Nicolas Saboly

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Nicolas Saboly
Naissance 30 janvier 1641
Décès 25 juillet 1675
Activité Poète
Nationalité France Française
Genre Noëls provençaux
A influencé Le Félibrige
Œuvres principales Aquel ange qu'es vengu, En sourten de l'estable, Micolau, nostre pastre, Nautre sian d'enfant de cor, Pastre, pastresse, Touro-louro-louro ! Lou gau canto

Nicolas Saboly est un poète et compositeur français né en 1614 à Monteux et mort en 1675 à Avignon.

Sommaire

[modifier] Biographie

À Monteux, fontaine surmontée du buste de Nicolas Saboly
À Monteux, fontaine surmontée du buste de Nicolas Saboly

Fils cadet de Felisa Meilheuret et Jean Saboly[1], il avait un aîné dénommé Jean-Pierre et trois sœurs respectivement appelées : Anne, Félicia (Felisa) et Claire.

[modifier] Un cadet destiné à la prêtrise

Dès la mort de son père, le 15 août 1619, le jeune Nicolas entre au collège de Jésuites à Carpentras. À la fin de sa scolarité, il devient membre de la Congrégation de l'Annonciation de la Sainte-Vierge, le 14 mai 1628 et, à l'automne de cette même année, quitte son collège pour commencer à suivre les cours de l'Université d'Avignon[2].

Le 16 avril 1633, il obtient son premier bénéfice ecclésiastique en devenant chapelain de sainte Marie-Magdeleine à la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras[3]. Un an plus tard, alors qu'il n'a pas fini ses études de droit civil et canonique, il quitte l'Université sans avoir passé ses grades. Ce qui ne l'empêche pas, le 27 septembre 1635, d'être ordonné sous-diacre, diacre et prêtre.

[modifier] Sa carrière de maître de chapelle

C'est en 1639, que Nicolas obtient la charge d'organiste et de maître de cgapelle de la cathédrale de Carpentras[4]. Sa réputation de musicien chevronné lui permet d'accéder le 22 septembre de cette même année à la demande du clergé de Caromb. Celui-ci pour relever le lustre de la fête paroissiale de saint Maurice l'engage comme organiste, il reçoit pour sa prestation 10 florins et 12 sous.

Mais son nom disparait des comptes de Saint-Siffrein après le 20 juin 1643. Nicolas est retourné à Avignon où il est titulaire du bénéfice de la chapellenie de Sainte-Marie[5] et devient maître de chapelle de l'église Saint-Pierre.

[modifier] La course aux bénéfices ecclésiastiques

Selon l'adage : « Le prêtre vit de l'autel », la maître de chapelle fut contraint de rechercher des bénéfices pour ne pas vivre de la portion congrue. Le 28 mars 1658, il se fait délivrer un certificat d'études contastant qu'il a bien suivi les cours de l'Université d'Avignon de 1628 à 1634 ainsi qu'un certificat d'aptitude pour l'obtention de bénéfices dans les diocèses de Nîmes et d'Uzès.

Après maintes démarches, le 10 juin 1660, il obtient de l'administration pontificale[6] une pension de 100 livres à prendre sur le prieuré et le bénéfice de Saint-Benoît-de-Cayran, dans le diocèse d'Uzès.

[modifier] Le plus grand noëliste provençal

Une carrière, somme toute banale, s'il n'avait pas atteint une immense notoriété[7] en tant que poète et de musicien en écrivant des messes et des chants de Noël.

Ses premiers Noëls sont publiés, en 1669, chez Pierre Offray, éditeur-libraire de la place Saint-Didier à Avignon. Cette édition princeps portent le titre « Les Noëls de Saint-Pierre ». Devant son succès, la même année, il fait éditer un second fascicule de huit Noëls sous le même titre.

En 1670, est publiée son « Histoire de la naissance du fils de Dieu » qui comprend en plus sept nouveaux Noëls de sa plume et un Noël anonyme. La quatrième édition est publiée l'année suivante sous le titre « Noëls nouveaux de l'an MDCLXXI, composés par Nicolas Saboly ». Elle comprend huit Noëls inédits et sort des presses de Michel Chastel, imprimeur de Sa Sainteté. De 1672 à 1674, le noëliste fait paraître trois nouvelles éditions[8].

[modifier] Testament et mort

Cet intense production littéraire épuisa rapidement le poète. Le 21 avril 1671, à Marseille, devant notaire et par testament, il prévoit qu'après sa mort, chaque dimanche et lundi, sera dite une messe en sa mémoire et dépose pour cela 600 livres. Il décède quatre ans plus tard, le 25 juillet 1675, à Avignon et est inhumé dans le chœur de l'église Saint-Pierre qu'il avait illustré de son talent.

