Philosophie de la biologie

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La philosophie de la biologie est comparable à la philosophie de la nature.

Sommaire

[modifier] Comment se pose le problème du vivant ?

Le vivant se caractérise par sa sensibilité, par le fait d'avoir un métabolisme (il puise de l'énergie dans le milieu extérieur, utilise cette énergie et rejette les déchets). Mais surtout le vivant maintient, préserve et même enrichit son ordre, son organisation. A l'échelle des espèces, le vivant ne cesse de se complexifier depuis 3.5 milliards d'années.

Le problème pour le vivant est alors de se demander si, en raison de ses particularités, la vie est quelque chose de fondamentalement différent de la matière ou non. Il y a deux positions fondamentales à ce sujet :

  • Le vitalisme estime que la vie est irréductible à la matière. Il doit y avoir une force vitale, un principe vital totalement différent des autres principes physiques. On retrouve cela dans l'idée que Dieu a créé la vie.
  • L'autre position est d'inspiration matérialiste. Elle s'appelle le mécanisme. La vie n'est rien d'autre qu'un mécanisme, qu'une forme particulière de la matière, dont on va certainement percer le secret dans quelque temps.

Les vitalistes accusent les mécanistes d'être réductionnistes et réciproquement les matérialistes accusent les vitalistes d'être plus ou moins mystiques et obscurantistes.

[modifier] Lamarck et le vitalisme

Jean-Baptiste de Lamarck est le premier grand théoricien de l'évolution. Il écrit Philosophie zoologique en 1809. Lamarck essaie d'expliquer l'évolution des espèces dans une perspective globalement vitaliste. Selon lui, il y a d'abord dans tout organisme vivant une sorte de force vitale qui se caractérise par une tendance à s'adapter et se perfectionner. Cette tendance se manifeste particulièrement lorsque les conditions du milieu extérieur changent. Alors l'organisme fait des efforts pour s'adapter et survivre. En faisant ces efforts, il modifie peu à peu certains de ses organes, et dans certains cas, il crée un organe nouveau. D'où la formule célèbre de Lamarck : "la fonction crée l'organe". Cette modification s'inscrit alors dans le patrimoine génétique. C'est ce qu'on appelle l'hérédité des caractères acquis. Les descendants qui vont naître vont donc bénéficier de cette adaptation.

1er exemple 
L'allongement du cou de la girafe.

Au début, la girafe avait un cou normal, puis il y a eu assèchement climatique et raréfaction des végétaux. La réponse adaptative de la force vitale de la girafe a été l'allongement de son cou pour aller brouter le feuillage en hauteur.

2e exemple 
Le passage des poissons aux reptiles et aux oiseaux

Au début, tous les poissons nageaient dans l'eau, puis il y a eu un assèchement climatique. Des poissons se trouvent enfermés dans des étangs ou des lagunes dont les eaux baissent. Ils rampent sur le fond en s'appuyant sur leurs nageoires et transforment leurs branchies en poumons. Les reptiles apparaissent. Parmi eux, certains échappent à leurs prédateurs en développant l'aptitude de la course, puis du vol.

Quel bilan peut-on faire des idées de Lamarck et du vitalisme ?

Il y a plusieurs points obscurs chez Lamarck : Lamarck ne nous éclaire jamais sur la nature de la force vitale. La fonction ne crée pas l'organe. Le mode de vie ne crée pas d'organes nouveaux. Il n'y a pas non plus d'hérédité de l'acquis, c’est-à-dire que les modifications de l'organisme ne s'inscrivent pas dans le patrimoine génétique. Enfin, un des points les plus problématiques du vitalisme est que cette façon de concevoir la vie est de type finaliste (une explication par la finalité), qui entre en contradiction avec l'explication scientifique classique, qui est de type causaliste. Le vitalisme essaie d'expliquer le vivant et son évolution par le but, par la fin poursuivie par le vivant : les espèces changeraient, évolueraient, parce qu'elles cherchent à se perfectionner.

[modifier] Darwin et le mécanisme

Charles Darwin est le véritable fondateur de la biologie scientifique. Il écrit "L'origine des espèces" en 1859. Darwin essaie d'expliquer l'évolution des espèces par des facteurs purement mécaniques.

A chaque nouvelle génération, les descendants présentent toujours des petites variations par rapport à leurs parents. L'espèce reste la même, mais il y a des variations individuelles, dues au hasard. Parmi ces variations, la plus grande partie ne représente ni avantage ni inconvénient particulier dans la lutte pour la vie, mais un certain nombre d'entre elles constituent un handicap, d'autres un avantage pour la survie et la procréation. Sur toutes ces variations s'exerce la pression de la sélection naturelle. Le milieu ambiant laisse vivre les variations neutres, il élimine peu à peu les variations défavorables, et il favorise le développement des variations favorables. Tout cela n'a rien d'intentionnel. Le mécanisme de l'évolution se ramène donc à deux facteurs essentiels : des variations ou mutations individuelles et la pression de la sélection naturelle. Pour concevoir sa théorie, Darwin s'est inspiré du travail des éleveurs : Pour obtenir une nouvelle race (animaux) ou variété (végétaux), l'éleveur attend qu'il y ait une reproduction et sélectionne le type d'organisme qui lui convient, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'une nouvelle race ou variété se dessine. La nature fait de même, à ceci près que c'est une sélection sans sélectionneur.

La théorie darwinienne ne se comprend vraiment que si on connait les mécanismes suivants :

  • L'évolution des organismes est extrêmement lente;
  • A chaque nouvelle génération, il y a plusieurs descendants, c’est-à-dire des variations possibles;
  • Bien que les mutations se produisent de façon aléatoire, la descendance ne dépend pas d'un hasard absolu, mais se déroule toujours dans les limites de variabilité de l'espèce. Un mammifère n'engendrera pas un poisson.

[modifier] Conclusion

De nos jours, la plus grande partie des biologistes sont darwiniens, mais la question reste tout de même ouverte de savoir si on arrive vraiment à expliquer la prodigieuse complexification du vivant par les principes relativement simples du mécanisme darwinien. Le mécanisme est la position dominante, mais il y a encore des finalistes et ceux qui cherchent à perfectionner l'idée d'un équivalent mécanique de la finalité, comme par exemple l'idée que le vivant comporterait une programmation un peu semblable à celle de nos ordinateurs.