Rhinocéros noir

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Diceros bicornis
Rhinocéros noir
Rhinocéros noir
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infraclasse Eutheria
Ordre Perissodactyla
Famille Rhinocerotidae
Genre
Diceros
Gray, 1821
Nom binominal
Diceros bicornis
(Linnaeus, 1758)
Statut de conservation IUCN :


CR A2abc :
En danger critique d'extinction

Répartition géographique
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Le rhinocéros noir (Diceros bicornis), qui vit en Afrique, est la seule espèce du genre Diceros, l'un des quatre genres de rhinocéros.

Sommaire

[modifier] Caractéristiques

Sans compter la queue, le rhinocéros noir a une longueur de corps qui peut atteindre 3,50 m, une hauteur au garrot de 1,60 m et un poids de 800 à 1500 kg. Il est cependant le plus petit des deux espèces de rhinocéros africains. Il possède deux cornes, dont celle la plus en avant est un peu plus longue (50 cm, et dans des cas exceptionnels plus de 1 m). Il peut courir jusqu'à plus de 50 km/h [1]. Il se distingue du rhinocéros blanc (Ceratotherium simum), l’espèce la plus proche, par un crâne relativement trapu, deux cornes profondément enfoncées et une lèvre supérieure digitiforme (en forme de doigt).

Le nom « le rhinocéros noir » est un emprunt de l'anglais où on l’a nommé « black rhinoceros » pour faire pendant à « white rhinoceros », mais les deux espèces sont en réalité gris foncé et ne se distinguent pas sur le plan des couleurs. De fait, ces appellations trompeuses sont venues d’une faute de traduction de l’afrikaanswijde signifie large, mais a été confondu avec white, c’est-à-dire blanc. Les formes allemandes « à gueule large » et « à gueule pointue » sont au contraire les traductions correctes de l'afrikaans et on devrait donc les préférer. Ces noms se rapportent à la lèvre supérieure : celle du rhinocéros noir est adaptée pour saisir le feuillage en l’arrachant tandis que celle du rhinocéros blanc est plate et convient mieux pour brouter de l'herbe.

Les rhinocéros noirs ont un odorat excellent et une bonne ouïe. Les yeux n'ont au contraire que peu d'importance : à une distance de 20 mètres un rhinocéros peut à peine reconnaître une forme.

[modifier] Distribution

Jadis, le rhinocéros noir vivait dans toutes les savanes africaines. Il était même beaucoup plus répandu que le rhinocéros blanc.

Aujourd'hui, les 4 pays conservant une population relativement importante sont l'Afrique du Sud (surtout), la Namibie, le Zimbabwe et le Kenya.

Le rhinocéros noir a été réintroduit en Afrique du Sud, au Malawi, au Swaziland et au Rwanda après que les populations locales y eurent été exterminées.

Tandis que le rhinocéros blanc habite la savane herbeuse ouverte, le rhinocéros noir préfère la savane d'arbuste épineux ou les lisières forestières. La présence de points d'eau disponibles à proximité leur est nécessaire à tous deux.

[modifier] Sous-espèces

Il existait jusqu'à il y a peu encore 4 sous-espèces, mais avec l'extinction récente de Diceros bicornis longipes, il n'en reste plus que 3 :

  • Diceros bicornis minor: c'est la sous-espèce la plus nombreuse. Elle habitait à l'origine de la Tanzanie centrale au nord et à l'est de l'Afrique du Sud, en passant par la Zambie, le Zimbabwe et le Mozambique. Il en resterait en 2005 1.770 vivant en liberté, plus 75 dans des zoos [2].
  • Diceros bicornis bicornis : c'est une sous-espèce davantage adaptée aux savanes arides et semi-arides de la Namibie, de l'Angola méridional, du Botswana occidental et de l'Afrique du Sud occidentale. Il en resterait en 2005 1.310 vivant en liberté, et aucun dans des zoos [2].
  • Diceros bicornis michaeli : La distribution historique va du sud-Soudan au centre de la Tanzanie, en passant par l'Ethiopie, la Somalie et le Kenya. Il en resterait en 2005 520 vivant en liberté, plus 175 dans des zoos [2].
  • Diceros bicornis longipes : c'était la sous-espèce la plus rare et la plus en danger. À l'origine répandue dans les savanes au sud-est du Sahel, l'animal ne survivait plus qu'à travers quelques rares individus, moins d'une dizaine, vivant dans le nord du Cameroun[2]. La sous-espèce a été déclaré éteinte en septembre 2006, après qu'un couple de conservateurs français, Isabelle et Jean-François Lagrot, furent parvenus à retrouver la moindre trace d'un seul d'entre eux dans leur dernier habitat connu.

