Utilisateur:Rainer Michael Mason

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BRAM VAN VELDE • BIOGRAPHIE


1895 19 octobre: Bram [Abraham Gerardus] van Velde vient au monde, Hoge Rijndijk 265a, à Zoeterwoude, près de Leyde. Sa mère, Catharina von der Voorst (1867-1949) est la fille illégitime d’un comte; son père, Willem van Velde (168-1914), a une petite entreprise de transport fluvial sur le Rhin. Bram est le second enfant (sa sœur Cornelia naît en 1892). En faillite, après de graves difficultés, le père abandonne les siens. Sa famille, qui aura plusieurs domiciles, à Leyde, Lisse, puis La Haye, connaît une terrible misère qui marquera profondément Bram. Quelques bonheurs sont liés à la peinture: à l’âge de cinq ans, l’enfant reçoit sa première boîte de crayons de couleur; plus tard son père lui témoigne du plaisir devant sa peinture d’un moulin.

1898 Naissance de son frère Geer, qui sera peintre également et longtemps compagnon de BvV (meurt en 1977).

1903 Naissance de sa sœur Jacoba, qui deviendra écrivain et traductrice, notamment de Beckett (meurt en 1985).

1907 Après l’école primaire, Bram entre comme apprenti dans la firme de peinture et de décoration intérieure Schaijk & Kramers, à La Haye. Eduard H. Kramers et son fils Wijnand, collectionneurs et amateurs d’art, sensibles à son talent, vont encourager BvV et seront régulièrement ses mécènes jusque vers 1934.

1914 BvV est réformé (il est soutien de famille). Peintre «en bâtiment» et décorateur de meubles et d’appartements, BvV se passionne pour la peinture. Il copie les maîtres anciens au Mauristhuis de La Haye (enregistré au musée le 6 décembre).

1922 Kramers incite BvV à voyager, peut-être pour se perfectionner; il lui verse une petite rente. BvV se rend à Munich (2 mai), puis se fixe au nord de Brême, à Worpswede (5 juin; Gasthaus zum Hemberg), où depuis les années 1890 existe une colonie d’artistes. Ce séjour dans un milieu «expressionniste» déterminera chez BvV son passage à la modernité.

1924 BvV quitte Worpswede après le 12 septembre et s’installe à Paris. Il descend à l’hôtel Minerva, rue Lepic 86.

1925 Juin: BvV se trouve un atelier à Bellevue (Meudon), route des Gardes 33.

1926 BvV se déplace, toujours à Bellevue, au 2, sentier des Voisinoux.

1927 Février: BvV se rend à Brême où il expose. En avril, il participe à la Jury-Freie Kunstschau de Berlin. Il est admis, ainsi que Geer, au Salon des Indépendants, à Paris, où ils exposeront plusieurs fois, à tout le moins en 1928, de 1929 à 1932, en 1940 et 1941. Il va à Chartres en compagnie d’Otto Freundlich. C’est à cette époque qu’il découvre Matisse, probablement chez Paul Guillaume. Rencontre essentielle pour son œuvre, tout comme, au cours des années à venir, son attraction-refus pour Picasso.

1928 6 octobre: BvV épouse Lilly [Sophie Caroline] Klöker (1896-1936), peintre allemande, sa compagne depuis Worpswede sans aucun doute.

1930 Les conditions de vie deviennent particulièrement difficiles. Après un voyage en Hollande (mars-avril?), poursuivi vers la Côte d’Azur, BvV et sa femme séjournent à Ajaccio, du 8 avril à décembre, Villa des Violettes, au Belvédère, chemin du Salario.

1931 De retour à Paris, le couple s’installe en début d’année rue Barrault 22, près de la place d’Italie.

1932 Bram et Lilly, à bout de ressources, décident d’aller vivre en Espagne où les conditions d’existence semblent plus faciles. En septembre, ils sont à Majorque, et choisissent Cala Ratjada pour s’établir.

1936 C’est la guerre civile espagnole. 20 juillet(?): Lilly meurt à l’hôpital. Bram, avec quelques toiles, est rapatrié sur un bateau de guerre. De Marseille, il regagne Paris. Il s’installe chez Geer, boulevard Arago. Période de grande misère (qui s’étendra, avec des hauts et des bas, jusqu’à la fin des années 1950). A l’automne, il fait la connaissance de Marthe [Kuntz] Arnaud (1887-1959), ancienne missionnaire luthérienne au Zambèze, qui deviendra sa compagne.

