Sibel Edmonds

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Sibel Deniz Edmonds, née en 1970 en Iran, est une ancienne traductrice du FBI et fondatrice de la National Security Whistleblowers Coalition (NSWBC). Pendant sa collaboration avec le Washington Field Office, elle découvrit et dénonça des actes d’espionnage, de protection illicite et de rétention d’informations mettant en danger la Sécurité Nationale des États-Unis. Après avoir averti sa hiérarchie, elle fut mise sous l’éteignoir par le FBI, et licenciée en mars 2002. La procédure judiciaire intentée aboutit finalement à l’assertion du State Secret Privilege par le Procureur Général John Ashcroft ; le Congrès des États-Unis fut empêché de statuer et délibérer de son cas, par Arrêté du Département de la Justice. Elle obtint en mars 2006 le PEN/Newman’s Own First Amendment Award (prix d'une association d'écrivains) pour sa contribution a la simple liberté d’expression dont chaque citoyen américain dispose dès sa naissance.

Sommaire

[modifier] Enfance et études

Fille d’un docteur Azerbaïdjanais, Edmonds vécut en Iran, puis en Turquie, pour s’installer aux États-Unis pour y suivre ses études. Elle opta pour la nationalité américaine en 1996. Edmonds parle couramment 4 langues : l’anglais, le turc, le perse et l’azéri. Elle obtint un Doctorat en commerce international et affaires publiques à l’Université George Mason, et est licenciée en criminologie et psychologie de l’Université George Washington.

[modifier] Carrière au FBI

Edmonds fut engagée par le FBI comme interprète suite aux attentats du 11 septembre 2001, dans l’unité de traduction de langues orientales.

Entre décembre 2001 et mars 2002, Edmonds rapporta à sa hiérarchie certains comportements troublants d’une collègue directe, Melek Can Dickerson, l’accusant d’espionnage, de rétention d’informations, et de protection interne, en la personne de Mike Feghali, son superviseur. Elle adressa une plainte à la direction du FBI, ainsi qu’à l’Inspecteur Général du Département de la Justice, mais fut révoquée par le FBI le 22 mars 2002, sans aucun motif.

[modifier] Allégations

Au cours de ses fonctions, Edmonds mis en évidence et trouva des preuves que le FBI, le Département d’État, et le Pentagone avaient été infiltrés par une organisation secrète Turque suspectée d’avoir des liens avec le terrorisme. Elle accusa également une collègue, Melek Can Dickerson, de sabotage, d’intimidation, de corruption et d’incompétence.

Edmonds affirme détenir des preuves quant au trafic de drogue, de blanchiment d’argent et d’activités terroristes en rapport avec la Turquie, dont certaines des enquêtes furent étouffées à la demande du Département d’État, ceci afin de ne pas compromettre les relations extérieures, ainsi que les bonnes relations avec certains investisseurs étrangers.

Edmonds et certains groupes de pression contestent l’assertion du State Secret Privilege quémandé par le Procureur Général Ashcroft, qui à lieu selon eux dans l’unique but de protéger l’Administration Bush, et certains officiels du Département de la Justice.

[modifier] Litiges

Les allégations d’Edmonds pour inconvenance au sein du FBI attirèrent l’attention de la Commission Judiciaire du Sénat, qui tint des auditions informelles à ce sujet le 17 juin 2002, et le 9 juillet 2002. Pendant ces auditions, le FBI fournit divers documents et rapports non-classés afférant à l’affaire, et reconnurent même que certaines accusations d’Edmonds, comme le comportement non professionnel de sa collègue, ainsi que la gérance douteuse de son unité, n’étaient pas dénuées d’intérêt. Deux Sénateurs demandèrent par missive, à l’Inspecteur Général Glenn Fine, au Procureur Général Ashcroft, et au Directeur du FBI Robert Mueller, un audit indépendant de l’unité de traduction du FBI.

Le 22 juillet 2002, Edmonds déposa une plainte contre le Département de la Justice, le FBI, et certains officiels influents, arguant qu’elle fut injustement révoquée du FBI pour avoir dénoncé des activités criminelles commises par des agents et employés gouvernementaux. Le 18 octobre 2002, le Procureur Général John Ashcroft, invoqua la loi du ‘State Secret Privilege’ pour bâillonner Edmonds sur le territoire, prétextant la sécurité nationale, et le déboutement de la plainte.

Le 15 août 2002, un autre procès, Burnett v. Al Baraka Investment & Dev. Corp. fut intenté par les familles de 600 victimes des attentats du 11 septembre 2001, contre des banques Saoudiennes, des organisations de charité, ainsi que certaines compagnies. Edmonds devait témoigner dans le cadre de cette affaire, affirmant que le FBI connaissait les intentions d’Al-Qaida avant les attaques. Le 11 décembre 2003, le Procureur Général John Ashcroft, invoquant de nouveau le ‘State Secret Privilege’, exprima une motion pour la suppression de la déposition d’Edmonds, et le déboutement de l’affaire. Le juge, désireux d’en savoir plus, demanda au gouvernement de fournir tous les documents non-classés concernant ce dossier. A cela, Ashcroft s’appuya sur d’autres déclarations pour justifier l’emploi du ‘State Secret Privilege’, et le 13 mai 2004, classa rétroactivement toute l’affaire Edmonds "Top Secret". Cette classification à postériori est sans précédent. Cette reclassification fut acceptée, empêchant Edmonds de témoigner dans le procès du 11 septembre, et le 06 juillet 2004, sa propre plainte fut déboutée. Edmonds fit immédiatement appel de cette décision.

