Printemps tardif

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Printemps tardif (晩春, Banshun) est un film de Yasujirō Ozu, réalisé en 1949.

Sommaire

[modifier] Résumé

Noriko est la seule fille de la famille Somiya à ne pas être mariée. Elle vit cependant heureuse avec son père mais ce dernier pense qu'il est grand temps pour elle de penser au mariage. Noriko est réticente à l'idée de laisser son père seul mais elle finit tout de même par accepter. Après un dernier séjour à Kyoto en compagnie de sa fille, le père finit par ressentir cette solitude que sa fille avait tant redoutée.

[modifier] Fiche technique

  • Titre : Printemps tardif
  • Titre original : 晩春, Banshun
  • Réalisation : Yasujirō Ozu
  • Scénario : Kazuo Hirotsu, Kôgo Noda et Yasujiro Ozu
  • Image : Yuharu Atsuta
  • Montage : Yoshiyasu Hamamura
  • Musique : Senji Itô
  • Société de production : Shochiku
  • Format : noir et blanc - 1.37 : 1 - mono - 35mm
  • Durée : 108min
  • Date de sortie : 13 septembre 1949

[modifier] Distribution

  • Chishu Ryu : Shukichi Somiya
  • Setsuko Hara : Noriko Somiya
  • Yumeji Tsukioka : Aya Kitagawa
  • Haruko Sugimura : Masa Taguchi
  • Hohi Aoki : Katsuyoshi
  • Jun Usami : Shuichi Hattori
  • Kuniko Miyake : Akiko Miwa
  • Masao Mishima : Jo Onodera

[modifier] Commentaires

Ce film illustre à merveille le style d'Ozu, ce mélange d'émotion et de bien-être qui envahissent le spectateur, un vrai bonheur teinté de mélancolie. Ozu nous parle des rapports entre parents et enfants, ici un père et une fille, vrai-faux couple semblant lié à jamais et pourtant destiné à se séparer puisqu'il est dans l'ordre des choses qu'une fille se marie. Cependant, si tous les films de Ozu se ressemblent plus ou moins, Printemps tardif se distingue par son incroyable simplicité, son dépouillement complet. Scénario, décors, éclairages, dialogues, jeu des acteurs sont épurés et ouvrent la voie à toutes les autres œuvres majeures du cinéaste des années 50.

La douceur du film, ce ton si particulier à Ozu, est donnée dès le début avec la longue scène introductive de la cérémonie du thé à laquelle n'assistent que des femmes dont Noriko et sa tante. Un sentiment de parfaite plénitude, renforcé par la musique douce et les trois plans de coupe insérés de la nature. L'ambiance, tout à la fois légère et calme, permet d'apprécier la subtilité du jeu de Setsuko Hara qui donne toujours l'impression de se trouver au bord du fou-rire quand elle s'adresse à sa tante. D'ailleurs, Noriko rayonne littéralement sur le film tandis que son père, incarné par le plus fidèle des acteurs de Ozu, le grand Chishu Ryu, expose un visage et un sourire pétris de bonté.

Misako, la fille de Onodera, refuse de se marier avant 24 ans et affirme que le mariage est la fin de la vie. Les mariages sont au centre du film. La plupart des amies de Noriko sont mariées, remariées ou enceintes. C'est à la suite d'une cérémonie de mariage que la tante de Noriko, parfaite représentante de la tradition, se désole : « Les jeunes ont bien changé de nos jours. La mariée d'hier soir était de bonne famille mais elle mangeait de tout et elle buvait. De sa bouche bien rouge elle dévorait le poisson. J'étais ahurie. » Ce à quoi le père répond: « Pourquoi la blâmer ? Elle avait faim ».

L'humour est très présent dans le film, par exemple à travers le récit sur le professeur qui postillonne jusque dans le thé de ses élèves. Ou bien encore lorsque la tante présente un bon parti à Noriko en la prévenant qu'il ressemble à Gary Cooper que Noriko aime tellement, la bouche, pas le haut du visage, précise-t-elle. Plus tard, Noriko trouvera qu'il ressemble plutôt à l'électricien. Mais son amie Aya lui fait remarquer que celui-ci se trouve justement être le portrait craché de… Gary Cooper !

Pourtant, petit à petit, au fur et à mesure que la double menace approche et se précise, un fiancé éventuel pour Noriko, le remariage envisagé de son père, le film devient davantage mélancolique. C'est l'émotion qui y affleure désormais lorsque sa tante l'informe que son père n'a pas d'objection à se remarier, avec une jeune et distinguée Mme Niwa.