Prise de la smala d'Abd El Kader par le duc d'Aumale

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La smala avait passé la fin de l’hiver 1843 à deux journées de marche au sud de Takdempt. Instruite qu’on était à sa poursuite, elle erra pendant quelque temps et se trouva le 16 mai à la source de Taguin. Le général Bugeaud avait été informé de la présence de la smala aux environs de Boghar ; mais on ignorait l’endroit.

Sommaire

[modifier] Circonstances de l'attaque

Toutefois il donna ordre au général Lamoricière, ainsi qu’au duc d’Aumale de se mettre à sa poursuite. Le prince partit de Boghar avec 1 300 fantassins et 600 chevaux. Trois jours après, il apprit que la smala se trouvait à 80 kilomètres au sud de Goudjila. Pour l’atteindre, il fallait franchir vingt lieues d’une traite sans une goutte d’eau. Alors que les soldats étaient à la recherche de la source de Taguin pour se désaltérer, l’agha Ahmar ben Ferhat vint informer le prince de la présence inattendue de la smala à cette même source. Bien que numériquement inférieur et malgré les remarques de l'agha, le prince n’hésita pas un instant : Jamais, jamais personne de ma race n’a reculé et immédiatement il prit ses dispositions pour l’attaque.

[modifier] Organisation de la smala

Abd-el-Kader organisait la smala toujours selon le même principe : elle se composait de quatre enceintes circulaires et concentriques où chaque douar, chaque famille, chaque individu avait sa place fixe et marquée, suivant son rang, son utilité, ses fonctions, ou la confiance qu’il inspirait. La smala arrivant à son gîte, la tente de l’émir se dressait au centre du terrain que le camp devait couvrir.

  • Elle était immédiatement entourée des tentes des serviteurs intimes et des principaux parents d’Abd-et-Kader qui composaient la première enceinte : 5 douars
  • La seconde comprenait les douars du Khalifa Ben Allal et de ses parents, ceux de l’infanterie régulière et de quelques chefs importants : 10 douars.
  • La troisième était absolument formée par les Hachem-Cherraga et par les Hachem-Gharaba : 207 douars.
  • La quatrième enceinte, plus ou moins rapprochée des enceintes principales, suivant les difficultés du terrain, l’eau, les bois ou les pâturages, était formée par sept tribus nomades qui servaient à la smala de guides et de protection dans le désert : 146 douars.

Soit en tout un total de : 368 douars, de quinze à vingt tentes chacun. On peut évaluer à vingt mille âmes la population de cette ville errante, et à cinq mille le nombre des combattants armés de fusils, dont cinq cents fantassins réguliers et deux mille cavaliers.

[modifier] L'attaque

Abd-el-Kader était absent, ainsi que ses principaux lieutenants, mais leurs familles étaient là. Le 16 mai, la cavalerie venait d’apparaître et se déployait sur un mamelon pierreux qui domine la source de Taguin. Un premier échelon, composé des spahis et du goum, s’ébranle au trot ; il est commandé par le colonel Yousouf. Le prince le suit avec les chasseurs et gendarmes dont il a formé sa réserve.

Mais un mouvement du terrain leur laisse voir l’immensité de la ville de tentes et cette fourmilière d’hommes qui courent aux armes : les troupes, épouvantés, se débandent et le duc d’Aumale craint une contagion de la peur parmi ses troupes. L’audace seule peut décider du succès. Le prince fait donc oblique à droite avec le deuxième échelon et dépasse le premier ; les officiers les entraînent, et bientôt le douar d’Abd-et-Kader est atteint.

Mais la résistance s’organise. La cavalerie des Ilachems, tous parents de l’émir, veut arracher aux français les familles et les richesses. Tandis que de rapides dromadaires entraînent les femmes, que l’on enlève des tentes tout ce qu’elles contiennent de plus précieux, les hommes de guerre saisissent leurs fusils, se jettent sur leurs chevaux, se rallient, s’élancent au combat. Le prince doit faire face à un ennemi bien supérieur en nombre. Il détache sur la gauche un peloton commandé par le sous lieutenant Delage ; ils vont être entourés, lorsque le sous-lieutenant de Canclaux, envoyé à leur aide, les dégage.

A droite, le capitaine d’Espinay culbute avec son escadron tout ce qu’il a devant lui, et va arrêter au loin la tête des fuyards ; tandis que le lieutenant-colonel Morris par son intervention avec trois pelotons de cavalerie assure la victoire.

Cependant les algériens laissèrent près de trois cents cadavres sur le terrain et seulement neuf hommes tués et douze blessés. Le butin était immense et plus de 4 000 prisonniers furent pris.

[modifier] Sources

  • (fr) Le livre d'Or de l'Algérie, Narcisse Faucon, Challamel et Cie Éditeurs Librairie Algérienne et Coloniale 1889.
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