Discuter:Rex nemorensis

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Sommaire

[modifier] Traduction de l'article anglophone, à fondre avec l'ébauche existante par wikipédien compétent

Le rex Nemorensis, (c'est-à-dire « le roi de la forêt »), était une sorte de rex sacrorum qui servait de prêtre de la déesse Diane à Aricia en Italie, sur les rives du lac Nemi.

[modifier] Un prêtre qui devait tuer son prédécesseur

Il survivait une légende concernant le rex Nemorensis selon laquelle ce prêtre ou roi était dans une situation inconfortable. Macaulay, dans un quatrain célèbre sur l'institution du rex Nemorensis dit clairement :

Arbres à l'ombre obscure desquels
Règne le prêtre monstrueux,
Celui qui tua l'assassin,
Avant d'être tué lui-même.

C'est, en résumé, la légende du rex Nemorensis qui est parvenue : le sacerdoce de Diane à Nemi était exercé par quelqu'un qui obtenait cette charge en tuant au préalable en combat son prédécesseur, et qui ne pouvait la garder qu'aussi longtemps qu'il la défendrait victorieusement contre tous ses rivaux. Mais le candidat retenu devait d'abord faire ses preuves en cueillant un rameau d'or sur l'un des arbres de la forêt sacrée.

[modifier] Sources antiques de l'histoire

La légende du rex Nemorensis nous est contée dans un certain nombre de sources antiques. Le nom latin de la prêtrise est donnée par Suétone qui mentionne en passant, en parlant de Caligula : « Nemorensi regi, quod multos annos iam poteretur sacerdotio, ualidiorem aduersarium subornauit (Il fit en sorte que le roi de Nemi, qui avait occupé son sacerdoce pendant de nombreuses années, fût remplacé par un adversaire plus fort. » Ovide, lui aussi, donne une version poétique de la prêtrise de Nemi dans ses Fastes, livre III, notant que le lac de Nemi était « sacré pour la religion antique », et que le prêtre qui y habitait :

Regna tenent fortes manibus pedibusque fugaces,
Perit et exemplo postmodo quisque suo
.
(« tenait son règne par la force de ses mains et l'agilité de ses pieds,
et mourait d'après l'exemple qu'il avait donné lui-même ».)

En grec, la géographie de Strabon mentionne également cette institution : « et en fait c'est un élément barbare et scythe qui prédomine dans les usages sacrés, car le peuple met simplement en place comme prêtre un esclave fugitif qui a tué de ses propres mains l'homme qui exerçait l'office avant lui. C'est pourquoi le prêtre est toujours armé d'une épée, regardant autour de lui pour ne pas être attaqué, et prêt à se défendre lui-même. » (Geographia V, 1, 2)

Pausanias rapporte un mythe peu clair qui tente d'expliquer la fondation du sanctuaire. «Les Ariciens nous racontent.... que lorsque Hippolyte (fils de Thésée), eut été tué, en raison de la malédiction de son père, Asclepius le ressuscita. Revenu à la vie, il refusa de pardonner à son père ; ayant rejeté les prières de ce dernier, il se rendit chez les Ariciens en Italie. Là, il devint roi et consacra une enceinte à Artémis, où jusqu'à mon époque la récompense pour le vainqueur en combat singulier était le sacerdoce de la déesse. Le concours n'était ouvert à aucun homme libre, mais seulement aux esclaves qui s'étaient enfuis de chez leurs maîtres. « (Description de la Grèce, II, 27, 4) Dans la mythologie romaine, Hippolyte fut déifié comme le dieu Virbius ; Artémis et Diane étaient respectivement les noms grecs et latins de la même déesse. Une autre histoire repose sur le culte de Diane à Nemi, institué par Oreste, la fuite de l'esclave symbolise la fuite d'Oreste.

C'est toutefois dans l'Énéide de Virgile qu'on trouve le souvenir le plus ancien et de quelque étendue sur la prêtrise de Nemi. Dans l'Énéide, Énée, un fuyard célèbre après la chute de Troie, visite le bois sacré à Nemi et cueille le rameau d'or. (Énéide, livre VI, 124 et suiv.) Mais il ne s'en sert pas comme un élément d'un combat rituel pour devenir rex Nemorensis, mais il en fait don à la Sibylle de Cumes, qui lui apprend la façon de voyager dans le royaume des morts , où il converse avec le fantôme de son père Anchise. Cependant, lors de la conclusion du poème, Énée tue en combat Turnus, et celui-ci de façon allégorique représente les Étrusques : d'ailleurs le thème de la supplantation de ceux qui occupaient auparavant le Latium reste remarquablement présent dans l'Énéide. Virgile place également Hippolyte dans le bosquet d'Aricie, et l'y fait rencontrer à Énée. (Énéide, livre VII, 761 et suiv.)

[modifier] Interprétations plus récentes

Le sacrifice humain qui se faisait à Nemi était considéré comme fort inhabituel par les Anciens. Les légendes qui étaient parvenues laissent penser qu'on le jugeait extrêmement primitif, même sanctifié par des siècles de tradition. Suétone donne comme exemple les défaillances morales de Caligula dont il nous parle. Strabon traite cette coutume de scythe, ce qui montre qu'elle était barbare selon lui. Le caractère violent de cette institution singulière pouvait à peine se justifier en faisant référence à sa grande ancienneté et à sa sainteté dans la mythologie. Les sources antiques semblent également s'accorder pour dire qu'un esclave en fuite qui cherchait refuge dans un poste aussi périlleux ne pouvait être qu'un homme désespéré.

Cependant, Sir James George Frazer, dans son ouvrage The Golden Bough, a soutenu que l'histoire de la prêtrise de Nemi était en fait la manifestation d'un mythe répandu dans le monde entier selon lequel un roi des sacrifices devait mourir régulièrement dans le cadre d'un rite de fertilité. Alors que l'anthropologie la plus récente est sceptique quant à cette hypothèse hardie de Frazer, cette dernière n'a cessé d'influencer largement la littérature. Et c'est pourquoi cette notion littéraire de roi des sacrifices qui doit régulièrement être tué par son rival dans le cadre d'un rite de fertilité est probablement beaucoup plus familière aux lecteurs contemporains qu'elle ne l'était pour les Anciens.