Le jour de son appel, l’Inspecteur Général publia un compte rendu d’un rapport officiel de l’enquête qui concluait : nombre des allégations d’Edmonds étaient fondées, que le FBI ne les a pas prises au sérieux, et furent la raison principale de son licenciement !

Le 21 avril 2005, quelques heures précédent son appel, trois juges prétextèrent une règle interdisant l’accès des journalistes et des citoyens du tribunal. Edmonds ne fut même pas admise au tribunal pendant les débats. Son cas fut débouté le 06 mai 2005, sans raison et aucun témoignage.

Le 05 août 2005, l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) soumit une pétition pour que la cour suprême des États-Unis revoie l’application du ‘State Secret Privilege’. Le 28 novembre 2005, la cour suprême rejeta la requête.

[modifier] Informer

Sibel Edmonds a publié de nombreux témoignages et essais sur ses expériences vécues depuis 2002, sans jamais avoir outrepassé le ‘State Secret Privilege’ qui lui a été imposé. Elle continue de clamer la véracité de ses allégations, contre vents et marées, et dans une lettre ouverte du 14 mai 2005 adressée au Congrès, elle dénonce la position du Gouvernement qui protège certaines relations diplomatiques (non citées), ainsi que certaines relations commerciales extérieures, profitant de la sorte à une minorité de personnes, et non la majorité que représente le peuple américain.

[modifier] Autres révélations

Edmonds mit au jour un autre rapport afférant aux attentats du 11 septembre. En avril 2001, un informateur du FBI en place depuis 1990, informa deux agents et un traducteur qu’Oussama Ben Laden préparait une attaque terroriste. Quatre ans après les attaques, les officiels refusaient toujours d’admettre qu’ils avaient été en possession d’informations sensibles concernant ces attaques. Le Mémorandum Phoenix, reçu des mois avant les attaques du 11 septembre, avertissaient spécifiquement le Quartier Général du FBI que des personnes liées au réseau Al-Qaida prenaient des cours d’aviation. Quatre mois avant les attaques, un agent iranien fournit au FBI les informations suivantes : emploi d’avions, grandes villes américaines comme cibles, Osama Bin Laden donnera l’ordre.

[modifier] National Security Whistleblowers Coalition (NSWBC)

La National Security Whistleblowers Coalition (NSWBC), fondée en août 2004, est une alliance indépendante et non-partisane de whistleblowers qui stigmatise les faiblesses de l’État en matière de sécurité ; informe les Agences de Sécurité des vulnérabilités au sein des Agences de Renseignements, de puissants groupes nucléaires, les failles dans les aéroports, aux frontières nationales et portuaires ; divulgue les fraudes, abus, et dans certains cas les conduites criminelles au sein du Gouvernement.

Devenir membre de la NSWBC est exclusivement réservé aux employés (actifs ou inactifs) fédéraux, et civils, sous contrat avec les États-Unis qui, à leur détriment ou propre risque personnel, divulguèrent des fraudes, corruptions et abus au sein des Agences Nationales, mettant en danger la Sécurité Nationale.

[modifier] Documentaire Une Femme à Abattre

‘Une Femme à Abattre’ a été réalisé par deux journalistes français, Mathieu Verboud et Jean-Robert Viallet, auteurs d’un autre documentaire pimenté ‘Les Enfants Perdus de Tranquility Bay’.

Prenant pour point de départ l’Affaire Edmonds, avec ses imbroglios judiciaires et politiques, Verboud et Viallet prennent le soin de mettre en évidence les dessous politico-financiers, le trafic d’armes nucléaires à l’échelle mondiale orchestré par une partie néo-conservatrice de l’Administration George W. Bush, les mensonges de la politique étrangère américaine et de certains de ses alliés. Des révélations effarantes concluent ce documentaire, dont certains agents du renseignement américain, mettant sur le banc des accusés une Administrations Bush, sans équivoque possible !

[modifier] Auditions devant le Congrès

Le 7 mars 2007, une trentaine de groupes de pression ont soumis une requête auprès d’Henry Waxman pour obtenir une audition sur l’affaire Edmonds devant le Congrès des États-Unis.

Les problèmes soulevés par Edmonds sont : activités d’espionnage au sein du FBI, Département de la Défense, et Département d'État ; rétention d’informations pré et post 11 septembre, sous couvert de protections de relations diplomatiques ; fausses traductions de documents confidentiels de la part d’agents du FBI sous protection du Superviseur ; corruptions de fonctionnaires gouvernementaux et de représentants élus par des éléments étrangers.

Aucune suite positive à ce jour n’a été formulée, le combat de Sibel Edmonds poursuit sa destinée dans les méandres de la bureaucratie américaine.

[modifier] Révélations au Sunday Times

Le 6 janvier 2008, le Sunday Times publie un article sur des révélations faites par Sibel un mois auparavant, dénonçant entre autre des transactions de matériel nucléaire, l’infiltration des institutions militaires et universitaires américaines par des taupes placées par les Turcs et les Israéliens, notamment un haut fonctionnaire du Département d’État des États-Unis.

[modifier] Liens externes

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