Photographie de nu au XIXe siècle

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Le nu tient une place de choix dans la photographie du XIXe siècle, même si la morale bourgeoise s'en défend : "Le nu, qui est le fond nécessaire des arts du dessin, de la sculpture et de la peinture, serait, en photographie, inavouable." Bien au-delà du cliché érotique, des vues stéréoscopiques qui ont fait son succès populaire, ou du service qu'elle a apporté aux arts traditionnels, la photographie de nu est à l'origine de nombreux chefs-d'œuvre.

[modifier] Le nu et sa perception

Jusqu'à la Révolution française, seul le nu académique, transcendé par l'art sous toutes ses formes, est socialement acceptable. La nudité donnée en spectacle est strictement interdite et le Directoire va jusqu'à imposer un maillot couleur chair aux danseuses de l'Opéra. C'est en 1846 que la nudité s'affiche pour la première fois au théâtre de la Porte-Saint-Martin, suivi par une foule de petites salles clandestines baptisées "ateliers d'artistes" où des jeunes femmes se dévoilent sous prétexte de jouer des fables antiques. La saisie du corps nu par la photographie devient une des grandes affaires de la seconde moitié du XIXe siècle.

Les premiers daguerréotypes de nu académique, érotique et pornographique, datent de l'invention même de la photographie, mais il faut attendre l'invention des images stéréoscopiques, en 1851, pour voir le nu, pour artistes ou non, devenir une importante industrie. On peut alors s'en procurer partout en quantité et la censure qui sévit à la même époque freine seulement une partie du marché qui emprunte des circuits parallèles. Par son réalisme authentifié, la photographie ouvre un champ inconnu à la représentation et ne connaît pas véritablement de tabou car, si elle montre un corps qui a bien été là, en face de l'objectif, elle crée en même temps une distance entre le sujet et celui qui le regarde, distance qui permet toutes les audaces.

En 1853, les études d'après nature représentent environ 40% de la production photographique.