1937 Avril: BvV a dès lors pour adresse avenue Aristide Briand 111, à Montrouge. Par Marthe et Geer, il rencontre Samuel Beckett. Un jour, entre l’automne 1938 et le printemps 1939, l’écrivain, qui deviendra son ami, rend visite à BvV et lui achète un tableau.

1938 Juin (avant le 16)-juillet: en sortant de la gare de Saint-Jean-Pied-de-Port, BvV et Marthe, qui parlent allemand, sont interpellés. BvV, dont les papiers ne sont pas en règle, est emprisonné quatre semaines à Bayonne. Pendant les années qui suivent, BvV fait quelques séjours à L’Amélie.

1939 BvV peint la première (cat. no 55) des trois grandes gouaches qui fondent l’autonomie de son langage plastique propre. 1941 «Après l’automne», BvV n’a «plus la force de poursuivre son œuvre», selon ce qu’il écrira vers 1945 à P. A. Regnault, un collectionneur hollandais.

1944 20 juillet: Jean Bauret achète un tableau (cat. no 44).

1945 BvV rencontre Edouard Loeb, Christian Zervos et Marcel Michaud: une exposition est prévue. Il se remet à peindre, probablement à l’automne.

1946 21 mars: ouverture de la première exposition personnelle de BvV à Paris, à la Galerie Mai, avec 25 peintures, la quasi-totalité de son œuvre. Echec. Mai: BvV séjourne à la montagne. Premier texte de Beckett sur BvV, dans les Cahiers d’art de Zervos.

1947 Contrat de cinq ans avec la Galerie Maeght, Paris.

1948 Mars: première exposition américaine de BvV, chez Kootz, à New York. Echec commercial, malgré la réaction favorable d’un Willem de Kooning. 21 mai: première visite de Georges Duthuit chez BvV, avec Beckett. Exposition chez Maeght à Paris. Aucune vente. BvV restera un an sans peindre. Pendant quelques années, de loin en loin, BvV et Marthe aiment à se retirer à By, près de Fontainebleau.

1949 BvV fait la connaissance de Jacques Putman (1926-1994).

1952 BvV expose chez Maeght une poignée d’œuvres, dont trois grandes toiles distinctives de son langage «classique» (cat. nos 74, 76, 77). Les participants au vernissage (Giacometti, Beckett, Duthuit, Tal Coat, Geer, JP) sont rares. Une huile (cat. no 77) est vendue à un amateur hollandais. Devant l’échec, Aimé Maeght rompt le contrat avec BvV, mais conserve son stock. Jacques Putman, dès lors, s’occupera de BvV comme Théo de Vincent.

1953 BvV, après un voyage en Italie (Venise) avec JP, à l’automne, passe l’hiver 1953-1954 à Brosses (Yonne). JP présente BvV à Michel Guy.

1954 Mai-juin: BvV est près de Munster avec Marthe, puis sans doute à Groslay (juillet-août). Il loue un atelier rue d’Isly, Paris. Il passe l’hiver à Brosses.

1956 BvV dispose d’un nouvel atelier, boulevard de la Gare 143, à Paris (Marthe garde encore le local de Montrouge).

1958 Franz Meyer organise la première exposition de musée de BvV, sa rétrospective à la Kunsthalle de Berne. Juin: BvV s’isole à Fox-Amphoux, en Provence, ne supportant plus le climat de violence provoqué à Paris par la guerre d’Algérie.

1959 Juillet: Marthe quitte Fox-Amphoux (où BvV reste encore), passe quelques semaines à Aix-en-Provence et rentre à Paris, où elle meurt le 11 août, renversée par une voiture. A l’automne, BvV occupe la maison de JP à Tardais pour préparer sa rétrospective qui s’ouvre en décembre au Stedelijk Museum d’Amsterdam. BvV atteint à cette époque sa maturité de peintre (cat. nos 89, 91, 92). Il passe Noël à Genève, où il va faire la connaissance de Madeleine Spierer, qui deviendra sa compagne.

1960 Retour à Paris, BvV est passagèrement installé à Belleville, avec JP, avant de vivre chez ce dernier, rue des Grands-Augustins. Jusqu’en 1966, après avoir décidé de se fixer à Genève, BvV va multiplier les allers et retours entre Paris et la Suisse.

1961 Dès cette date, le rythme des expositions de BvV ira croissant (il se rendra souvent aux vernissages) et le confort de sa vie sera mieux assuré.

