Utilisateur:Papageno

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L´ÉCRITURE CHEZ LES AZTÈQUES (1)

1) Qu´est-ce qu´un Codex ? Il s´agit d´un manuscrit écrit sur de l´écorce d´agave, du cuir animal ou fabriqué à base de fibre végétale comme le maguey, espèce de cactus très courante au Mexique. Cette fibre servait à faire de longues bandes que l´on repliait en accordéon, de façon à pouvoir lire d´un côté comme de l´autre. Le Codex Borgia comporte 38 feuilles de 27cm, mais certains codex mesurent plus de 12 mètres ! Chaque exemplaire est une œuvre d´art unique et d´une valeur inestimable.

2) Ça raconte quoi un Codex ? Les anciens Aztèques y dessinaient leur calendrier, l´histoire de leurs Dieux ou la vie de leurs illustres ancêtres. Lors de la conquête espagnole, beaucoup de codex furent brûlés car ils étaient considérés comme païens et démoniaques. On estime que seulement 18 codex Aztèques et 4 codex Mayas ont survécu aux flammes. Ensuite, certains prêtres espagnols comme Bernardino de Sahagún, Andrés de Olmos et Diego Durán tentèrent de récupérer ce savoir perdu en interrogeant les indiens sur leurs rites et coutumes ancestrales. On les désigne alors sous le nom de codex post-cortésiens ou codex coloniaux. La plupart d´entre eux sont dessinés par des indiens et annotés par des espagnols. Parmi les codex les plus célèbres, citons le codex Borgia, le Borbonicus ou le Mendoza, qui est une sorte de livre de comptes qui recense les tributs versés à l´empereur Moctezuma par les peuples soumis.

3) Qui rédigeait les codex ? Les scribes enlumineurs étaient nommés « tlacuiloani », ou artistes peintres car les livres étaient remplis de glyphes richement décorés. Ces scribes peintres recevaient une formation religieuse très poussée et ils étaient très respectés car on les considérait comme des savants ou des guides spirituels. Les codex leur servaient d´aide mémoire et de source de référence pour raconter des récits historiques, mythologiques ou religieux. En effet, la récitation et la transmission orale avaient une grande importance dans les sociétés précolombiennes. Des concours d´éloquence étaient même organisés lors de cérémonies importantes comme le mariage. Certains discours moralisateurs pouvaient durer des heures !

4) Ça se lit comment un codex ? De droite à gauche ! Par ailleurs, le système d´écriture des codex précolombiens est composé de glyphes, c´est-à-dire d´images qui représentent un signe ou symbole. L´écriture Aztèque est essentiellement pictographique car fondée sur la représentation d´objets. Le système de numération, les noms des jours, les représentations des Dieux étaient communs à de nombreuses populations, comme les Mixtèques, les Zapotèques ou les Tlapanèques. Cela était très pratique car ce langage universel était déchiffrable dans toutes les langues. Les Mayas en revanche, avaient développé un système d´écriture idéographique (représentation d´idées) et phonétique (représentation de sons du langage) beaucoup plus complexe. A noter que les Incas n´ont pas de système d´écriture connu à ce jour.

5) D´où vient le nom du Codex Borgia ? Le nom Aztèque de ce codex n´est pas parvenu jusqu´à nous. Les documents très anciens reçoivent parfois le nom de leur propriétaire ou de l´endroit où ils se trouvent. Par exemple le Codex Borbonicus tire son nom du Palais Bourbon (Assemblée Nationale à Paris), le Codex Dresdensis est situé à Dresde, en Allemagne, le Codex Peresianus est à Paris, à la Bibliothèque Nationale, enfin, le Codex Vindobonensis se trouve à Vienne, en Autriche. Le Codex Borgia aurait été découvert au XVIème siècle et expédié depuis le Mexique vers l´Espagne, puis en Italie. Il entre alors en possession du cardinal Stefano Borgia jusqu´en 1805, date à laquelle il est légué à la Bibliothèque du Vatican, à Rome, où il se trouve actuellement.

6) Que sait-on sur ce Codex ? Pas grand-chose. On ignore comment il est parvenu jusqu´en Europe mais son âge est estimé à 600 ans au moins. Certains chercheurs pensent qu´il est d´origine mixtèque ou tlaxcaltèque, car le style pictographique correspond à celui de ces peuples. A propos de l´histoire de ce codex, une anecdote raconte qu´un jour le cardinal Borgia visitait le palais d´un de ses amis et passa devant une cheminée où un groupe d´enfants jetait aux flammes un livre couvert de dessins. Il récupéra in extremis le codex, sauvant ainsi ce précieux document.

7) De quoi parle le Codex Borgia ? Le Codex Borgia est un « tonalamatl », un « Livre du Destin » qui permettait aux devins d´interpréter les influences propices ou néfastes des Dieux pour chaque jour de l´année. Ces devins étaient appelés « tonalpouhque », que l´on pourrait traduire par « ceux qui tiennent les comptes des jours » ou bien « ceux qui savent lire le destin ». Ils consultaient ce calendrier divinatoire pour réaliser toute sorte de prophéties : savoir quel était le jour le plus propice pour réaliser des voyages, faire la guerre, se marier, entreprendre les travaux des champs mais surtout prédire le « tonalli », c´est-à-dire le destin des nouveaux-nés. En effet, le jour de la naissance était si important que le nom des enfants correspondait à un jour du calendrier. On naissait par exemple le jour un crocodile, cinq vent ou dix roseau, on était placé sous l'influence du dieu de l´eau, du soleil levant ou du jaguar nocturne. Chaque jour correspondait à un destin particulier, et chaque jour influençait un trait de caractère précis de la personnalité.

8) Comment était fait le calendrier Aztèque ? Les Aztèques avaient deux sortes de calendriers, un calendrier solaire de 365 jours appelé « xihuitl » et un calendrier divinatoire de 260 jours, appelé « tonalpohualli ». Pour le premier, l´année se décomposait en 18 mois de 20 jours (18 x 20 = 360) plus 5 jours néfastes appelés « nemonteni » pendant lesquels il fallait être très prudent et s´abstenir de toute activité qui puisse mettre les Dieux en colère. En revanche le calendrier divinatoire était composé de 20 signes combinés à 13 chiffres (20 x 13 = 260). Comme ce cycle de 260 jours était plus court que celui de l´année, certains signes se répétaient dans le calendrier divinatoire (365 – 260 = 105 au total). Ces deux calendriers coïncidaient à nouveau tous les 52 ans, au moment où toutes les combinaisons du calendrier solaire et divinatoire étaient épuisées. Ce moment s´appelait « toximmolpilla », c´est-à-dire « la ligature des années ». Cette conception du temps, cyclique et répétitive, permettait aux Aztèques de prédire l´avenir. Ainsi, les prêtres pensaient pouvoir pronostiquer les périodes d´abondance, de maladies ou de famine, ainsi que les périodes de pluies bénéfiques ou excessives pour les récoltes.