Pinceau de calligraphie

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Le pinceau 筆, fude en japonais, est l'un des Quatre trésors du lettré.

Le plus ancien pinceau retrouvé en Asie date du IVe siècle avant notre ère, mais il est probable qu’on l’utilisait déjà depuis au moins cinq cents ans.

« Parmi les instruments humains, il en est un qui se distingue parmi les autres comme symbole d’art et de beauté : c’est le pinceau. Il permet à l’homme de communiquer, d’exprimer ses rêves et ses pensées. »[1]

Sommaire

[modifier] La forme du pinceau

On distingue deux types de pinceaux : les pinceaux aux poils réunis et durcis (katame-fude 固め筆ou mizu-fude水筆), qui ont des poils assez peu vigoureux au niveau des hanches, ce qui permet de ne les utiliser que jusqu’au ventre (ils sont plutôt destinés aux personnes de niveau supérieur, et les pinceaux aux poils séparés (sabaki-fude 捌き筆, sanmô-hitsu 散毛筆 ou santaku-hitsu 散卓筆).

« pinceau en forme de feuille de saule », ryûyô-hitsu 柳葉筆 

Les poils de ces pinceaux peuvent contenir beaucoup d’encre et conviennent aux longs tracés, l’épaisseur des traits est facilement variable. C’est la forme la plus commune.

« pinceau en forme de tête de moineau », jakutô-hitsu 雀頭筆 

Ce type de pinceau est destiné aux petits caractères, ses poils sont courts et ses hanches flexibles.

« pinceau pour le tracé du visage », mensô-hitsu 面相筆 

Ses poils sont très fins et le diamètre de leur base ne fait que 2 à 4 mm pour une longueur de 2 à 3 cm. Il est utilisé dans la peinture traditionnelle pour les tracés qui demande beaucoup de précision.

« pinceau aux poils roulés autour du cœur », engui-hitsu 延喜筆, shinmaki-fude 芯巻筆 ou makishin-fude 巻心筆

Ce type de pinceau convient à la calligraphie de sô-gana. Ses poils sont très souples et faciles à tourner sur le papier.

[modifier] Longueur des poils et diamètre

On peut classer les pinceaux en cinq catégories selon le rapport entre le diamètre et la longueur des poils :

« très longs poils », chô-chôhô 超長鋒 

Le diamètre de la base des poils est au moins 6 fois plus petit que la taille des plus longs poils.

« longs poils », chôhô 長鋒 

Le rapport est de 1 contre 5 à 6. Ces deux catégories de pinceaux n’ont pas de hanches très fortes et réclament une certaine maîtrise. Ils permettent de réaliser des tracés longs, dynamiques et variés.

« poils d’une longueur moyenne », chûhô 中鋒 

Le rapport est de 1 contre 3 à 4.

« poils courts », tanpô 短鋒 

Le rapport est de 1 contre 2 à 3. Il est conseillé aux débutants de commencer avec des pinceaux de ces deux dernières catégories.

« poils très courts », chô-tanpô 短超鋒 

Le rapport est de 1 contre 0,8 à 2. Les pinceaux jakutô-hitsu font partie de cette catégorie. Pour calligraphier des sutras, on utilise des pinceaux tanpô et chô-tanpô.

[modifier] Composition des poils

Les poils des pinceaux sont principalement des poils d’animaux. On peut trouver en général sur un même animal des poils durs, pour les pinceaux appelés gômô 岡毛, et des poils souples pour les pinceaux appelés jûmô 柔毛. Les pinceaux qui mélangent les deux types de poils sont appelés kengô 兼毫.

On utilise le plus souvent des poils de chèvre, de cheval, de tanuki (un blaireau japonais), de belette, de martre, de lièvre, d’écureuil, de chat, de cerf... Mais aussi, plus rarement, de renard, de singe, de buffle... Il existe également des pinceaux fabriqués à base de plumes ou de fibres végétales.

Et il y a aussi un rituel selon lequel les parents confectionnent pinceau avec les cheveux de leur nourrissons afin de leur adresser des vœux de bonheur (ces pinceaux fins et souples sont particulièrement appréciés des calligraphes).

« Ainsi le pinceau que l’on appelle “le grand nuage blanc“ est composé d’un tiers de martre, un tiers de chèvre, un tiers de chat sauvage. On a parlé aussi, mais c’est plus ou moins légendaire, de cheveux d’enfants, de moustaches de chat, de rat, de tigre... Le pinceau idéal serait fait “de queue de martre sauvage mâle tuée en automne, par une nuit de pleine lune, dans les montagnes du nord de la Chine“. »[2].

[modifier] Les quatre vertus du pinceau

Depuis l’époque Ming, on dit que les conditions nécessaires pour avoir des pinceaux de haute qualité sont les suivantes :

  • sen 尖 : l’extrémité de la touffe est pointue.
  • sei 斉 : lorsque l’on aplatit tous les poils, leurs extrémités sont alignées. Dans le cas des pinceaux en poils de chèvre, plus l’extrémité de la touffe est transparente, meilleure est la qualité.
  • en 円 : chacune des parties (la pointe, la gorge, le ventre, les hanches) trempée dans l’eau ou dans l’encre, peut être tournée et retournée sans problème.
  • ken 健 : les poils sont bien équilibrés et répondent parfaitement aux mouvements qui leur sont donnés.

[modifier] Remarques complémentaires

En général les pinceaux japonais ont des hanches solides pour que la pointe puisse tracer de manière efficace. Alors que les pinceaux chinois présentent en général une pointe plus arrondie et plus épaisse. La plupart du temps les pinceaux japonais possèdent 2 ou 3 poils plus longs au milieu de la touffe, ce sont les “poils de vie“, inochi-ge 命毛.

La plupart du temps le manche des pinceaux est fait de bambou, mais on en trouve de toute sorte, allant du plastique à l’ivoire et même l’or.

Il est important de bien entretenir ses pinceaux. Lorsqu’ils sont neufs, enduits de colle, il faut laver la pointe à l’eau claire. Et après chaque utilisation, il faut délicatement laver les poils à l’eau claire et froide et les essuyer en douceur ; puis les laisser sécher la tête en bas.

[modifier] Notes et références

  1. Edoardo FAZIOLI, Caractères chinois : du dessin à l’idée, Flammarion, 1987, 252 p.
  2. Claude DURIX, Ecrire l’éternité - L’art de la calligraphie chinoise et japonaise, Les Belles Lettres, 2000, 146 p.

[modifier] Bibliographie

  • Claude DURIX, Ecrire l’éternité- l’art de la calligraphie chinoise et japonaise, Les Belles Lettres, 2000, 146 p.
  • Yuuko SUZUKI, Initiation – Calligraphie japonaise, Fleurus, 2003, 80 p.
  • Edoardo FAZIOLI, Caractères chinois : du dessin à l’idée, Flammarion, 1987, 252 p.