1962 Février: premier voyage de BvV à New York, avec JP et Alechinsky, où il rencontre de Kooning. Il reçoit un atelier rue Gît-le-Cœur, Paris. Octobre: première exposition de BvV à Genève, chez Krugier & Cie.

1963 Premier film sur BvV, de Jean-Michel Meurice. Voyage en Italie avec Madeleine. BvV commence à peindre à Genève, sans abandonner Paris.

1964 25 octobre: BvV rencontre Charles Juliet, à la veille d’un nouveau voyage à New York, à la faveur d’une grande exposition itinérante dans des musées des Etats-Unis. La France le nomme chevalier dans l’Ordre des arts et des lettres.

1965 BvV occupe un atelier au boulevard Edgar Quinet 29, Paris. Il passe l’été chez Alechinsky à Bougival. Il choisit de demeurer à Genève, chez Madeleine, à La Chapelle-sur-Carouge, chemin Rossini 8.

1966 Michel Guy prête à BvV un atelier à Ivry: il y exécute deux huiles (cat. no 112).

1967 24 mai: les autorités genevoises enregistrent la domiciliation de BvV. La suite des gravures Prisunic dont s’occupe JP marque les vrais débuts de la production lithographique de BvV qui comptera quelque 400 numéros à sa mort.

1969 BvV réalise à La Chapelle-sur-Carouge une série de lavis d’encre de Chine. La Hollande lui décerne l’Ordre d’Orange-Nassau.

1970 Un groupe de trois grandes toiles (ses ultimes huiles) est probablement la dernière production de BvV dans son atelier de Carouge (cat. nos 118-120). Il préférera désormais le garage de la villa de La Chapelle-sur-Carouge. Première rétrospective de BvV dans une institution française, au Musée national d’art moderne, Paris (présentée en 1971 au Musée Rath, Genève).

1973 BvV peint à La Chapelle-sur-Carouge quelques grandes gouaches qui sont comme un dernier déploiement «sauvage» de la couleur dans son œuvre (cat. nos 124-126). Aimé Maeght reprend BvV dans sa galerie près de vingt ans après l’avoir quitté. 12 décembre: BvV reçoit le Grand Prix national des arts, Paris. Novembre: il séjourne au Poutassaou, à Grimaud, jusqu’en mai 1974.

1975 23 mai: les sociétés académiques de Belles-Lettres de Lausanne, Genève et Neuchâtel remettent à Rolle le Prix de Belles-Lettres à BvV. Son quatre-vingtième anniversaire s’accompagne d’un hommage collectif (Fata Morgana, Montpellier) et d’une monographie par JP et Juliet. Le Musée d’art et d’histoire fait l’acquisition d’un ensemble de six tableaux, dont deux à double face.

1977 Janvier: BvV se rend à Amsterdam pour une exposition; il y retrouve Jacoba. 5 mars: mort de Geer à Cachan. 8 avril: Madeleine rompt avec BvV, qui rentre à Paris chez JP, rue des Grands-Augustins. Pendant l’été, il peint à Arles et à Grimaud, où des amis l’entourent. Il en ira de même les étés 1978 et 1979.

1979 Mai: BvV se rend à Cracovie pour une exposition de ses lithographies. Il y rencontre Tadeusz Kantor. Juillet: voyage à Reykjavik, avec JP, Catherine Béraud, Antonio Saura et Yves Rivière. Il peint à Grimaud deux grandes gouaches qui seront son «chant du cygne» (cat. nos 134, 135).

1980 Janvier: BvV est fait chevalier de l’Ordre du Faucon islandais. Il s’installe définitivement à Grimaud. Octobre: l’exposition chez Maeght, en l’honneur de ses quatre-vingt-cinq ans, le ramène pour la dernière fois à Paris.

1981 Dernières gouaches, de petit format. BvV s’éteint le 28 décembre à Grimaud, peu après 14 heures. JP et Catherine Béraud sont présents. 30 décembre: sa dépouille est déposée au vieux cimetière d’Arles dans le caveau des Béraud. Jacques Putman meurt le 27 février 1994 à Paris; il repose auprès de lui.


Publié in Rainer Michael Mason Bram van Velde | 1895-1981 • Rétrospective du Centenaire, catalogue d’exposition, avec quinze contributions d'auteurs divers, Genève 1996, Musée Rath (Musée d'art et d'histoire), pp. 305-307