Suzy Solidor

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Suzy Solidor (1900-1983) fut une chanteuse française, actrice et romancière. Elle servit de modèle à de nombreux peintres.

Sommaire

[modifier] Biographie

Suzy Solidor est née le 18 décembre 1900 à Saint-Servan-sur-Mer dans le quartier de la Pie, sous le nom de Suzanne Louise Marie Marion, fille de Louise Mairie Adeline Marion, mère célibataire de 28 ans. Elle décède le 31 mars 1983 à Nice et est inhumée à Cagnes-sur-Mer où elle résidait.

Suzy Solidor ne se cachait pas pour dire qu'elle avait pour lointain ancêtre le corsaire Surcouf. En effet, sa mère fut la femme de chambre de Robert Henri Surcouf[1], armateur, avocat, député de Saint-Malo, descendant de la famille du célèbre corsaire. La petite Suzanne aurait été le fruit de leurs amours ancillaires. Sa mère épousa le 10 septembre 1907 Eugène Prudent Rocher qui reconnut la petite Suzanne, alors âgée de 7 ans, qui prit dès lors le nom de Suzanne Rocher. La famille s'installera ensuite dans le quartier de Solidor à Saint-Servan, qui lui donnera plus tard son nom de scène.

Elle apprend à conduire en 1916, et sera sans doute l'une des premières bretonnes à avoir obtenu son permis à 17 ans. Peu avant l'armistice de 1918, promue chauffeur des états-majors, on la verra conduire des ambulances sur le front de l'Oise, puis de l'Aisne[2].

Après la guerre, elle s'installe à Paris, devient mannequin, notamment chez Lanvin. Elle chante dans divers cabarets et s'assure rapidement une grande notoriété : véritable icône de la chanson maritime, égérie des peintres et coqueluche des photographes et des magazines de mode.

C'est à cette époque de sa vie qu'elle rencontre Yvonne de Bremond d'Ars, qui deviendra sa compagne et avec laquelle elle s'initiera au métier d'antiquaire. Après leur séparation, Suzy Solidor aura plusieurs liaisons, dont une avec l'aviateur Jean Mermoz[3].

Au cours de sa carrière, elle tiendra plusieurs cabarets, dont « La Vie Parisienne » rue Saint-Anne à Paris, à la mode à partir de 1933-1935 jusqu'en 1946. Durant l’Occupation, son établissement sera fréquenté par de nombreux officiers allemands. Suzy Solidor jugera d'ailleurs bon d'ajouter à son répertoire une adaptation française de la chanson allemande "Lili Marleen", très appréciée par les soldats de la Wehrmacht, certaines unités en ayant même fait un chant de marche... On comprend dès lors qu'à la Libération, elle ait été traduite devant la commission d'épuration des milieux artistiques, qui lui infligera un blâme et lui imposera une interdiction d’exercer pendant 5 ans. À l'issue de sa période de "pénitence", elle ouvrira en 1952 un nouveau cabaret à Paris, le « Chez Suzy Solidor », rue Balzac, qu'elle abandonna au début des années 1960 pour se retirer à Cagnes-sur-Mer. Elle ouvrira alors un magasin d'antiquités sur les hauteurs de Cagnes, puis un cabaret, place du château Haut-de-Cagnes, décoré de 225 de ses portraits, où elle chantera jusqu’en 1967.

Elle demeure l'une des figures emblématiques des années 30 avec son physique androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré, sa voix grave et sa vie sentimentale agitée, d'autant qu'elle ne se privait pas, dans certaines de ces chansons, de célébrer l'amour lesbien, ses amours et ses ami(e)s. Symbole de la libération de la femme, elle contribuera aussi à donner une grande visibilité au milieu homosexuel parisien des années folles.

Modèle célèbre au corps sculptural, elle fut portraiturée par plus de 200 peintres[4], notamment Dufy, Vlaminck, Picabia, Tamara de Lempicka, Man Ray, Jean-Gabriel Domergue, Jean Dominique Van Caulaert, Fabianno, Van Dongen, Foujita, Marie Laurencin, Bacon et Cocteau. En 1973, elle donne à la ville de Cagnes-sur-Mer une quarantaine de ses portraits, qui figurent aujourd'hui parmi les œuvres majeures du musée de la ville (musée-château Grimaldi).

