Pédiculose

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Jan Siberechts, Scène d'épouillage, 1662
Jan Siberechts, Scène d'épouillage, 1662
Le poux de l'humain (Pediculus humanus)
Le poux de l'humain (Pediculus humanus)
l'épouillage est un comportement social important et courant chez les primates
l'épouillage est un comportement social important et courant chez les primates

La pédiculose est une parasitose (infestation de la peau par des poux), contagieuse et désagréable en raison du prurit qu'occasionnent les morsures des poux, mais bénigne.

Elle est considérée comme une maladie fréquente et endémique notamment dans les collectivités d'enfants, et peut parfois évoluer sur un mode épidémique[1]. La pédiculose du cuir chevelu connaît une répartition mondiale indépendante du climat.

Les infestations sont plus fréquentes chez les enfants, mais les adultes peuvent aussi avoir des poux.

Sommaire

[modifier] Symptômes

  • Démangeaisons, notamment autour des oreilles, ainsi qu'à proximité de la nuque (mais dans 40 à 50 % des cas, il n'y a pas de prurit).
  • Présence de lentes ; ovales, brunes, lisses et brillantes quand elles sont vivantes, et blanchâtres après l'éclosion (3 semaines après la ponte), mais restant collée au cheveu. Les lentes vivantes sont situées à moins de 5 mm du cuir chevelu ; au-delà elles sont vides (le temps entre la ponte et l'éclosion est de 10 jours au maximum).
  • Présence de poux vivants, mobiles, de couleur gris-beige, mais difficiles à voir.

[modifier] Biologie

Les poux de tête vivent 6 à 8 semaines. Leurs femelles pondent 4 à 10 œufs (ou lentes) par jour pendant 3 à 4 semaines (100 à 200 œufs pondus par femelle). Après 7 à 10 jours passés solidement fixés sur le cheveu ou sur un poil, le pou sort de la lente sous forme de larve, qui deviendra adulte en moins de 15 jours. Les poux ont donc une importante capacité de reproduction.

Le pou de l'homme (Pediculus humanus capitis) s'installe le plus souvent dans les cheveux. Le pou adulte mesure entre 2 et 4 mm. Il gêne son hôte par les démangeaisons qu'il occasionne (réponse du système immunitaire) et parfois par des surinfections (impétigo). Il pond des œufs en quantité qui deviendront à leur tour des adultes « nuisibles » incluant des femelles pondeuses. Au contact d'une autre chevelure, par exemple au contact d'un autre enfant au cours d'un jeu ou d'une bagarre, ou lors d'échanges d'habits, cache-nez, bonnets ou casquettes, le pou pourra changer d'hôte et sa colonie s'étendra ainsi de personne à personne.

[modifier] Prévention

Mieux vaut prévenir que guérir : il est conseillé d'observer régulièrement les cheveux des enfants et/ou de les passer au peigne à pou pour détecter l'apparition éventuelle de ces parasites. L'apparition de poux dans une école n'implique pas de défaut d'hygiène ; les poux ré-apparaissent souvent en début d'année scolaire, au retour des vacances (septembre, octobre novembre, mi-décembre).

À la différence des puces, les poux ne sautent pas. Ils ne volent pas non plus. Ils ne se déplacent qu'en rampant ou via des vêtements ou cheveux infestés. Éviter les contacts directs limite fortement le risque de propagation. Il est donc préférable de signaler à son entourage et à l'école la présence de poux afin de limiter les contacts, en particulier entre chevelures.

Il semble que la contagion par les vêtements et brosses ne soit pas le vecteur principal. En effet P. capitis ne peut pas survivre longtemps hors du cuir chevelu. Il meurt déshydraté après 4 heures dans un air sec et au soleil, et après 36 heures au maximum (si l'air est humide et tiède). On n'a pas non plus de preuve de contagion par l'eau (piscines...)[2].

Pour éviter l'apparition et la diffusion de poux résistants à un ou plusieurs insecticides, et des irritations inutiles du cuir chevelu, il faut éviter tout traitement chimique inutile et être certain de la présence de poux ou lentes vivantes. D'autant que les pesticides utilisés contre les poux ne sont pas anodins, ni pour l'enfant, ni pour l'environnement (forte rémanence et toxicité du lindane qui est interdit pour la plupart de ses anciens usages et dérogatoirement autorisé contre les poux / toxicité du malathion, de la perméthrine, du méthoprène, de la D-Phénotrine, même des pyrèthres ou pyréthrinoïdes de synthèse pour l'environnement. Ces produits massivement utilisés dans une ville ou un quartier au moment des épidémies de pédiculose, peuvent en outre contaminer des égouts, boues d'épuration, etc., via les rinçages de shampoings). Dans les pays pauvres, le rinçage se fait souvent dehors, sur le sol. Enfin, les insecticides ne s'utilisent pas en prévention du fait de l'absence d'activité résiduelle démontrée.

[modifier] Traitement

Lutter contre les poux implique trois démarches parallèles :

  • éliminer les poux adultes,
  • éliminer les lentes (car elles deviendront poux qui pondront des lentes, etc.)
  • limiter la transmission des poux d'une personne à une autre.

