Rosalie Duthé

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Rosalie Gérard dite Mlle Duthé, née en 1748 à Versailles, morte en 1820 à Paris, fut la courtisane la plus célèbre de la fin du XVIIIe siècle. Elle commença une carrière de danseuse de l'Opéra de Paris mais très vite, elle se fit connaître dans les fastes de la galanterie. Elle avait été reçue encore jeune par les demoiselles de Verrières, célèbres courtisanes du temps de Louis XV, dont l'une, Marie, fut l'arrière grand-mère de George Sand. Elle y fit la rencontre de personnages de qualité, car Melle Duthé se fit apprécier par la fine fleur du Gotha et chez les matadors de la finance, notamment Hocquart de Montfermeil grâce à qui elle eut bientôt son hôtel particulier à l'angle des rues de la Chaussée d'Antin et Saint-Lazare. Sa réputation devint européenne et plusieurs têtes couronnées, à commencer par Christian IV de Danemark, le duc de Chatres ou le comte d'Artois, se flattèrent d'avoir fait sa conquête. Elle fut en quelque sorte l'ancêtre des grandes courtisanes de la Belle Époque telles que Liane de Pougy, Cléo de Mérode ou Caroline Otero. Son plus grand admirateur et ami fut le banquier Jean-Frédéric Perregaux qui, selon une légende, se serait donné la mort dans son château de Chilly-Mazarin en contemplant son portrait peint en 1792 par Danloux.

[modifier] Un célèbre modèle

Rosalie Duthé par Henri-Pierre Danloux, 1792
Rosalie Duthé par Henri-Pierre Danloux, 1792

L'intérêt de Mlle Duthé tient surtout au fait qu'elle fut sollicitée par les plus grands peintres de portrait qui, en diverses époques, obtinrent des séances de pose. Les portraits les plus fameux de Mlle Duthé sont le grand portrait en pied par François-Hubert Drouais, aujourd'hui dans les collections d'une branche anglaise de la famille de Rotschild. Un autre portraitiste attaché au souvenir de Mlle Duthé fut Périn-Salbreux, plus connu comme miniaturiste mais qui laissa au moins cinq portraits dont l'un en main privée la représente nue, pudiquement assise à la sortie de son bain, œuvre qui fut destinée à la salle de bains du comte d'Artois à Bagatelle. Un autre, encore plus suggestif, qui la représente allongée nue sur son lit, les cheveux défaits, est aujourd'hui conservé au musée de Reims. Le principal de cette série, est un grand portrait en pied cité dans les Mémoires secrets de Bachaumont. Il n'est plus localisable aujourd'hui mais on en connaît une copie avec variantes aujourd'hui conservée à Reims. Au musée de Tours, se trouve le portrait en buste, en médaillon ovale de la belle danseuse qui a littéralement fasciné Périn-Salbreux. Mme Vigée-Lebrun n'a jamais pris Duthé comme modèle, et un portrait présenté comme tel est une mauvaise copie du portrait de Mme Thilorier. D'autres peintres ou dessinateurs, tel que Jacques-Antoine-Marie Lemoine, ont fixé ses traits, mais aussi les sculpteurs comme Defernex et Houdon ont réalisé des œuvres superbes que l'on connaît seulement grâce à des copies réalisées au XIXe siècle. Sous la Révolution française, le portraitiste Danloux fut le peintre préféré de Mlle Duthé qui lui a accordé des séances de pose dont l'artiste a consigné les aspects pittoresques dans son célèbre journal. Plus âgée, Mlle Duthé a continué de fasciner de grands peintres, ainsi Prud'hon qui a réalisé son portrait en buste face à sa coiffeuse, la main posée sur sa cassette de bijoux, œuvre perdue que l'on connaît grâce à la gravure qui en a été tirée.

[modifier] Bibliographie

  • Olivier Blanc, Portraits de femmes, artistes et modèles au temps de Marie-Antoinette, Paris, Didier Carpentier, 2006.
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