NunSexMonkRock

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NunSexMonkRock est le premier album solo de Nina Hagen, sorti en 1982, après les 2 albums du Nina Hagen Band (en 1978 et 1979).

Nina Hagen est allée à Los Angeles pour enregistrer cet étrange objet « musical » (sonore ?) qui ne manque pas de détracteurs aujourd'hui encore... La légende veut qu'un ex-guitariste des Sex Pistols, qui devait collaborer à l'album, se soit enfui quand il a découvert ce qui se passait dans le studio d'enregistrement !

Plus de 20 ans après sa sortie, NunSexMonkRock reste inclassable et résolument irréductible : modernité géniale pour les uns, escroquerie indigeste pour les autres, ceux qui l'aimaient à l'époque l'adorent encore aujourd'hui et ceux qui l'ont détesté dès sa sortie l'ont déjà oublié depuis longtemps.

Musicalement, l'album se divise en deux parties bien distinctes : les six premiers morceaux sont des chansons à proprement parler (même si, bien sûr, la structure "refrain / couplet" n'est quasiment jamais respectée...), les quatre dernières des sortes d'improvisations vocales sur une base rythmique.

Si l'on considère calmement les choses, il faut cependant accorder à Nina Hagen qu'elle n'a pas choisi la facilité, avec cette œuvre hybride et radicale, à mi-chemin entre le punk (Dread love, Born in Xixax) et l'opéra (Future is now), qui se permet de voyager par moments aux confins d'une expérimentation musicale qu'on peut parfois trouver vaine (Iki Maska, Dr. Art), mais qui n'en reste pas moins originale (Future is now, Taitschi-Tarot, UFO).

La rage tribale et démoniaque d'Antiworld (qui ouvre avec grandiloquence l'album) n'a rien perdu de sa sauvagerie et des titres comme Cosma Shiva, UFO ou, surtout, le single Smack Jack (sans doute le meilleur morceau de l'album) semblent sans âge (du fait de l'excellent travail sur le son, dû à la production de Mike Thorne) et n'ont donc, tout compte fait, pas vraiment vieilli : ils pourraient tout aussi bien avoir été produits de nos jours.

Quant à l'interprétation de Nina Hagen, elle est tout bonnement la quintessence de ce qu'on peut attendre de l'ingérable « diva punk » : elle vocalise, éructe, hurle, murmure, chuchote, crache, miaule, minaude, gazouille, femme et enfant, déesse et démone tout à la fois...

Les styles et les genres s'entremêlent, s'entrechoquent... Variété ? Cabaret ? Pop ? Rock ? Punk ? Opéra ? Avant-garde ? Expérimental ? Grand-Guignol ? NunSexMonkRock est tout cela à la fois.

Une œuvre riche et peut-être sous-estimée. En tout cas mal comprise.