Sleepers

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Sleepers est un film américain réalisé par Barry Levinson et sorti sur les écrans en 1996. Il est fondé sur le roman éponyme de Lorenzo Carcaterra.

Sommaire

[modifier] Synopsis

À Manhattan, dans le quartier de Hell's Kitchen, quatre garçons volent le charriot d'un vendeur de hot-dog avec lequel ils vont accidentellement blesser gravement un passant. Condamnés à une peine de redressement dans une prison pour mineurs, ils vont y subir de la part des gardiens de multiples tortures et abus sexuels. Onze ans plus tard deux d'entre eux, devenus bandits, croisent par hasard un des tortionnaire de l'époque et se vengent en le tuant. Les deux autres devenus notables vont les défendre.

[modifier] Analyse

Un grand nombre de références sans pour autant basculer dans la surcharge, une place prépondérante laissée aux acteurs et un scénario qui réussit à ne pas faiblir outre mesure... Tout ceci fait certainement de Sleepers l'un des films les plus importants du réalisateur Barry Levinson.

Le premier rôle va à Robert De Niro, prêtre, basketteur et faux-témoin sur un sujet qui le fait littéralement fondre en larmes. Il justifie toute la structure narrative du film, la faisant déboucher sur ce qui pourrait ressembler à un happy end, comme il est de mise pour les studios hollywoodiens. Et c’est sans doute le thème majeur de l’œuvre : les faux-semblants, les non-dits et les mensonges, qui permettent de présenter des scènes aux dialogues escamotés par la musique, qui permettent d’affirmer que l’on peut « aimer tous les êtres tant qu’ils ne parlent pas » et qui permettent à Brad Pitt de « perdre un procès gagné d’avance ». Ce dernier se montre d'ailleurs le plus convaincant parmi les quatre principaux personnages de cette histoire, les seconds rôles étant ici capitaux, de Dustin Hoffman à Vittorio Gassman et Kevin Bacon.

Car au-delà de constamment maintenir un écart entre ce qui est dit et ce qui est pensé (sauf évidemment dans les lieux pieux et face à leur représentant), ce film s’essaie à révéler ce que chacun peut cacher derrière sa parole, à déterrer ce que les conventions, omniprésentes dans Hell's Kitchen, dans la maison de correction, et même au confessionnal, lors de la première scène où les enfants remplacent le prêtre, enfouissent au fond de chacun de soi. Le seul endroit où la parole semble se libérer est dans un premier temps au tribunal, où en dépit de ce qui est dit la vérité surgit de par la manipulation qui y est élaborée, jusqu’à ce que de Niro vienne nous prouver le contraire : fait-il cela pour mieux servir la vérité — à savoir révéler le véritable caractère de la victime — ou pour mieux se l’approprier — vu qu’un meurtre reste toujours un meurtre et qu’un autre moyen de faire éclater les sévices subis par les enfants devait bien exister ?

L’opposition des cartons du générique final, où les instances américaines nient évidemment en bloc les faits alors que le scénariste semble les considérer comme réels, laisse en outre sur ce malaise sans le résoudre. Et le dilemme vient alors de ce qu’aucun de ces enfants ne peut exprimer d’une autre façon ses tourments intérieurs : l’un d’eux essaie bien de dessiner mais ne semble pas y trouver grand réconfort, la réussite sociale des deux autres ne leur apportent pas pour autant la quiétude que Brad Pitt cherche jusqu’à la fin, ou du moins ce que l’on en voit réellement, sans considérer les derniers propos de la voix-off, et même le tortionnaire doit attendre de comparaître comme témoin, alors que rien ne l’y prédisposait, pour parvenir à cette catharsis.

À se concentrer ainsi sur les événements du procès, le film occulte du coup une part de psychologie des fais, puisqu'à presque aucun moment ne sont vraiment évoquées les séquelles laissées par les actes de tortures, leur résurgescence ne se fait que par des images déjà montrées, ou presque, et nulle part ne voit-on la moindre trace de leur inconscient s’exprimer. Comme si le réalisateur ne pouvait montrer ce que les personnages ne peuvent exprimer mais qui est bien présent : il faut bien expliquer une telle envie de vengeance, légitime au vu de la barbarie pratiquée par Kevin Bacon et ses pairs, qui n'est cependant justifiée à l'écran que par l’échec social qui s’ensuit, de deux des gamins et par les deux ultimes phrases de Brad Pitt sur ses angoisses intérieures. Le film choisit de ne rien montrer explicitement de ces introspections, conservant de la sorte une force de suggestion bellement exploitée, mais on ne reste pas impunément, pendant quinze ans, avec de tels souvenirs refoulés sans que cela ne torture l'inconscient. Comment le narrateur pourrait-il encore avoir peur du noir sinon ?

[modifier] Fiche Technique

[modifier] Distribution

[modifier] Recompenses

  • Nomination aux Oscars pour la meilleure musique

[modifier] Liens externes