[modifier] Mode de vie

Comme tous les rhinocéros, le rhinocéros noir est un solitaire. Il est actif principalement au crépuscule et la nuit. Pendant la journée il dort à l'ombre ou prend des bains de boue.

Sa nourriture est constituée de branches, surtout des acacias qu'il saisit grâce à sa lèvre supérieure en forme de doigt, qu'il dirige entre ses mâchoires et qu'il broie avec ses molaires. Si on voit des rhinocéros noirs en train de paître, ils arrachent en réalité de la terre des plantes ligneuses et ne touchent pas à l'herbe. Même les branches très épineuses sont consommées.

Les mâles et les femelles ne se rapprochent que quelques jours pendant le rut. Si on voit ensemble plusieurs rhinocéros, il s'agit le plus souvent d'une femelle avec ses petits. Les jeunes femelles sont encore acceptées à proximité même si le nouveau petit est déjà né.

Les rhinocéros noirs marquent leurs domaines grâce à leur urine et leurs déjections, mais ces domaines peuvent cependant se chevaucher. Envers les congénères qui habitent les domaines voisins, les rhinocéros noirs ne se montrent généralement pas agressifs. De temps en temps, on voit même deux mâles paître côte à côte. Évidemment, le comportement change si deux mâles font la cour à une même femelle. Ils peuvent alors en venir à des batailles dont l'issue est parfois mortelle.

L'unique petit vient au monde après une gestation de 450 jours et a, à sa naissance, un poids d'environ 25 kg, pouvant aller parfois jusqu'à 40 kg.
Les nouveau-nés possèdent à l'emplacement où la corne poussera un épaississement d'environ un centimètre de haut. L'emplacement de la deuxième corne n'est marqué que par une tache ronde un peu plus claire. Le petit est allaité pendant environ deux ans, et sa mère le défend pendant ce temps contre tout danger potentiel. Pendant presque tout ce temps, la mère n'est pas en mesure de concevoir un nouveau petit.

Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle à cinq ans pour les femelles ou huit ans pour les mâles, et quittent alors leur mère, s'ils ne l'ont déjà quittée.

Leur durée de la vie peut aller jusqu'à quarante-cinq ans.

Le rhinocéros noir n'a pas d'ennemis naturels. Seuls des lions essaient de temps en temps de s'emparer d'un petit, si la femelle ne fait pas attention. Des cas ont aussi été observés où les rhinocéros en train de boire étaient attaqués par des hippopotames ou des crocodiles - mais ce n'est pas la règle.

Fréquemment, les rhinocéros noirs attrapent des parasites : tiques, mouches du cheval et filaires font partie des plus fréquents. En particulier, les blessures reçues lors des batailles en période de rut constituent pour les mouches un lieu de ponte idéal. Pour se « désinfecter », les Rhinocéros noirs se vautrent dans la boue ou prennent des bains de poussière. Pour se débarrasser de quelques-uns de ces gêneurs, les rhinocéros tolèrent aussi la société des pique-bœufs et des hérons gardes-bœufs, qui se posent sur leur dos et y picorent les parasites.

[modifier] Les hommes et les rhinocéros noirs

Le danger présenté par les rhinocéros a été fort exagéré. Un homme qui s'approche est repéré par l'odorat. Dans un tel cas, le rhinocéros prend le plus souvent la fuite. C'est seulement si le vent est défavorable et que le rhinocéros est surpris qu'il attaque. On considère généralement son comportement comme imprévisible, si bien que des animaux apparemment paisibles peuvent en venir à des attaques soudaines. Si la personne s'enfuit, le rhinocéros peut ne pas insister. Mais si l'envie lui vient de riposter, il est capable de projeter un homme en l'air avec sa corne, ce qui cause des blessures très graves.

[modifier] La chasse

La chasse a fait du rhinocéros noir, au cours des 3 dernières décennies du XXe sièle, une espèce très rare. La chasse moderne a eu et a toujours 2 grandes causes :

  • les vertus médicinales qu'on prête à la corne dans la médecine chinoise traditionnelle (TCM), en particulier la croyance selon laquelle la poudre de corne peut accroître la puissance sexuelle ou faire baisser la fièvre.
  • Un poignard avec une poignée en corne de rhinocéros noir est considéré au Yémen comme un symbole de virilité. Des membres des hautes classes yéménites sont prêts payer des prix très élevés pour de tels poignards, même importés illégalement.

Le braconnage est, bien sûr, une activité à hauts risques en Afrique du fait des lourdes peines encourues, mais les prix considérables que les acheteurs d'Extrême-Orient et du Yémen sont disposés à payer pour les cornes, en font un commerce profitable.

