Rawa Ruska (camp de concentration)

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Rawa Ruska est une localité qui fit successivement partie de la Pologne, fut annexée par l'Union soviétique en 1939, occupée par les troupes allemandes durant la guerre, revenue à l'Union soviétique, et, finalement, se trouve aujourd'hui en Ukraine.

En septembre 1939, lorsque les Allemands envahirent la Pologne, les Soviétiques, conformément aux dispositions secrètes du pacte signé le 23 août 1939[1], firent de même dans la partie orientale de la Pologne qu'ils annexèrent. En Galicie, ils édifièrent une caserne à Rawa-Ruska, qui fut transformée en camp d'internement pour les soldats soviétiques faits prisonniers après que l'Allemagne eut lancé son offensive contre l'URSS en juin 1941.

Une commission d'enquête, qui œuvra du 24 au 30 septembre 1944, estime que 18 000 soldats soviétiques furent fusillés ou périrent de mauvais traitements ou de maladie à Rawa Ruska et aux alentours en 1941-1942, tandis qu'une dizaine de milliers de juifs, au moins, résidant dans la région, à Lwow[2] notamment, étaient eux aussi exécutés.

[modifier] Un camp de représailles

Monument commemoratif de Rawa Ruska (Lwow) créé par le sculpteur Marcel Mayer durant sa détention à la Forteresse de Lemberg.
Monument commemoratif de Rawa Ruska (Lwow) créé par le sculpteur Marcel Mayer durant sa détention à la Forteresse de Lemberg.

En mars 1942, les autorités allemandes décidèrent de déporter à Rawa Ruska, transformé en camp de représailles (stalag n° 325), les prisonniers de guerre français internés en Allemagne qui avaient tenté de s'évader ou refusaient de travailler. Le premier convoi arriva à Rawa-Ruska le 13 avril 1942. En juin 1942, les prisonniers français et belges étaient environ 10 000, et l'on commença à les répartir dans des "sous camps" créés dans la région ; en janvier 1943, les détenus dans les différents camps étaient au nombre de 24 000, dont près de la moitié à Rawa-Ruska même.

Les conditions de vie étaient particulièrement dures, en raison du climat d'abord (les températures de - 20° à - 30° étaient fréquentes pendant les cinq mois d'hiver, et la chaleur torride en été), d'une nourriture insuffisante et du travail forcé auquel étaient contraints les prisonniers. À Rawa-Ruska, les robinets d'eau étaient rares, et bien insuffisants pour quelques 10 000 hommes, ce qui devait amener ultérieurement Winston Churchill à décrire dans un discours le camp de Rawa-Ruska comme celui "de la goutte d'eau et de la mort lente".

Dans une lettre édifiante au Procureur général du procès de Nuremberg, le chef du camp, le lieutenant-colonel Borck, peu avant son exécution, écrivait ceci : "Rawa-Ruska restera mon œuvre, j'en revendique hautement la création, et si j'avais eu le temps de la parachever, aucun Français n'en serait sorti vivant. Car je peux bien le dire maintenant, puisque je vais mourir, j'avais reçu des ordres secrets de Himmler d'anéantir tous les terroristes français".

Devant l'avance de l'armée rouge, Rawa Ruska fut abandonné par les prisonniers le 19 janvier 1943 et ses occupants transférés par les Allemands dans divers camps (dont la citadelle de Lwow). Ceux que l'armée rouge libéra furent retenus jusqu'à ce qu'ils puissent être rapatriés en France ou en Belgique, le 2 juillet 1945.

Association de "Ceux de Rawa-Ruska En mémoire des valeureux combattants qui sont passés par le camp de Rawa-Ruska durant la 2e guerre mondiale, l' association "Ceux de Rawa-Ruska" présidé jusqu'en 2007 par Jean-Marc FREBOUR, a vu le jour. Cette association regroupe donc l'ensemble des anciens combattants qui se sont retrouvés déportés dans ce camp et leurs descendants, de plus en plus nombreux. En 2007, seuls 2% des anciens déportés vivaient encore soient env 500 personnes sur 25 000 initialement. Elle a pour objectif d'entretenir le dévoir de mémoire.

Son siège National: Association "Ceux de Rawa-Ruska, 17, rue des petits hôtels, 75010 PARIS

  1. Voir l'article pacte germano-soviétique
  2. Lwow en polonais, Lviv en ukrainien, naguère Lemberg en allemand.

[modifier] Bibliographie

  • Daniel Bilalian, Le camp de la goutte d'eau, Presse de la Cité, 1980.
  • Soviet War News Weekly, 4 janvier 1945.
  • Lettre adressée au procureur général chargé du procès de Nuremberg par l'ancien responsable du camp de Rawa-Ruska, le lieutenant-colonel Borck, le 25 septembre 1946. [1] (Borck fut condamné à être pendu).

Livres:

L' ENFER DE RAWA RUSKA Chronique de guerre, d' évasions et d' espoir. De Raymond JARNY. Presse de VALMY


LE REFUS 1940- 1945 De L. JOSSO Préface de Marie- Elise COHEN Imprimerie " La Presqu'ile à Guérande


[modifier] Liens