Saxemberg

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Saxemberg est une île fantôme que l'on a cru exister dans l'Atlantique-sud. Elle apparait par intermittence sur les cartes de navigation entre le XVIIe et le XIXe siècle.

Saxemberg aurait été reportée pour la première fois par le navigateur hollandais John Lindesz Lindeman en 1670, qu'il localise à 30°45′S 19°40′W / -30.75, -19.667. Il en fait une esquisse : une île plate avec quelque chose d'une montagne qui pointe en son centre. D'autres esquisses, d'auteurs non-identifiés, montrent des vues plus détaillées de Saxemberg. Le Major General Alexander Beatson, résident à Sainte-Hélène, écrit en 1816 avoir des dessins de l'île sur lesquels sont également représentés des espèces d'arbres. Il échafaude une théorie continentale des îles d'Ascension, Tristan da Cunha, Gough, et Saxemberg qui auraient selon lui eu pour origine un unique continent effondré de 1800 miles de long et 500 miles de large[1].

Mais, malgré les coordonnées de Lindeman, les marins ne trouvent pas l'île. Le doute sur son existence apparait et l'île commence à disparaitre des cartes maritimes.

En septembre 1801, le fameux navigateur et cartographe australien Matthew Flinders sur l' Investigator essaye en vain de localiser l'île. Dans son livre A Voyage to Terra Australis (Voyage en Terre australe), il conclut ne plus croire à l'existence de Saxemberg[2]. Cependant, il notera plus tard en marge que le Comte de Caledon[3] lui montra en 1810 un extrait du journal de bord du capitaine Long du sloop Columbus en date du 22 septembre 1809, se dirigeant vers Le Cap en provenance du Brésil, disant :

« 17h, vu l'île de Saxonburg (Saxemberg), relèvement E. S. E., premier à 41 lieues de distance : temps clair. Ai mis le cap sur ladite île, et l'ai trouvé être de latitude 30° 18' sud, longitude 28° 20' ouest, ou approximativement. »

« L'île de Saxonburg fait 4 lieues de long, N. O. et S. E., et 2½ miles de large. L'extrémité N. O. est une haute corniche de 70 pieds, de forme perpendiculaire, et court tout le long vers le sud-est sur 8 miles. On peut voir des arbres à 1½ mile de distance, et une plage de sable. »

Les coordonnées de Long sont donc 30°18′S 28°20′W / -30.3, -28.333. Flinders note :

« La situation usuelle de Saxemberg dans les tables et sur les cartes, était 30° 45' sud et 19° 40' ouest, soit presque 9° de longitude trop court ; et il n'est ainsi guère étonnant que les bateaux l'aient manqué. Au moment où nous avions vu beaucoup d'oiseaux, le 28 du mois, l'Investigator n'était pas à plus de 8 miles de la position de l'île, telle que donnée par Mr. Long. »
    — Note manuscrite de Matthew Flinders, A Voyage to Terra Australis[4], 1814

En 1804, le capitaine Galloway du bâtiment états-unien Fanny affirme avoir vu l'île et être resté en vue pendant des heures. Galloway observe qu'elle présente effectivement une hauteur en son centre, comme reporté par Lindeman.

En 1816, le capitaine Head du True Briton trouve l'île et la garde en vue pendant 6 heures. Son témoignage corrobore celui de Galloway.

Et puis plus rien. Il n'y a pas ou plus d'île de Saxemberg. Il est possible que les marins aient confondu un amoncellement de nuages avec une île, ou que l'île a disparu sous les eaux. Aucun des capitaines ayant déclaré avoir vu Saxemberg n'a dit y avoir débarqué.

[modifier] Notes et références

  1. Cf. Tracts Relative to the Island of St. Helena, Written During a Residence of Five Years A. Beatson; Nicol, Booth, London, 1816, sur le site des Archives et librairie en ligne de Ste Hélène.
  2. On pourra aussi se référer au journal de bord de l' Investigator, où est noté le passage d'une tortue, qui relança vainement l'espoir de trouver l'île. Journal on the Investigator, Jan. 1801-July 1802 (Vol. 1), p. 159.
  3. Il s'agit vraisemblablement d'Alexander Du Pré, second Comte de Caledon, gouverneur britannique de la colonie du Cap, en Afrique du sud, de 1806 à 1814.
  4. A Voyage to Terra Australis, Matthew Flinders, p.167.

[modifier] Bibliographie

  • (en) No Longer on the Map. Discovering Places That Never Were. Ramsay, Raymond H., New York, Ballantine Books, 1972. SBN 345-23421-9-165.


[modifier] Liens externes

  • (en) Journal on the Investigator, Jan. 1801-July 1802 (Vol. 1), Journal de bord, Capitaine Matthews Flinders, p. 159. Disponible en ligne sur le site de la Bibliothèque de Nouvelle Galles du sud en Australie, où on peut lire le passage s'y rapportant, et voir une photographie du document original.
  • (en) A Voyage to Terra Australis, Voyage en terre australe, Matthew Flinders, G. & W. Nicol, 1814. Texte complet sur la bibliothèque en ligne Gutenberg. On pourra se référer plus particulièrement aux pages 166 et 167, où est écrite la note manuscrite du commandant Flinders.
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