Qarakhanides

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Drapeaux des Qarakhanides (Ouest et Est)
Drapeaux des Qarakhanides (Ouest et Est)

Les Qarakhanides ou Karakhanides (turc Karahanlılar) sont une dynastie de Transoxiane d’origine turque qui régna entre 840 et 1212 en Asie centrale.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le nom de la dynastie, "Qarakhan", dérive du nom de combat d’Idat Shad, qui en 681 lutta contre les Chinois sous le nom de Qarakhan <=> "Prince noir".

[modifier] Histoire

Les Qarakhanides proviennent du peuple des Karlouks qui, au VIIIe siècle, faisait partie du royaume ouïgour de Mongolie et s’installa par la suite en Kachgarie.

En 840, les Karlouks, et avec eux les futurs Qarakhanides, gagnèrent leur indépendance par rapport aux Ouïgours apparentés. Dès 850, ils eurent pour premier prince Kül-Bilge Qara-Khan (règne 850-880).

Le royaume des Qarakhanides constituait, selon les anciennes traditions turques, un double khanat, où l’est était gouverné par le grand khan qui résidait à Kara Ordu et l’ouest par un khan associé installé à Kuz Ordu. Ce royaume dirigeait formellement une masse de populations turques ou des fractions d’autres peuples turcs: Basmil, Tcharuk, On-Oq, Türgech, Tabghatch et Tchigil par exemple.

Le royaume des Qarakhanides
Le royaume des Qarakhanides

En 920, les Qarakhanides dirigés par Satuq Bughra Qara-Khan 'Abd al-Karim (règne 920-956) se convertirent collectivement à l’Islam. Sous le règne de Harun Ier (982993), les Qarakhanides prirent en 992 Boukhara aux Samanides. Sous le règne des ses successeurs, les Qarakhanides achevèrent la conquête de la Transoxiane et le renversement des Samanides jusqu’en 999.

L’expansion dans le Khorasan persan fut cependant empêchée par les Ghaznévides d’origine turque. Après leur défaite face aux Seldjoukides (1040), ces derniers représentèrent les adversaires les plus dangereux des Qarakhanides.

En 1041, le royaume unitaire fut définitivement divisé en un royaume occidental et un royaume oriental.

[modifier] Le royaume occidental

Dans le royaume occidental (Transoxiane), dont la capitale était Boukhara, déplacée en 1042 à Samarcande, il y eut sous les règnes d’Ibrahim Ier (10381067) et de Nasr Ier (10671080) une situation stable qui encouragea le commerce avec la Chine par la Route de la soie et ameliora bien-être économique du royaume.

À cette époque, les attaques des Seldjoukides purent être repoussées. Mais, en 1089, ceux-ci vainquirent des Qarakhanides du royaume occidental sous le règne d’Ahmad Ier (10811095) et occupèrent Boukhara et Samarcande. Ahmad Ier ne put assurer son pouvoir qu’avec le soutien des Seldjoukides et la reconnaissance de leur souveraineté. Par la suite, les khans du royaume occidental furent intronisés et déposés par les Seldjoukides. Malgré cette sujétion, les Qarakhanides de Transoxiane purent développer une intense activité architecturale. Ainsi, sous Muhammad II (11021130), on érigea entre autres le minaret de Kalyan et la citadelle de Boukhara. En 1141, les Qarakhanides durent reconnaître la souveraineté des Kara-Khitans et, à partir de 1180, celle des Khwârazm-Shahs ou Khorezmiens. Ces derniers déposèrent en 1212 le dernier khan des Qarakhanides, Ulugh Sultan Uthman (12001212).

[modifier] Le royaume oriental

Le royaume oriental de Kachgarie put également affirmer sa position malgré la partition. Après qu’une situation stable eut régné sous Abu Chudja Arslan (10321057) et Tughril Ier (10561075) comme dans le royaume occidental, Harun II (10751102) dut certes reconnaître la souveraineté der Seldjoukides, mais ceux-ci ne purent exercer autant d’influence que dans le royaume occidental. À cette époque, Balasagun, résidence du roi oriental, fut un centre de culture turco-musulmane. On y édita entre autres un "miroir du prince" turc, le Qutadghu Bilig de Yusuf Khass Hadjib et une encyclopédie turque, le Diwân lughât at-Turk (« Recueil de langues turgues ») de Mahmud Kashgari.

Mais le déclin du royaume oriental commença en 1128 quand les Kara-Khitans furent appelés dans le pays pour combattre des nomades révoltés. Bientôt, ils vainquirent aussi les Qarakhanides et occupèrent de grandes portions du pays, si bien que le royaume oriental ne put plus se maintenir qu’autour de Kachgar, où les Qarakhanides furent déposés en 1211 par les Khwârazm-Shahs.

[modifier] Liste des rois Qarakhanides jusqu’en 1040

  • Kül-Bilge Qara-Khan (850-880)
  • Kazir Khan (880?-910)
  •  ??
  • Satuq Bughra Qara-Khan 'Abd al-Karim (920-956)
  • Musa Bughra Khan (956-958)
  • Sulayman Ier Arslan Khan (958-970?)
  • 'Ali Arslan Khan (970-998)
  • Ahmad Ier Arslan Toghan Khan (998-1017)
  • Mansur Arslan Khan (1017-1024)
  • Ahmad II Toghan Khan (1024-1026)
  • Yusuf Ier Qadir Khan (1026-1032)
  • Sulayman II Arslan Khan (1032-1040 ; 1040-1056 Khagan du royaume oriental)

À partir de 1040, trois lignées parallèles de la dynastie se formèrent :

[modifier] Royaume occidental (Transoxiane)

  • Muhammad Ier `Ayn ad-Dawla (1041-1052)
  • Ibrahim Ier Böritigin Tamghach Khan (1052-1068)
  • Nasr Ier (1068-1080), au pouvoir lorsque Omar Khayyam séjourna à Samarcande (1072-1074)
  • Khidr (1080-1081)
  • Ahmad Ier (10811089)
  • Masud Ier (1089-1095)
  • Sulayman (1095-1097)
  • Mahmud Ier (1097-1099)
  • Jibrail (1099-1102)
  • Muhammad II (11021129)
  • Nasr II (1129-1129)
  • Ahmad II (1129-1130)
  • Hasan (1130-1132)
  • Ibrahim II (1132-1132)
  • Mahmud II (1132-1141)
  • Ibrahim III] (1141-1156)
  • Ali (1156-1161)
  • Masud II (1161-1178)
  • Ibrahim IV (1178- ?)
  • Ulugh Sultan Uthman (12001212), tué par les Khwârazm-Shahs

[modifier] Royaume oriental (Kachgarie)

  • Sulayman II Arslan Khan (1032-1040 dans tout le royaume ; 1040-1056 Khagan du royaume oriental)
  • Muhammad Ier (1056-1057)
  • Ibrahim Ier (1057-1059)
  • Mahmud (1059-1074)
  • Umar (1074-1075)
  • Hasan ou Harun (1075-1103)
  • Ahmad ou Harun (1103-1128)
  • Ibrahim II (1128-1158)
  • Muhammad II (1158-?)
  • Yusuf II (?- ?)
  • Muhammad III (?-1211), renversé par les Khwârazm-Shahs.

[modifier] Bibliographie

C. E. Bosworth, Les dynasties musulmanes, trad. Y. Thoraval, Actes sud, coll. Sinbad, 1996, ISBN 2-7427-0713-1