Les trois principales méthodes d'élimination des poux et lentes sont :

  • Le rasage total du crâne, en jetant cheveux, poux et lentes à la poubelle, avant lavage soigneux des vêtements et literies. Cette méthode très efficace, la plus radicale, a comme inconvénient d'obliger la victime des poux à porter en public une tête chauve, ce qui peut être difficile à vivre, pour les enfants notamment.
  • La méthode manuelle dite « épouillage » consiste à soigneusement peigner les cheveux (30 minutes), de façon répété (3 fois puis 2 fois par jour), pendant 3 semaines, sur cheveux mouillés, de préférence avec un peigne spécial. Cette méthode est recommandée en Grande-Bretagne, chez les enfants de moins de 6 mois, pendant la grossesse et chez les patients asthmatiques[3].
  • La méthode chimique consiste à laver les cheveux avec un shampooing, une lotion ou un aérosol insecticide (adulticide, c'est-à-dire tuant l'insecte adulte), et/ou ovicide (tuant l'œuf), comme la traditionnelle lotion et shampooing Marie Rose. Le butoxyde de pipéronyle est un synergique qui améliore l'efficacité des dérivés des pyrèthres ou pyréthrinoïdes. Le lindane n'a plus sa place dans le traitement contre les poux, notamment en raison d'effets indésirables, parfois graves, surtout chez l'enfant. Selon l'OMS, le lindane est contre-indiqué avant l'âge de 10 ans et pendant la grossesse.

Les insecticides en solution, lotion ou crème sont préférables aux sprays et poudres qui risquent d'être inhalés ou de toucher les muqueuses et l'œil, avec un risque cas d'asthme et de bronchite asthmatiforme. Les shampooings et les poudres sont moins efficaces selon les experts interrogés par le Ministère français de la santé. Un shampooing non-insecticide doit suivre le traitement pour nettoyer les cheveux et le cuir chevelu.

Le choix le plus cohérent est d'appliquer sur cheveux secs une lotion à base de pyréthrine, de laisser agir 30 minutes (15 mn avant l'âge de 2 ans), puis de rincer et de peigner avec un peigne à poux. La procédure est à renouveler une semaine plus tard. En cas d'échec, le malathion est une alternative[3], mais il est déconseillé chez les enfants (moins de 2 ans aux États-Unis, ou sous surveillance médicale en Grande-Bretagne) ou au cours de la grossesse : appliquer sur cheveux secs, laisser sécher puis laver avec un shampoing au bout de 12 heures. Peigner avec un peigne à poux.

  • Il existe aussi des produits combinant des huiles essentielles anti-parasitaires à des actifs d'origine végétale, éliminant les poux et les lentes, sans insecticide de synthèse ni produit chimique. Ces soins suppriment mécaniquement les parasites par suffocation et déshydratation.

Ils n'agressent ni le cuir chevelu, ni la santé de l'individu, ni l'environnement. Les poux ne développent pas d'accoutumance à ce type de produit. . On peut trouver ces produits dans les magasins "bio", notamment .


Vêtements, oreillers, casquettes, bonnets, doudou, cache-nez, brosses et peluches doivent être décontaminés par lavage à 60°C sinon par pulvérisation d'un insecticide ou par l'isolement en sac plastique entre 25° et 30°C pendant trois jours.

Dans certains pays pauvres où l'eau et les shampooings sont rares, de l'huile ou du beurre de karité sont parfois abondamment passés sur les cheveux. Les poux respirent par des orifices qui peuvent se fermer sous l'eau, leur épargnant la noyade, même après plusieurs minutes. Mais ils sont asphyxiés par les huiles et les produits gras. Néanmoins, les œufs sont résistants à ce type de traitement. Il doit donc être renouvelé 8 jours plus tard pour éliminer les poux nouveau-nés.

Des méthodes récentes utilisent des peignes électriques pour détruire les adultes, œufs et lentes au moyen d'un peigne spécial. Mais il faut, outre une tierce personne disponible disposant d'une bonne vue, beaucoup de temps (plusieurs séances sont nécessaires) et de minutie. Ces peignes sont inadaptés aux cheveux crépus. Ils n'ont pas fait non plus l'objet d'une évaluation clinique de bon niveau de preuves[3].

Dans tous les cas, un contrôle après 2 jours et 12 jours est nécessaire pour vérifier qu'il n'y a pas de réinfestation.

[modifier] Les poux du pubis

Les poux du pubis (Phtirius pubis) évitent toujours le cuir chevelu. Les poudrages à l'Aphtiria*, poudre à 4% de lindane dans le talc, sont très efficaces. A noter que le rasage intégral de la région pubienne (et éventuellement les racines de cuisses et la partie inférieure de l'abdomen si besoin) l'est aussi.

[modifier] Origine de la parasitose

La présence de poux est souvent liée à la pauvreté, au manque d'hygiène et à la promiscuité. Les pullulations sont les plus fréquentes en période de guerre et guerre civile, parmi les soldats et réfugiés. La pédiculose est fréquente dans les écoles et les colonies de vacances, notamment au moment de la rentrée scolaire et chez les 6-8 ans.

La lutte contre la pauvreté et pour l'accès aux moyens élémentaires d'hygiène est un préalable d'autant plus important que les poux semblent progressivement s'adapter à divers insecticides. Le lindane encore utilisé est très rémanent, toxique et il passe facilement à travers le cuir chevelu très fin des jeunes enfants. La tonte des cheveux est parfois la seule possibilité de venir à bout des parasites.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

Conseils du Ministère français de la santé

[modifier] Notes et références

  1. Source, Direction générale de la santé, octobre 2004
  2. Conseils du Ministère français de la santé
  3. abc Revue Prescrire, 285, Juillet 2007