Robert le Danois

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Robert le Danois fut archevêque de Rouen (989-1037) et comte d'Évreux (996-1037) au temps des premiers ducs de Normandie.

Fils du duc Richard Ier de Normandie et de Gunnor, il fait donc partie de ce puissant groupe aristocratique appelé les Richardides. Son père lui confie très jeune l'archevêché de Rouen, principal siège ecclésiastique du duché de Normandie. L'historiographe Guillaume de Jumièges rapporte que les clercs se sont opposés à cette décision tant que le duc refusait de se marier chrétiennement avec sa frilla Gunnor. Selon le voeu du clergé, Richard Ier de Normandie épousa finalement Gunnor et leur fils Robert put devenir archevêque.

Quelques années plus tard, peut-être juste après la mort de son père en 996, Robert reçoit la charge du comté d'Évreux. Cette double fonction – archevêque de Rouen et comte – fait de lui le plus puissant personnage de Normandie après le duc. De surcroît, le nouveau duc, Richard II (996-1026), est son frère.

Robert le Danois cumule donc une fonction religieuse et une fonction laïque. Au titre de comte d'Évreux, il se donne le droit de se marier : il épouse Herlève, probablement la fille de Turstin le Riche, dont il aura plusieurs enfants (dont Richard et Raoul). Robert est donc un archevêque marié et, de surcroît, père ! Même si la réforme grégorienne interviendra plus tard pour imposer le célibat, il faut avouer que les cas de mariage chez les hauts dignitaires ecclésiastiques sont déjà rares à cette époque. Pour l'historien François Neveux, il ne fait pas de doute que Robert est « un archevêque plus profane que religieux[1] ». À la fin des années 1020, nous savons toutefois qu'il commence les travaux d'agrandissement de sa cathédrale. Nous savons aussi, grâce aux fouilles de l'archéologue Jacques Le Maho, que l'archevêque-comte transforme son château de Gravenchon en un véritable palais rural au tout début du XIe siècle. Mécène, il entretient un cénacle littéraire autour de lui. Dudon de Saint-Quentin et le satiriste Garnier lui dédient en effet quelques œuvres.

En 1026, Robert le Magnifique, le neveu de Robert, succède de façon controversée à Richard III en tant que duc de Normandie. Peu après son avènement, il s'attaque à Robert le Danois. Est-ce parce que ce dernier complote contre lui ? Ou est-ce parce que l'archevêque proteste contre les usurpations de terres d'Église que pratique le duc pour récompenser ses amis ? En tout cas, Robert doit quitter Rouen et s'enfermer avec quelques chevaliers dans sa ville comtale d'Évreux. Le duc l'assiège. Après une résistance digne d'un chef de guerre, l'archevêque négocie son départ. Il quitte la Normandie pour la France mais, de son nouveau refuge, prononce l'excommunication du duc Robert le Magnifique. Il semble que cette sanction fasse plier le duc. Il se réconcilie avec Robert le Danois qui retrouve ainsi sa place à la cour ducale. Il devient même le premier conseiller du duché. Une position renforcée en 1035 après la mort de Robert le Magnifique qui laisse un enfant comme héritier (le futur Guillaume le Conquérant). L'archevêque-comte est l'homme fort du duché jusqu'à sa mort en 1037.

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duché de Normandie
comte d'Évreux
989-1037
Richard Ier

[modifier] Bibliographie

  • François Neveux et Pierre Bouet (dir.), Les évêques normands du XIe siècle, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle (1993), Presses Universitaires de Caen, 1995

[modifier] Notes

  1. La Normandie, des ducs aux rois Xe-XIIe siècle, 1998, p.275
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