seraient donc pas des souvenirs-écrans.

Il écrit, dans ce dernier texte : «  je suis parti de ce fait bizarre que les premiers souvenirs d’enfance d’une personne se rapportent le plus souvent à des choses indifférentes et secondaires, alors qu’il ne reste dans la mémoire des adultes aucune trace (je parle d’une façon générale, non absolue) des impressions fortes et affectives de cette époque ». Tout a sombré dans l’amnésie des premières années de l’enfance, tout, sauf quelques souvenirs souvent indifférents mais de plus incongrus. Un des exemples de ces souvenirs-écrans que Freud nous indique est très intéressant car il nous démontre à quel point Freud était un lacanien avant la lettre et que, dans le déchiffrage de toutes ces petites formations de l’inconscient, il procédait toujours comme un linguiste, alors que la linguistique en tant que science n’avait même pas encore été inventée. Un homme, l’un de ses analysants, ayant déjà eu beaucoup de déboires dans sa vie sentimentale, était l’aîné de neuf enfants et, il était âgé de quinze ans, lorsque naquit sa dernière petite sœur. Or il semblait ne garder aucun souvenir d’avoir vu sa mère enceinte, alors que pendant ces quinze années, cela aurait du pour le moins le frapper. Seul un souvenir-écran lui permit d’en prendre conscience : Il « finit par se rappeler qu’à l’âge de onze ou douze ans il vit un jour sa mère défaire hâtivement sa jupe devant une glace… Il complète ce souvenir en disant que ce jour-là sa mère venait de rentrer et s’était sentie prise de douleurs inattendues. Or, le délaçage ( Aufbinden) de la jupe n’apparaît dans ce cas que comme un souvenir-écran pour accouchement (Entbindung). Il s’agit là d’un « pont verbal » dont nous retrouverons l’usage dans d’autres cas ».

En tout cas, c’est ce pont verbal AUFBINDEN === ENTBINDUNG qui permet de franchir cet écran du délaçage de la jupe à la mise au monde de l’un de ses nombreux frères et sœurs : neuf au total !

[modifier] Implications

Note : Toutes ces implications sont sujettes à controverse...

  • Les témoignages, dans le cadre d'une enquête de police, par exemple, voire des aveux, peuvent être manipulés et donc sujets à caution, même si la personne en semble persuadée et passe avec succès le test du détecteur de mensonges.
  • Les récits d'abus sexuels pendant l'enfance sont à corroborer ou infirmer par d'autres sources, particulièrement si initialement — avant d'aller chez un psychothérapeute — la personne n'en avait aucun souvenir.
  • Les récits d'enlèvements par les extraterrestres, ainsi que ceux de réincarnations ou d'abus lors de rituels sataniques, peuvent directement découler de ce phénomène, particulièrement si au départ — avant d'aller chez un ufologue ou un psychothérapeute — la personne n'en avait aucun souvenir. De même, certaines personnes restent paralysées quelques instants au moment du réveil, tout en étant conscientes de visions oniriques, lesquelles peuvent devenir pour elles des souvenirs réels. Voir à ce sujet le modèle sociopsychologique du phénomène ovni.
  • Les psychothérapies, particulièrement celles qui utilisent l'hypnose — mais pas uniquement —, peuvent créer ces faux souvenirs au lieu de les faire émerger.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie

  • Les faux souvenirs, article de Elizabeth Loftus dans Pour la Science, n°242, décembre 1997. (Le même article en anglais)
  • Enlevé par les extraterrestres ?, Cerveau & Psycho, n°2, juin-août 2003, article sur l'hypothèse de Richard Mc Nally.
  • La mémoire violée, Cerveau & Psycho, n°27, mai-juin 2008, sur les troubles de la personnalité multiple iatrogène.
  • Le syndrome des faux souvenirs - Ces psys qui manipulent la mémoire, Elizabeth Loftus et Katherine Ketcham, 1997, (ISBN 2-911-52512-4 et ISBN 2-911-52525-6)