Oronte

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34° 21′ 04″ N 36° 22′ 23″ E / 34.351, 36.373

Nahr al-'Asi
Les norias de Hama
Longueur 571 km
Débit moyen 11 m3.s-1
Se jette dans la Méditerranée
Pays Liban, Syrie, Turquie
Cours d’eau - Hydrologie

L'Oronte, en arabe Nahr al-'Assi (« le fleuve rebelle »), est un fleuve du Proche-Orient.

Il prend sa source au centre du Liban, traverse la Syrie occidentale et se jette dans la Méditerranée près du port de Samandağ, dans la région de Hatay, au sud-est de la Turquie (région revendiquée par la Syrie). Il est long de 571 km et son débit naturel (au nord de la vallée de la Bekaa) est de 420 millions de m³/an (1100 millions de m³/an au niveau de son embouchure).

Sommaire

[modifier] Source de l'Oronte

À vol d'oiseau, la source de l'Oronte est située à moins de 50 km de la mer Méditerranée, dont elle est séparée par le Mont Liban (Qurnat as Sawda, 3083 m). Elle se situe dans la région de Hermel, dans l'Anti-Liban, plateau désertique reliant la Bekaa libanaise à la Syrie, dans lequel le fleuve Oronte a creusé un véritable canyon de 50 à 90 m de profondeur. La source elle-même se situe au Liban, à 660 m d'altitude.

La source de l'Oronte, appelée Aïn es Zarqa, est en fait l'émergence, dans le lit même d'une ancienne rivière asséchée, d'une puissante source artésienne. Ses eaux remontent, à la faveur d'une faille recoupant l'axe d'un synclinal, à travers les sédiments calcaires du plateau. La zone d'alimentation de la nappe captive se situe sur le Mont Liban et l'eau provient donc de la fonte des neiges de ce dernier.

Dès sa naissance, la source de l'Oronte présente un débit puissant et régulier, de 12 à 15 m³/s, qui alimentera les nombreuses cultures de son cours supérieur (arbres fruitiers essentiellement, en particulier des noyers). Après avoir reçu les eaux de deux affluents, l'Afrin et le Kara Su, au niveau du lac d'Antioche en Turquie, le débit atteint 32 m³/s à son embouchure sur la Méditerranée.

[modifier] Contentieux hydropolitique

Comme pour les fleuves voisins, le Tigre, l'Euphrate ou le Jourdain, aucun des pays qu'il traverse n'a réussi à donner un statut juridique aux eaux de l'Oronte, engendrant ainsi tensions et affrontement dans une région marquée par le manque d'eau. Un accord a toutefois été signé entre la Syrie et le Liban (sous son contrôle) pour répartir les eaux de l'Oronte à hauteur de 90 % pour la Syrie et 10 % pour le Liban. Cet accord exclut la Turquie de ce partage car la propriété de la province turque du Hatay est contestée par la Syrie (voir l'article sur le Sandjak d'Alexandrette). Le fleuve alimente stations de pompage et canaux d'irrigation surtout en Syrie : le débit moyen passe de 370 millions de m³ à la frontière syro-libanaise, à 170 millions à la frontière syro-turque.

[modifier] L'Oronte dans l'Antiquité

L'Oronte est la principale rivière de la Syrie antique. Son nom arabe est Nahr-el-'Assi, ce qui signifie le « fleuve récalcitrant », ce qui viendrait du fait que contrairement aux autres fleuves de la région, il coule du sud vers le nord. Suivant la même explication, il a aussi porté le nom arabe d'El Maqloub, c'est-à-dire le « renversé » ou celui qui coule à l’envers.

Dans l’antiquité l'Oronte était aussi connu sous les noms de Typhon, Dracon, Ophite et Axios. Selon Malalas, sous Tibère (de 14 à 37 après J.-C.) le nom de l’actuel Oronte est passé de Dracon à Orente (avec e). Selon Strabon, le nom définitif d'Oronte lui aurait été attribué en souvenir d’un constructeur de pont.

L'Oronte jaillit entre les massifs du Liban et de l'Anti-Liban, à la hauteur d'Héliopolis (l'actuelle Baalbek). Il arrose sur une longueur de 600 km (comparable au cours de la Garonne) les villes de Émèse (Homs), Aréthuse, Épiphania (Hama), Larissa et Antioche pour se jeter dans la méditerranée à la hauteur de Séleucie de Piérie.

Selon Strabon, l'Oronte, sur une distance de 8 km, coulerait sous terre entre Apamée et Antioche ; en fait, il ne fait que passer par une gorge fortement encastrée quasiment inaccessible juste après Epiphaneia (l'actuelle Hama).

L'Oronte aurait été, contrairement à aujourd'hui, navigable entre son embouchure (Séleucie de Piérie) et Antioche durant l'Antiquité, comme l'attestent les écrits de Strabon et de Pausanias.

Antiochos XI Philadelphe, roi séleucide, s'y noya en 90 av. J.-C.

[modifier] Dans la littérature

Juvénal en fait un symbole de l'Orient dans une de ses Satires, qui dénonce les dérives du syncrétisme romain : « in Tiberim defluxit Orontes » , « L'Oronte s'est déversé dans le Tibre » (III, 62) L'Oronte au temps des Croisades est décrit dans un roman de Maurice Barrès, Un jardin sur l'Oronte.

[modifier] Liens et références