Sûreté de fonctionnement

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La sûreté de fonctionnement (SdF) d'un système peut se définir comme l'évaluation du niveau de confiance justifié qu'on peut attribuer à celui-ci dans son fonctionnement ou encore, selon la définition proposée par Jean-Claude Laprie dans son Guide de la sûreté de fonctionnement[1], « la propriété qui permet aux utilisateurs du système de placer une confiance justifiée dans le service qu'il leur délivre ».

Elle peut désigner plusieurs choses :

  1. L'aptitude d'une entité (organisation, système, produit, moyen, etc.) d'une part, à disposer de ces performances fonctionnelles (fiabilité, maintenabilité, disponibilité) et d'autre part, à ne pas engendrer de risques majeurs (humains, environnementaux, financiers, etc.) ;
  2. Les activités d'évaluation de cette aptitude ;
  3. L'ensemble des personnels en charge de ces activités.

La sûreté de fonctionnement regroupe les activités d'évaluation de la fiabilité (assurer la continuité du service), de la maintenabilité (être réparable), de la disponibilité (être prêt à l’emploi) et de la sécurité (non occurrence d’événements catastrophiques) d'une organisation, d'un système, d'un produit ou d'un moyen. Ces évaluations permettent, par comparaison aux objectifs ou dans l'absolu, d'identifier les actions de construction (ou d'amélioration) de la sûreté de fonctionnement de l'entité. Ces évaluations sont prévisionnelles et reposent essentiellement sur des analyses inductives ou déductives des effets des pannes, dysfonctionnements, erreurs d'utilisation ou agressions de l'entité.

Sûreté de fonctionnement est la traduction de l'anglais dependability ; FMDS (fiabilité, maintenabilité, disponibilité, sécurité) est une traduction bancale de l'anglais RAMS (Reliability, Availability, Maintainability and Safety, c'est-à-dire dans l'ordre exact, fiabilité, disponibilité, maintenabilité et sécurité, qui donne les initiales FDMS).

La sûreté de fonctionnement est un ensemble d'outils et de méthodes qui permettent, dans toutes les phases de vie d'un produit, de s'assurer que celui-ci va accomplir la (les) mission(s) pour laquelle (lesquelles) il a été conçu, et ce dans des conditions de fiabilité, de maintenabilité, de disponibilité et de sécurité bien définies. La SdF doit être prise en compte tout au long du cycle de vie du produit.

Sommaire

[modifier] La fiabilité

C'est la probabilité qu'un composant ou un système fonctionne sur l'intervalle de temps [0,t].

La fiabilité prévisionnelle permet d'estimer la fiabilité a priori d'un composant, d'un équipement, d'un système. Pour cela on modélise par des modèles de probabilité mathématiques et de vieillissement physique le comportement de chaque constituant élémentaire. Ces modèles ont été établis par retour d'expérience et par la réalisation d'essais visant à permettre de modéliser le comportement en fiabilité. Dans le cas de l'électronique, il existe plusieurs recueils de modèles de prédiction pour les composants élémentaires que sont les résistances, condensateurs, circuits intégrés, etc. Les référentiels de prévision de fiabilité électronique les plus répandus sont :

  • La MIL-HDBK-217F : norme militaire américaine, conçue pour estimer la fiabilité des équipements.
  • Le RDF2000 : recueil de fiabilité construit à partir du retour sur expérience de France Telecom. Aujourd'hui, ce recueil a été transformé en une norme dénommée UTE C 80-810.
  • FIDES : guide de fiabilité prévisionnelle construit sur la base des recueils précédemment cités à partir du retour sur expérience d'un consortium d'industriels français. Aujourd'hui, ce recueil a été transformé en une norme dénommée UTE C 80-811.

Les différents paramètres influençant la fiabilité d'un composant sont dénommés facteurs et représentés par la lettre grecque pi ; on citera par exemple le facteur qualité : Πq.

Pour les composants non électroniques, il existe aussi des recueils[2] permettant l'évaluation de certains constituants élémentaires (vis, vannes, joints, etc.). On distingue par exemple :

  • Le recueil OREDA (Offshore Reliability Data) : recueil de fiabilité construit à partir du retour sur expérience des sociétés qui exploitent des plates-formes extracôtières. Les données concernent des matériels industriels, principalement électromécaniques, liés à l'extraction du pétrole : compresseurs, échangeurs, groupes électrogènes, vannes diverses, bouilleurs, pompes, évaporateurs, etc.
  • Le recueil EIREDA (European industry reliability data bank) : recueil de fiabilité construit à partir du retour sur expérience des sociétés européennes, principalement du secteur de la chimie, concernant des matériels électromécaniques consommant de l'énergie électrique : ventilateurs, évaporateurs, échangeurs, pompes, compresseurs.
  • Le recueil NPRD (Non electronic Parts Reliability Data) : recueil de fiabilité construit à partir du retour sur expérience de grands organismes américains tels que la NASA et la Marine américaine. Les données concernent les composants mécaniques et électromécaniques employés dans des équipements principalement militaires.

Les résultats des calculs obtenus par l'intermédiaire de ces recueils, permettent d'estimer le taux de défaillances de systèmes électroniques, ou autres, données de base essentielles pour les analyses de SdF (arbres de défaillances, AMDEC,etc.).

En France, la sûreté de fonctionnement a connu son essor sous l'impulsion de Jean-Claude Ligeron, notamment dans le domaine de la fiabilité mécanique.

[modifier] La maintenabilité

C'est l'aptitude d'une entité à être maintenue ou remise en état de fonctionnement (la prise en considération de l'aptitude du système de soutien à maintenir ou à remettre en état l'entité est du domaine du soutien logistique intégré (SLI)).

[modifier] La disponibilité

C'est la probabilité qu'un composant ou un système soit en état de marche à un instant donné t.

[modifier] La sécurité

C'est l'aptitude d'un produit à respecter, pendant toutes les phases de vie, un niveau acceptable de risques d'accident susceptible de causer une agression du personnel ou une dégradation majeure du produit ou de son environnement.

[modifier] Notes et références

  1. LIS sous la direction de J.-C. Laprie, Guide de la sûreté de fonctionnement, Cépaduès, Toulouse, Mai 1995, 369 p. (ISBN 9782854283822)
  2. Alain Villemeur, Sûreté de fonctionnement des systèmes industriels, Eyrolles, Paris, juillet 1988, 795 p. (ISBN 9782212016154)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes