Ratu Kidul

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Ratu Kidul, la Reine du Sud, est une reine-déesse, figure mythique du javanisme, surnommée la reine des mers, elle est renommée pour être la protectrice de l'île de Java et confére depuis des siècles leur légitimé aux rois de Java.

De nombreux miracles lui sont imputés et il est dit qu'elle contrôle les courants violents autour de l'île, en particulier ceux autour de la plage de Parangtritis au sud de Yogjakarta. Parmi les miracles récents attribués à Ratu Kidul, elle aurait empêché l'armée coloniale hollandaise de pénétrer dans le kraton (palais royal) de Yogyakarta où s'était réfugié Soekarno, le premier président de la République d'Indonésie (de 1945 à 1967).

On ne connaît pas le nombre de Javanais pratiquant le kejawen. L'organisation musulmane traditionaliste Nahdatul Ulama ne le dénonce pas particulièrement. En 1999, peu avant son élection à la présidence de la République, Abdurrahman Wahid (surnommé "Gus Dur"), dirigeant de la Nadhatul Ulama, a fait une offrande de riz à Ratu Kidul.

Sommaire

[modifier] La légende

Selon la tradition javanaise, Ratu Kidul [1][2]serait née au XVIe siècle[réf. nécessaire] et se serait convertie à cette religion. Elle aurait alors « fait vœu de prendre pour amant un beau roi musulman et à sa mort ses successeurs jusqu'à la fin des temps ».

Son premier mari fut Senopati, roi de Mataram, qu'elle aurait épousé en 1583. Elle lui apparut à Parangtritis, surgissant de l'océan en ébullition, après une séance de méditation. Ils connurent une union mystique, lors de laquelle « au plus profond de leur coït, les deux amants ont accompli la charge martiale et érotique de Java ». Depuis, le rituel de cette union est renouvelée depuis quatre siècles, chaque année au jour anniversaire du dernier descendant de la dynastie des sultans de Mataram. À cette occasion, une foule immense se rend en procession sur la plage sacrée, et les dirigeants indonésiens n'oublient pas d'invoquer ses bénédictions.

En réalité, les premiers Etats musulmans de Java, notamment Demak, ont été fondés au XVe siècle. Au XVIe siècle, Mataram n'était plus qu'une petite seigneurie du centre de Java, vassale de Demak. Senopati et surtout son fils le Sultan Agung vont entreprendre une série de campagnes pour soumettre les différentes principautés javanaises. Culturellement, cette "reconquista" est l'expression d'une réaction au cosmopolitisme des ports musulmans de la côte nord de Java, cités marchandes ouvertes sur le monde, que les princes de l'intérieur considéraient comme une menace pour la tradition javanaise. On peut donc penser que le mythe de Ratu Kidul traduit ce désir de "retour aux sources" javanaises et légitime le pouvoir des rois de Mataram.

Icône de détail Article détaillé : culture javanaise.
Icône de détail Article détaillé : histoire de Java.

[modifier] L'hostilité des musulmans orthodoxes

Le kejawen ("javanisme"), comme on appelle la religion traditionnelle javanaise, est une sorte de soufisme intégrant des élément d'animisme, de bouddhisme, d'hindouisme, d'islam et de christianisme. Les nuits qui précèdent un vendredi coïncidant avec le jour kliwon de la semaine javanaise de cinq jours, les Javanais croient que chaque recoin de rizière et de jungle s'ouvre alors à un monde peuplé de créatures maléfiques ou bénéfiques.

À Parangtritis au sud de Yogyakarta, haut lieu de la dévotion à Ratu Kidul, protectrice de l'île de Java, chaque parcelle de la plage est dédié à l'amour charnel, ce qui ne plaît guère aux musulmans orthodoxes de la Muhammadiyah[réf. nécessaire], organisation socio-culturelle musulmane créée en 1912, portée par le renouveau de la foi islamique, perceptible dans l’ensemble du monde musulman, très influente en milieu urbain, et qui revendique désormais 29 millions de membres. Des groupes islamistes depuis peu s'installent à Parangtritis lors des nuits de vendredi kliwon[réf. nécessaire] au cœur même du territoire sacré des javanistes.

[modifier] Bibliographie

  • Le Livre de Centhini, ou les mille et une nuits de Java, un chef-d’œuvre de la littérature javanaise qui évoque les connaissances ancestrales et les trésors de l’île[réf. nécessaire]
  • D. Inandiak, Elisabeth, Les contes de l'île à dormir debout, Editions du Relié, 2002
  • Resink, G. J., "Kanjeng Ratu Kidul : The Second Divine Spouse of the Sultans of Ngayogyakarta" in Asian Folklore Studies, Vol. 56, No. 2, 1997

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes