Quentovic

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Quentovic est une ville ancienne du VIIe au IXe siècle, disparue depuis mille trois cents ans. C'était un des ports de mer principaux des Carolingiens. Comme Dorestad, Quentovic est une possession personnelle de Charlemagne.

[modifier] Histoire

La ville citée la première fois par Théodore de Tarse, en 670, à l'embouchure de la Canche, entre la Morinie et le Ponthieu.

La présence d'un atelier de monnaies atteste son existence. Le commerce de la laine anglaise, de l'ambre de la Baltique et de l'étain de l'île de Wight semble confirmé.

À l'époque, cette partie de la vallée de Canche était totalement immergée à marée haute.

Elle a reçu une partie de la flotte romaine, la Classis Sambrica, fin IIIe début IVe siècle.

Quentovic était ainsi une ville portuaire au commerce prospère, célèbre sous Dagobert II (652-679), et qui disposait d'un hôtel de monnaie et de bureaux de péage[1].

Elle devint le centre principal des échanges commerciaux entre les Îles britanniques et le monde carolingien. Ce port, appelé Vicus par les Carolingiens, faisait partie des nouveaux établissements commerciaux qui sont apparus par cette époque dans la zone de la Mer du Nord et la Baltique, avec Ribe, Hedeby, Dorestad, Birka et Hamwith.

Sa fonction semble avoir été uniquement commerciale, administrative et financière. Les fonctions militaire et religieuse semblent se localiser ailleurs : peut-être à Montreuil-sur-Mer par exemple qui contiendrait les traces d'un oppidum, voire d'un camp romain[2].

On sait qu'à Quentovic comme à Dorestadt, les droits de péage étaient considérables et que le « tonlieu », impôt sur le transport des marchandises, s'élevait à 10 % ad valorem. Aussi, un très haut fonctionnaire qualifié de « epraefectus » ou de « Dux » résidait-il dans le port. La frappe des monnaies représentait, elle aussi, une source d'importants bénéfices pour le pouvoir. Une telle prospérité explique la fréquence des invasions normandes qui ravagèrent le pays.

On a aussi la preuve de la présence à Quentovic dans les toutes dernières années du IXe siècle et les premières du Xe siècle, des rois Vikings, d'origine Danoise de l'Est de l'Angleterre (Northumbrie) Cnut et Siefred qui occupèrent bien le grand port vers 898, époque où se situe précisément le siège de Montreuil par les mêmes rois précités.

Longtemps, les historiens de Quentovic ont pensé que son atelier monétaire avait disparu définitivement à la suite d'une destruction présumée du port par les Vikings. La découverte à Fécamp en 1963 d'un important trésor dont 8584 pièces ont pu être récupérées, infirme de façon indiscutable cette prétendue disparition et apporte la preuve irréfutable que Quentovic, avec des fortunes diverses continua d'exister dans les deux premiers tiers du Xe siècle et que son atelier monétaire fonctionna jusqu'à une date voisine de 980, date du rattachement de Montreuil-sur-Mer au domaine d'Hugues Capet, alors simple duc de France et qui devait, en 987, être élu roi et fonder la dynastie capétienne.

Les villes de Monteuil-sur-mer et Quentovic ont cependant cohabité comme l'atteste l'existence aussi à Montreuil de fours de poterie et d'un atelier monétaire.

Cette ville champignon, Vicus célèbre, a disparu aussi rapidement que lors de sa nouvelle prospérité, et a vraisemblablement succombé aux nombreuses incursions pirates et normandes en 842, 840, (844?), 864, 881, 890, et 894.

Boulogne-sur-Mer puis Montreuil-sur-Mer ont récupéré ensuite cette fonction de centre commercial.

[modifier] Localisation

En 2004, pour la première fois, des vestiges ont été localisés à La Calotterie, entre Montreuil-sur-Mer et Le Touquet, au Mont de Beck, Visemaretz. Avant on situait Quentovic soit à Montreuil-sur-Mer ou à Étaples-sur-Mer. L'implantation de départ serait donc très ancienne de par la très grande proximité d'un four Gallo-Romain. On émet ainsi l'hypothèse d'un port des Morins à l'origine.

Dans la région plusieurs noms de lieux rappelle cette ville : places Quentovic à Montreuil-sur-Mer et Le Touquet.

[modifier] Références

  1. Qentovic - Monnayage immobilisé au nom de Charles le chauve (Xe siècle)
  2. Jean Leroy, Quand Montreuil était sur mer - Quentovic [détail des éditions]
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