Ophthalmoi

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Les ophthalmois sont des éléments de navire anciens placés en proue et symbolisant des yeux de dieux ou déesse, placés pour porter chance.

[modifier] Importance Archéologique

Lors d’une fouille sur une épave classique près de Tektas Burnu, les archéologues de l’Institute of Nautical Archaeology ont trouvé deux disques en marbre (TK7 et TK222) que l’on a identifiés à être ophthalmoi. Ces deux disques ressemblent à des ophthalmoi retrouvés à Pirée et qui proviennent de bateaux de guerre. Nous avons trouvé des représentations des ophthalmoi sur des vases archaïques et classiques, mais très peu de représentations concernent des bateaux marchands. En revanche, l’importance des ophthalmoi pour la marine grecque est montrée par leur inclusion dans les inventaires des trières pour le IVe siècle (IG II2). Ainsi, cette découverte confirme pour la première fois l’usage de ophthalmoi sur des bateaux marchands. La plus ancienne représentation d’ophthalmoi sur un bateau rond dont nous avons connaissance est celle de cratère d’Aristonothos qui date du VIIe siècle. Ici, nous voyons l’ophthalmos sur la proue du bateau. Les ophthalmoi retrouvés sur l’épave de Tektas Burnu ressemblent à deux autres représentations du VIe siècle : une sur une oinochoe et une autre sur une coupe. La célèbre peinture d’un bateau marchand datant du Ve siècle, La Tomba della Nave, montre également un ophthalmos sur la proue du vaisseau. Nous avons une autre représentation du VIe siècle qui montre un ophthalmos mal dessiné sur la proue d’un bateau marchand.


La question de la présence de ces ophthalmoi sur les proues des navires marchands mérite également à être posée. Lionel Casson croit que ces disques étaient des ‘yeux du taureau’ . Nous savons aussi que le culte de Poséidon était répandu dans toute la Grèce et particulièrement dans les villes maritimes et que les hommes lui sacrifiaient des taureaux :

« Les Pyliens faisaient sur le rivage de la mer un sacrifice de taureaux noirs à l’Ebranleur de la terre, le dieu aux cheveux sombres. Il y avait neuf rangées de sièges et sur chacun cinq cents hommes étaient assis, et devant eux étaient neuf taureaux, un pour chaque groupe. Ils avaient mangé les viscères, et on brûlait des morceaux de cuisses pour le dieu... »

D’après certains historiens, les ophthalmoi sur les proues des bateaux symbolisaient la présence d’une déité protectrice. Torr pensaient que la présence d’ophthalmoi sur la proue symbolisait le sentiment que le bateau était un être vivant qui avait besoin de voir son chemin. Eschyle décrit l’arrivée d’un navire et parle de ses yeux :

«  j’aperçois le navire ; il est facile à distinguer et je reconnais fort bien l’arrangement de ses voiles, ses bastingages et la proue qui, de ses yeux, regarde la route devant elle »

Il est fort probable que les marins faisaient des prières et des offrandes à une ou à des déités protectrices pendant leur voyage en mer. Hornell a comparé la présence des ophthalmoi à la peinture des yeux sur les cercueils chez les Égyptiens qui pensaient donner aux défunts la possibilité de voir à l’extérieur. Sur le navire, selon lui, l’ophthalmoi symbolisaient les yeux de la déité qui guidait et protégeait les hommes et leur marchandise. Il l’a comparé aussi à certains rites indiens pratiqués toujours aujourd’hui.

Il est possible aussi que les ophthalmoi désignaient la partie sacrée du vaisseau ; nous pouvons voir, comme cité plus haut, dans plusieurs textes anciens des prieurs effectués sur la proue du bateau avant son départ. Dans Argonautica, Apollonios de Rhodes nous décrit la proue du vaisseau comme étant un lieu sacré :

« Tout à coup un cri terrible jaillit du port de Pagases et d’Argô elle-même, enfant du Pélion, qui hâtait le départ. En effet dans la nef, était enfoncée une poutre divine qu’Athéna avait tirée d’un chêne de Diodone pour l’ajuster au milieu de l’étrave. »

Ceci peut être comparé au rite hindou de Jaffa dhoni où des yeux sont collés à la proue du bateau où l’équipage prie à la déesse, et où la proue elle-même est considérée être la déesse Lakshmi.


Ces trouvailles nous permettent de poser des nouvelles questions sur la vie des négociants maritimes. Les louteria trouvés ne sont pas décorés mais plutôt rudimentaires et n’avaient pas une fonction décorative. De plus les navires sur lesquels a été trouvées des louteria en questions n’étaient pas de gros tonnage. Il est peu probable donc que ces navires avaient de la place pour des coins où pouvaient se laver les marins ou des passagers. Papo et Gabrici pensent que des louteria ont pu être utilisé comme des autels de feu comme est le cas de louteria trouvé à cap d’Ali. J’aurai tendance à croire que les marins, les négociants maritimes, utilisaient les louteria à bord les navires de la même manière qu’elles étaient utilisées à terre ; c’est-à-dire pour des fonctions religieuses : perirrhanterion. Comme le pense Gerhard Kapitan, il est possible que tous les navires voyageaient avec un louterion à son bord.

Le travail effectué sur l’épave de Tektas Burnu nous confirme que les ophthalmoi étaient utilisés sur des bateaux marchands et n’étaient pas simplement peints sur les bateaux mais des disques en marbre que l’on attachait à la proue, et confirme l’idée donnée dans les représentations que le bateau avait un aspect religieux. Ces trouvailles devaient nous inciter à réfléchir sur le rapport qu’entretenaient les marins avec la mer et leurs dieux.

[modifier] Lien externe

http://gmsbc.blogspot.com