Organisation Pensée Bataille

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C’est au début de l’année 1950 qu'est créée sur l'initiative entre autres de Louis Estève, Roger Caron, Serge Ninn, Robert Joulin, André Moine et Georges Fontenis l’Organisation Pensée Bataille (OPB), appareil clandestin qui se structure en fraction au sein de la Fédération anarchiste, et qui a pour but d’imposer une ligne politique unique, une organisation forte et structurée.

La raison d'être de l'OPB était de former une fraction communiste libertaire pour s'opposer à la fraction individualiste qui bloquait toute évolution de la FA, de prendre le contrôle de la FA et d'en faire une véritable organisation révolutionnaire.

Les militants OPB sont recrutés par cooptation et à la majorité des deux tiers. L'assemblée générale élit un secrétaire, dit "responsable au Plan" (Fontenis), un secrétaire-adjoint dit "conseiller" (Caron) et un trésorier (Joulin). Ce bureau de l'OPB est chargé de mettre au point les mesures propres à l’exécution du Plan décidé par l’assemblée générale.

L’OPB est constitué de militants des groupes Paris-Est, Paris 18e et 19e, Renault-Billancourt, Thomson et du groupe Krondstadt (Paris-Sud),et compte également des militants à Marseille et Narbonne.

En quelques années, les thèses de l'OPB deviennent majoritaires dans la FA.

Lors de son congrès de Paris en 1953, celle-ci se transforme en Fédération communiste libertaire (FCL) par un vote majoritaire de 71 mandats contre 61 (les autres noms proposés étant « Parti communiste anarchiste » et « Parti communiste libertaire »).

La résolution approuvée au congrès de Paris précise : “L’organisation spécifique des militants du communisme libertaire se considère l’avant-garde, la minorité consciente et agissante dans son idéologie et son action les aspirations du prolétariat” afin que “la révolution soit rendue possible pour édifier la société communiste libertaire”. "...le passage de la société de classes à la société communiste sans classe ne peut être réalisée que par la Révolution, par l’acte révolutionnaire brisant et liquidant tous les aspects du pouvoir…” L’organisation communiste libertaire a un rôle prépondérant à jouer : “ La révolution n’est possible que dans certaines conditions objectives (…) et lorsque les masses, orientées et rendues de plus en plus conscientes de la nécessité révolutionnaire par l’organisation communiste libertaire, sont devenues capables de réaliser la liquidation de la structure de classes".

Désormais, les adhérents sont tenus de défendre en public les résolutions de congrès, mêmes s’ils ont voté contre.. L'OPB s'auto-dissout quelques mois après le congrès de 1953.

En 1954, la parution du Mémorandum du groupe Kronstadt, ayant quitté la FCL critique l’existence de l’OPB.

Sur cet épisode de l'anarchisme français d'après-guerre, on peut lire les mémoires de Georges Fontenis, Changer le monde. Histoire du mouvement communiste libertaire 1945-1997 (éd. Alternative libertaire/Le Coquelicot).