[modifier] Chansons

  • "Dans un port" (écrit par elle).
  • "C'est à Hambourg".
  • "Je t'espère".
  • "La fille des bars".
  • "Ohé capitaine".
  • "La brume sur le quai".
  • "Le matelot de Bordeaux".
  • "Une fille dans chaque port".
  • "Le bateau espagnol".
  • "Tout comme un homme".
  • "Comme une feuille au vent".
  • "Obsession" (chaque femme je la veux), 1933.
  • "La belle croisière",1934.
  • "Une femme", 1934.
  • "Ouvre", 1934 (Edmond Haraucourt - Laurent Rualten)
  • "La maison des marins", 1934.
  • "Les filles de Saint Malo", 1934.
  • "La fille des bars", 1934.
  • "La belle escale", 1935.
  • "Le doux caboulot", 1935.
  • "Si l'on gardait", 1935.
  • "La belle d'Ouessant", 1935.
  • "Mon légionnaire", 1936.
  • "Sous tes doigts", 1936.
  • "La tonnelle des amoureux", 1936.
  • "Hawai nous appelle", 1936.
  • "La java du clair de lune", 1936.
  • "La chanson de la belle pirate", 1936.
  • "Nuit tropicale", 1937.
  • "Mon secret", 1938.
  • "Johnny Palmer", 1938
  • "Si j'étais une cigarette", 1938.
  • "Escale", 1938.
  • "La danseuse est créole", 1938 (Jacques Plante - Louiguy)
  • "On danse sur le port", 1939.
  • "J'écrirai", 1939, (écrit par elle).
  • "Mon cœur est triste sans amour", 1940.
  • "Je ne veux qu'une nuit", 1941.
  • "Lily Marlène", 1942.
  • "La jolie Julie", 1942.
  • "A quoi songes-tu ?", 1943.
  • "Le soldat de marine", 1943.
  • "Trois lettres de toi", 1943.
  • "Le petit rat", 1947.
  • "Un air d'accordéon", 1947.
  • "Un refrain chantait", 1947.
  • "Amours banales", 1947.
  • "L'amour commande", 1948.
  • Saïgon", 1948.
  • "Congo", 1948.
  • "Nature boy", 1948.
  • "L'inconnue de Londres", 1948.
  • "Soir de septembre", 1948.
  • "J'aime l'accordéon, 1949.
  • "Casablanca, 1949.
  • "Valsez Laurence, 1950.
  • "La foule", 1951.
  • "Brasileira", 1951.
  • "Judas",1952.
  • "La brume", 1952.
  • "Danse de la corde, 1952.
  • "La dame qui chante, 1952.
  • "Si le Rhône rencontrait la Seine", 1952.
  • "Amor y mas amor", 1952.

[modifier] Romans

  • Térésine, Paris, Les éditions de France, 1939 (220 p.)
  • Fil d'or, Paris, Les éditions de France, 1940 (217 p.), frontispice (photographie de Suzy Solidor) - roman dédié "à ceux du Large et à ceux du Bled, à tous ceux des avant-postes, à ceux qui tiennent les portes de l'Empire..."
  • Le Fortuné de l'Amphitrite, Paris, Les éditions de France, 1941 (213 p.), couverture illustrée par Marin-Marie, frontispice par Zinoview (portrait de Suzy Solidor)
  • La Vie commence au large, Bruxelles-Paris, Éditions du Sablon, 1944 (242 p.)

[modifier] Filmographie

  • Elle joua aussi au théâtre, notamment dans :
  • L'Opéra de quat'sous, de Bertold Brecht, au théâtre de l'Étoile, en 1937, avec Raymond Rouleau et Renée Saint-Cyr .
  • L'École des hommes, de Jean-Pierre Giraudoux, au théâtre Michel, saison 1950-1951, pièce écrite pour elle, où elle incarne une artiste peintre qui n'aime pas les hommes.

[modifier] Documentaire

  • Suzy Solidor, un étrange destin, film d'Alain Gallet, documentaire de 52 minutes, Aligal Production et France 3 Ouest, DVD.

[modifier] Articles de presse et bibliographie

  • Véronique Mortaigne, Solidor, furieux baisers, Le Monde, numéro 19552 daté du mardi 4 décembre 2007
  • Marie-Hélène Carbonel, Suzy Solidor : Une vie d'amours. Editeur : Autres Temps (2007). Collection : Temps memoire. (ISBN 284521295X)

[modifier] Notes

  1. Robert Henri Marie Surcouf (Saint-Servan, 30 octobre 1868 - Paris, 1er février 1944) fut député d'Ille-et-Vilaine de 1898 à 1919.
  2. Jean Forget, Louis Libert, Edouard Menguy et al., Un demi-siècle à Saint-Servan, Dinard, Danclau, 1998 et Alain Gallet, Suzy Solidor, un étrange destin, cf. § Documentaire.
  3. Ibid.
  4. Voir l'ouvrage : Deux cents peintres, un modèle, Paris, éd. La Nef de Paris, 1940 (le "modèle" étant évidemment Suzy Solidor)
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