Plurium interrogationum

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Plurium interrogationum, que l'on peut aussi appeler « multiplier les questions » ou « compliquer les questions », est un raisonnement fallacieux qui vise à tromper. Il est commis par quelqu'un qui pose une question qui présuppose une proposition qui n'a ni été prouvée ni acceptée par la personne qui doit répondre à la question. Cette technique est souvent utilisée de manière rhétorique pour limiter les réponses possibles et les orienter vers ce que veut entendre l'interrogateur. La question suivante est l'exemple standard du plurium interrogatium : « Avez-vous arrêté de battre votre femme ? » Que la personne réponde oui ou non, elle admet implicitement avoir une femme, et l'avoir battue par le passé.

Ainsi, ce fait est présupposé par la question, et s'il n'a pas été accepté par l'interlocuteur avant, la question est impropre et la tromperie logique avérée. L'on peut aussi répondre par mu à cette question.

Cette tromperie est contextuelle : le fait que la question présuppose quelque chose n'est pas en soi-même une tromperie. C'est seulement lorsqu'une telle présupposition n'est pas acceptée par la personne à qui l'on a posé la question que l'argument devient fallacieux.

Sommaire

[modifier] Forme implicite

Une des forme de cette tromperie se présente ainsi : quelque chose est sous-entendu, et donc non explicitement exprimé, et formulé sous forme de question. Par exemple dans la question « M. Jones à-t-il un frère dans l'armée ? », rien n'indique qu'il en ait effectivement un, mais il est sous-entendu qu'il y ait au moins des indications qui tendraient à prouver qu'il en ait un, ou la question ne serait pas posée. De cette manière l'interrogateur se protège de l'accusation de faire de fausses affirmations, mais tente tout de même de piéger l'interrogé.

Pour être efficace, la question doit supposer quelque chose de suffisamment extraordinaire pour n'être pas posé sans preuve ou indication. Par exemple la question « Avez-vous un frère ? » est suffisamment banale pour être posée naïvement, sans que l'interlocuteur ne présuppose quelque connaissance que ce soit chez le questionneur.

[modifier] Autres exemples

Populaires chez les parents : « Aimes-tu plus ta mère, ton père, ou le pied de cochon? » La réponse admet implicitement ici qu'un ordre de préférence doit être établi.

« C'est vrai ce mensonge ? » Que la personne réponde oui ou non, elle admet implicitement avoir menti.

[modifier] Défense

Une manière commune de répondre à cet argument est de ne pas simplement répondre par « oui » ou par « non », mais par une phrase complète qui explique le contexte, par exemple « Je n'ai pas de femme » ou « Je n'ai jamais battu ma femme ». Ce qui enlève toute l'ambiguité de la question, et donc invalide la tactique. Les interrogateurs peuvent cependant à ce point accuser le questionné d'esquiver la question. La meilleure tactique, confronté à ce type de tactique, semble donc de ne rien répondre, ou de pointer la non-pertinence de la question.

[modifier] Voir aussi