Pour rendre la chasse au rhinocéros moins intéressante pour les braconniers, des gardes-chasse en sont même venus dans certaines régions à endormir les rhinocéros pour leur couper les cornes, procédure nullement douloureuse pour les animaux, puisque les cornes, comme les ongles, ne se composent pas de cellules vivantes. Mais cette méthode n'a pas apporté le succès escompté : les braconniers, qui découvraient un rhinocéros sans corne le tuaient tout de même d'un coup de feu pour ne pas être amenés à suivre plus tard encore sa trace, et à perdre ainsi leur temps. Par moments on en est même venu à faire garder certains rhinocéros noirs vingt-quatre heures sur vingt-quatre par des gardes-chasse armés.

[modifier] Evolutions démographiques

L'IUCN a d'abord classé le rhinocéros noir parmi les espèces en danger, puis comme espèce menacée et, finalement, comme espèce extrêmement menacée. En 1970 on pense qu'il y avait encore 65.000 à 70.000 rhinocéros noirs, en 1980 il n'en restait plus que 15.000, en 1990 environ 3.000, et, finalement, en 1995, le nombre est tombé à seulement 2.500, pour remonter en 2004 à 3.600. Ils seraient 1.238 en Namibie, 437 au Kenya, mais rares en Tanzanie. [3].

Malgré cette remontée relative, les Rhinocéros noirs ont totalement disparus de beaucoup de pays. Ainsi, en République Centrafricaine, il y avait encore en 1980 une belle réserve de 3.000 rhinocéros qui ont été exterminés en seulement quelques années.

D'après le compte rendu fait par le WWF de la 13th MEETING OF THE CONFERENCE OF THE PARTIES TO CITES, tenue à Bangkok du 2 au 14 octobre 2004[4], le rhinocéros noir subsiterait dans les pays suivants : Cameroun, Kenya, Malawi, Ethiopie, Namibie, Afrique du Sud, Rwanda, Swaziland, Tanzanie, Zimbabwe, Zambie (re-introduit) et Botswana (re-introduit). Les 4 pays conservant une population relativement importante sont l'Afrique du Sud (surtout), la namibie, le Zimbawe et le Kenya.

Il aurait définitivement disparu des pays suivants : République Centrafricaine, Angola, Tchad, Republique Démocratique du Congo, Mozambique, Nigeria, Soudan et Ouganda.

En 2001 il restait sur l'ensemble de l'Afrique une population de 3.100 rhinocéros noirs (notamment dans les parcs des éléphants Addo, de Kruger, d'Etoscha, de Hwange, des Mana Pools, du Serengeti et du Sud Luangwa.) La réintroduction dans les parcs nationaux sud-africains a amélioré la situation générale, car à côté de la Namibie, l'Afrique du Sud est l'unique pays où des mesures de protection s'appliquent efficacement, et où le nombre de rhinocéros noirs s'accroît.

Le rhinocéros noir, victime du braconnage, aurait maintenant disparu d’Afrique occidentale. Des spécialistes, qui ont effectué de nombreuses missions de repérage, n'ont trouvé aucun signe de passage de rhinocéros noirs, mais ont par contre trouvé beaucoup de restes de l'animal abattu pour sa corne.

Selon une étude de 2006 qui n'a pas pu en trouver de représentant vivant au Nord Cameroun, la sous-espèce du rhinocéros noir d'Afrique de l'Ouest serait maintenant éteinte [2].

[modifier] Elevages en captivité

À côté des animaux vivant en liberté il y a les rhinocéros noirs qui se trouvent dans les plus grands zoos du monde. La plupart de ces animaux viennent de captures de jeunes, telles qu'on les pratiquaient en Afrique jusqu'aux années 1970. Pour ces captures, il était fréquent de tuer d'un coup de feu la mère pour l'empécher de protéger son petit.

Un élevage de rhinocéros noirs couronné de succès existe depuis 1941 au zoo de Chicago ; en 1956 le premier jeune « européen » est né à Francfort sur le Main. Le jardin zoologique de Berlin est connu dans le monde entier pour son élevage et ses naissances régulières.

Cependant, il reste quand même beaucoup moins souvent élevé en captivité que le Rhinocéros blanc, d'autant qu'il est plus agressif que son cousin.

[modifier] Références

  1. Source : The Department of Biodiversity & Conservation Biology - The University of the Western Cape - [1]
  2. abcd Source : International Rhino Foundation - voir tableau
  3. Source WWF - voir ici [PDF]
  4. compte rendu du 13th MEETING OF THE CONFERENCE OF THE PARTIES TO CITES, tenue à Bangkok du 2 au 14 octobre 2004

[modifier] Liens externes


  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Spitzmaulnashorn »., avec des ajouts.

[modifier] Bibliographie

  • (en) Richard Emslie et Martin Brooks et le IUCN/SSC African Rhino Specialist Group - African Rhino: Status Survey and Action Plan - publication IUCN, 1999 - ISBN: 2-8317-0502-9. Voir en format PDF ici