Révolte de Therissos

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La révolte de Therissos (en grec : Η Επανάσταση του Θερίσου) est un épisode de l'histoire de la Crète. C'est une insurrection qui éclate en mars 1905 contre le gouvernement de la Crète, alors autonome. Elle est menée par Eleftherios Venizelos et tire son nom du village natal de Venizelos, Therissos qui est le siège de cette révolte.

Sommaire

[modifier] Contexte

Icône de détail Article détaillé : Crète autonome.

En 1897, la Crète cesse d'être sous domination ottomane. La Crète souhaite être rattachée à la Grèce, mais les Grandes puissances européennes s'y opposent. Un compromis aboutit à la création d'un état autonome, sous suzeraineté ottomane et dont Georges de Grèce est nommé Haut-Commissaire de Crète.

[modifier] La révolte

Foumis, Venizelos et Manos, à Therissos en 1905
Foumis, Venizelos et Manos, à Therissos en 1905

Au printemps 1905, une insurrection éclate contre le gouvernement crétois. Elle est menée par Eleftherios Venizelos qui dénonce la corruption de l'entourage du Prince Georges[1] et l'incapacité de ce dernier à faire accepter aux Grandes puissances l'idée d'annexion de la Crète par la Grèce[2]. La rebellion éclate le 10 mars 1905 et regroupe les opposants de Georges de Grèce l'accusant d'autoritarisme et de mesures anti-démocratiques. Mais l'idée conductrice de cette rébellion est le rattachement de la Crète à la Grèce. L'opposition décide de ne pas prendre part aux élections prévues le 20 mars et qui doivent désigner les 64 députés crétois, plus 10 désignés directement par le Prince Georges[3]. Ils appellent au boycott des élections et se réunissent dans le village de Therissos qui devient le centre de la lutte armée contre le gouvernement en place. Environ un millier d'hommes, dont la moitié sont armés, forme le noyau de cette rébellion, autour de Vénizelos, Konstantinos Foumis, et Konstantinos Manos[4]. Vénizélos y organise un gouvernement provisoire qui imprime ses propres timbres et son journal. Foumis, ancien procureur, membre du parlement et ancien ministre est en charge de l'aspect financier; Manos, ancien maire de La Canée est en charge de l'aspect militaire; enfin Venizelos s'oocupe de la partie politique[5]. La révolte s'étend au reste de l'île, gagnant le soutien de personnalités locales, dont les évêques de Rethymnon et de Lassithi.
Georges déclare la loi martiale, mais la présence de deux gouvernements parallèles amène à un semblant de guerre civile au sein de la population et quelques affrontements font quelques victimes dans la région de La Canée[6].

Le village de Therissos est choisit par Vénizelos pour sa position stratégique, à 14 km de La Canée, pour ses fortifications naturelles au pied des montagnes blanches et son accès faciles vers les autres villages et vallées aussi bien autour de La Canée que vers Sphakia[7].

La Russie est la nation qui réagit le plus à ces évènements. Début juin, des troupes russes débarquent en Crète, prennent quelques vilages et la flotte russe bombarde quelques autres. Les britanniques, malgré leur soutient au régime en place, ne prennent que des mesures de faux-semblant. Quant aux Français et aux Italiens, ils évitent de s'engager dans toute activité anti-révolutionnaire[8]. Les grandes puissances, réalisant la perte de soutien populaire de Georges, organisent des négociations. Une commission internationale se rend sur l'île et préconise la refonte de la gendarmerie crétoise afin qu'elle soit dirigée par des officiers grecs, et le retrait des forces internationales présentes sur l'île depuis 1897[9].

Comité de rédaction de la constitution crétoise, 1906
Comité de rédaction de la constitution crétoise, 1906

Le 26 juillet 1906, la seconde assemblée constituante se réunit pour établir une nouvelle constitution. Le 14 août, les grandes puissances laisse à Georges Ier de Grèce le choix du nouveau gouverneur de Crète. Après ces évènements, le Prince Georges démissionne de ses fonctions le 12 septembre 1906[9].

[modifier] Épilogue

Georges de Grèce est remplacé par Alexandre Zaimis, ancien président du conseil hellénique[1], pour une durée de cinq ans. L'assemblée constituente lui soumet la nouvelle constitution le 2 décembre 1906. En juillet 1907, les troupes européennes se retirent après avoir obtenu des garanties concernant le sort de la population musulmane[10].

En 1913, après la Première guerre balkanique, la Crète obtient l'union officielle avec la Crète.

[modifier] Sources

[modifier] Références

  1. ab J. Tulard, op. cit., p.117
  2. (en)The Cretan Question, 1897-1908
  3. Detorakis, op. cit., p.411
  4. (en)Eleftherios Venizelos during the years of the High Commissionership of Prince George (1898-1906)
  5. (en)Eleftherios Venizelos during the years of the High Commissionership of Prince George (1898-1906)
  6. Detorakis, op. cit., p.413
  7. (en)Eleftherios Venizelos during the years of the High Commissionership of Prince George (1898-1906)
  8. (en)Eleftherios Venizelos during the years of the High Commissionership of Prince George (1898-1906)
  9. ab Detorakis, op. cit., p.415
  10. Detorakis, op. cit., p.417

[modifier] Bibliographie

  • (fr)Jean Tulard, Histoire de la Crète, PUF, 1979 (ISBN 2-13-036274-5)
  • (en)Theocharis E. Detorakis History of Crete, Iraklion, 1994

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes