Plan de Rome

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Plan de Rome, zone du Circus maximus et du Colisée sur le plan de Paul Bigot
Plan de Rome, zone du Circus maximus et du Colisée sur le plan de Paul Bigot

Le Plan de Rome est une maquette de Rome au 4° s. ap. J.-C., en plâtre verni (11 x 6 m), qui représente à l’échelle 1/400 les 3/5 de la ville, en un puzzle de 104 pièces réalisé par l’architecte d'origine normande Paul Bigot, Lauréat du Grand Prix de Rome en 1900.

C’est l’œuvre d’un personnage original et attachant, frère du peintre et sculpteur animalier Raymond Bigot. Il se passionne pour une Rome antique alors peu visible sous la ville moderne, au point de faire des fouilles et de passer presque plus de temps à l’École française qu’à la Villa Médicis. Et en guise d’ « Envoi de Rome », à la place de la traditionnelle aquarelle de la restitution ou de la restauration d’un monument antique, il propose une maquette en terre glaise du Circus Maximus (alors recouvert par une usine à gaz), à la surprise de ses maîtres. Puis, pour donner l’échelle de l’édifice, il modélise le quartier, le centre-ville, puis le reste de Rome (sauf les thermes de Dioclétien et le Vatican), avec un côté visionnaire qu’on ne perçoit plus aujourd’hui. Le relief des sept collines de Rome y est écrasé car le point de vue adopté est à 300 m d’altitude. Travaillant sur le terrain et dans son atelier parisien, P. Bigot réalise un chef d’œuvre de miniaturisme et de précision, remanié toute sa vie. Succès immédiat : dès 1911 Paul Bigot l’expose à la Mostra archeologica. Sa gloire dure jusqu’à la Seconde Guerre mondiale : l’État français commande une copie pour la Sorbonne, les États-Unis pour l’université de Philadelphie. Nommé Professeur à l’école des Beaux-Arts de Paris et Architecte des bâtiments de France, P. Bigot œuvre avec l’orfèvre Christofle à un moulage en bronze pour pérenniser le Plan de Rome ; mais la production reste inachevée, à cause du perfectionnisme de son auteur qui le remanie sans cesse au fil des découvertes de l’archéologie. Toute sa vie, sa passion est de mettre à jour sa maquette : c’est pourquoi les deux seules versions subsistant, le plan de Caen – son exemplaire de travail personnel, monochrome – et celui des Musées d’Art et d’Histoire à Bruxelles, colorisé, sont un peu différents. Le travail scientifique et pédagogique de P. Bigot est imité par Italo Gismondi, mais sur commande de Mussolini à des fins de propagande. Exposée à l’EUR au Musée de la civilisation romaine, la maquette italienne est plus grande (1/250) et présente l’intégralité de la ville antique ; elle a été mise à jour jusqu’en 1970, tandis que celle de P. Bigot montre l’état des connaissances en 1942, date de sa mort.

L’élève et légataire de P. Bigot, Henry Bernard, architecte de la reconstruction de la ville après 1945, entrepose la maquette à l’université de Caen, dans une pièce au sous-sol du bâtiment Droit. Tombée peu à peu dans l’oubli, elle a risqué le sort des copies des États-Unis et de Paris : devenues les nids à poussière d’une culture jugée obsolète, elles sont passées l’une au broyeur, l’autre par les fenêtres – en 1968. Dans les années 1980, la chute d'une partie du plafond de la salle a endommagé la maquette, ce qui provoqua un vif regain d'intérêt pour l'œuvre qui, depuis 1996, est installée dans la nouvelle Maison de la Recherche en Sciences Humaines et inscrit à l’Inventaire des Monuments historiques.

[modifier] Bibliographie

  • Rome et l'architecte. Conception et esthétique du plan-relief de Paul Bigot, Manuel Royo, Presses universitaires de Caen, 2006.
  • la Rome antique : plan relief et reconstitution virtuelle, [Sous la direction de] Philippe Fleury, Presses universitaires de Caen, 2005, (ISBN 2841332328)

[modifier] Liens externes

(fr) le plan de Rome sur le site de l'université de Caen