Nikolaï Gay

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Nikolaï Gay, portrait by Nikolaï Yarochenko
Nikolaï Gay, portrait by Nikolaï Yarochenko

Nikolaï Nikolaievitch Gay (en russe : Николай Николаевич Ге) (né le 27 février 1831 à Voronej - † 13 avril 1894 à Livanovsk Khoutor) était un artiste peintre russe réaliste de la génération des Ambulants. Il était renommé pour ses travaux aux thèmes historiques et religieux. Il n'était ni croyant ni pratiquant orthodoxe, mais ses œuvres étaient profondément marquées par la morale et la spiritualité chrétiennes. Sous l'influence de l'écrivain progressiste Léon Tolstoï, il consacra les dernières années de sa vie à une série sur la Passion du Christ.

[modifier] Biographie

Nikolaï Gay naquit à Voronej au sein d'une famille noble russe d'origine française. Son grand-père émigra en Russie au XVIIIe siècle. Ses parents décédèrent quand il était encore enfant. Nikolaï fut élevé par le serf infirmier de la famille. Il termina ses études au Gymnasium de Kiev et suivit des études au département de mathématiques et de physique de l'Université de Saint-Pétersbourg et de l'Université de Kiev.

En 1850 il renonça à une carrière scientifique et entra à l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Il étudia à l'académie en suivant l'enseignement du peintre historique Piotr Basin jusqu'en 1857. Il acheva ses études à l'académie en 1857, récompensé d'une médaille d'or pour sa peinture de "La Sorcière d'Endor appelant l'Esprit du Prophète Samuel". Selon Nikolaï Gay lui-même, durant cette période il fut fortement influencé par Karl Briullov.

La Cène, 1861
La Cène, 1861

Sa médaille d'or lui permit d'obtenir une bourse et de suivre des études à l'étranger. Il visita l'Allemagne, la Suisse, la France et en 1860 s'installa en Italie. À Rome, il rencontra Alexander Andreyevich Ivanov qui l'influença aussi fortement. En 1861 Nicolaï peignit la Cène ; en 1863 il emporta la peinture avec lui à Saint-Pétersbourg. Gay a donné sa propre interprétation d'un sujet classique — Sa peinture allait à l'encontre de la vision picturale classique développée par les artistes. La peinture, achetée par le Tsar Alexandre II de Russie, fit si forte impression que Nicolaï Gay fut nommé professeur à l'Académie Impériale des Arts.

Le Christ priant dans Gethsémani, 1888
Le Christ priant dans Gethsémani, 1888

En 1864, il se rendit à Florence où il devint l'ami de l'auteur pro-occidental russe important et penseur, Alexandre Herzen dont il peignit le portrait. La même année, il peignit aussi les Messagers de la Résurrection et la première version du Christ sur le Mont des Oliviers. Ces nouvelles peintures religieuses ne connurent pas en ce temps-là un vif succès et l'Académie Impériale refusa de les exposer à l'occasion de son exposition annuelle.

En 1870 Nicolaï retourna à Saint-Petersburg il changea son sujet de travail pour s'intéresser à l'histoire russe. La peinture Pierre le Grand interroge le Tsarevich Alexeï à Peterhof (1871) connut un grand succès, mais d'autres peintures historiques furent considérées comme sans intérêt.

Nicolaï vécut très mal le fait que ses œuvres artistiques soient reçues aussi froidement. Il écrivit qu'un homme devait être destiné aux travaux agricoles et que l'art ne devrait pas être un sujet de marchandise. Il acheta un petit khoutor (une ferme) dans la région de Tchernigov en Ukraine, puis le quitta. Il fit la connaissance de Léon Tolstoï dont il devint un disciple exalté de la philosophie.

Au début des années 1880, il retourna aux peintures religieuses et aux portraits. Il déclara que chacun avait le droit d'avoir un portrait. Ainsi, il accepta de réaliser des portraits sur n'importe quel sujet qui pouvaît se permettre modestement de le payer. Parmi les célèbres portraits de son temps, on trouve celui du renommé Léon Tolstoï, le portrait de Mikhail Saltykov-Chtchedrine et beaucoup d'autres.

Quod Est Veritas? Le Christ et Pilate
Quod Est Veritas? Le Christ et Pilate
La tête du Christ The Crucifixion. 1893
La tête du Christ The Crucifixion. 1893

Ses dernières peintures sont des sujets ayant trait au Nouveau Testament. Elles furent louées par les critiques libéraux de cette période comme Vladimir Stasov et critiquées par les conservateurs comme Ernest Renan. Elles furent interdites par les autorités pour blasphème. Quod est Veritas ? Le Christ et Pilate (1890) fut renvoyé des expositions ; Le Jugement du Sanhedrin : Il est Coupable! (1892) ne fut pas admis à l'Académie annuelle d'exposition des Arts ; Le Tsar Alexandre III exigea que le Calvaire (Golgotha) ou Crucifixion (réalisée vers 1893), jugée choquante et blasphématoire fût interdite et retirée de la 22e exposition des Ambulants où elle était présentée pour la première fois.

Nicolaï Gay mourut dans sa ferme en 1894. Son fils aîné, qui s'appelait également Nicolaï hérita d'une grande partie de l'œuvre. À la fin de sa vie, Nicolaï Gay (fils) légua l'intégralité des travaux de son père à sa bienfaitrice suisse Béatrice de Wattville (en russe : Беатриса де Ваттвилль, владелица замка Жэнжэн в кантоне Во в Швейцарии) en échange d'une rente jusqu'à la fin de sa vie. Elle décéda en 1952, mais personne ne fut en mesure de retrouver les œuvres dans son château. Des esquisses des principales œuvres de NN Gay, ainsi que les illustrations réalisées pour des œuvres de L. Tolstoï ont été retrouvées par un collectionneur d'art dans une brocante de Genève en 1974.

Ainsi, le destin de beaucoup de ses œuvres reste un mystère.


[modifier] Quelques œuvres