[modifier] Œuvres

  • Adam e sa coumpagno[9]
  • Ai ! Quouro tournara lou tèms
  • Ai ! La bono fourtuno !
  • Ailas ! Quau onun aurié pieta
  • Aquel ange qu'es vengu
  • Benurouso la neissènço
  • Despièi lou tèm que lou soulèu se lèvo
  • En sourten de l'estable
  • Guihaume, Tòni, Pèire[10]
  • Hou de l'oustau !
  • Lei pastourèu an fach uno asemblado
  • Lei pastre fan festo
  • Lei plus sage dóu vesinage
  • Li'a proun de gen que van en roumavage[11]
  • Li'a quaucaren que m'a fa pòu
  • Lou queitevié
  • Me sieu plega e ben amaga
  • Micolau, nostre pastre
  • Nautre sian d'enfant de cor
  • Pastre di mountagno
  • Pastre, pastresse
  • Pèr noun langui long dóu camin
  • O, Cristou ![12]
  • Sant Jóusé m'a dit
  • Segnour, n'es pas resounable
  • Touro-louro-louro ! Lou gau canto
  • Un ange dóu cèu es vengu
  • Veici veni lou gros serpènt
  • Venès lèu vèire la piéucello[13]
  • Vers lou pourtau San Laze

[modifier] Éditions des Noëls de Saboly

  • Les Noëls de Saint-Pierre, chez Pierre Offray, éditeur-libraire de la place Saint-Didier à Avignon, 1669.
  • Noëls nouveaux de l'an MDCLXXI, composés par Nicolas Saboly, chez Michel Chastel, imprimeur de Sa Sainteté, Avignon, 1671.
  • Recueil de Noëls provençaux composés par le sieur Nicolas Saboly, chez Jean Chaillot, imprimeur-libraire à Avignon, 1791.
  • Nouvè de Micolau Saboly avec une préface de Frédéric Mistral, Aubanel frères, Avignon, 1865.
  • Vint-un nouvè causi de Micolau Saboly (1614-1675), édition du Tricentenaire présentée pat Pierre Fabre et Robert Allan,Publication de l'Institut Vauclusien d'Études Rhodaniennes, Comptoir Général du Livre Occitan, Vedène, 1975.

[modifier] Jugements sur Nicolas Saboly et sur son œuvre

« Pèr Nouvé, i Prouvençau fau Saboly, coume pèr Pasco, ié fau d'iòu e pèr Rampau un tian de cese[14]. »
    — Frédéric Mistral, prix Nobel de littérature.

« On ne saurait comprendre toutes les délicatesses de cette poèsie des Noëls de Saboly, qu'à condition de ne pas les séparer de la musique. Les paroles sont, en effet, à ce point liées à la mélodie qu'il n'y a qu'une vraie manière de les lire, c'est de les chanter. »
    — J. B. Faury, op. cité.

« Saboly, grâce à ses Noëls est devenu un véritable classique des Lettres Occitanes ; il est à peu près certain qu'en aucune autre langue, on ne peut trouver, dans ce genre, une telle perfection attique dans une manière aussi simplement populaire. »
    — Professeur Charles Camproux, de l'Université de Montpellier, op. cité.

« Le style de Saboly pourrait être comparé à celui de La Bellaudière, comme la prose de Pascal à celle de Montaigne »
    — François Seguin, op. cité.

« Nicolas Saboly est, avec Bellaud de la Bellaudière, un chaînon d'or de la chaîne qui unit Mistral aux troubadours. »
    — Bruno Durand, conservateur de la Bibliothèque Méjanes d'Aix-en-Provence, in Visages de la Provence, Éd. Horizon de France, Paris, 1963.

« L'influence de Saboly a été considérable : il a été l'un des maîtres de Roumanille et de Mistral. »
    — Charles Rostaing, professeur à la Sorbonne, et René Jouveau, capoulier du Félibrige, op. cité.

« Il y a dans son œuvre une émotion teintée de bonhomie qui n'exclut pas certaines allusions politiques et une joyeuse raillerie. Il rejoint l'inspiration du Moyen-Âge en connaissant La Fontaine. »
    — André Bouyala d'Arnaud, conservateur de la Bibliothèque de la ville de Marseille, op. cité.

« Le talent de Saboly est surtout de choisir pour chaque chanson un thème humain (personnages qui sont déjà des personnages de crèches dans leur attribut de métier), l'attaque est vive, le refrain toujours enlevé. »
    — Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de le littérature occitane, coédition IEO/PUF, Toulouse-Paris, 1970.

[modifier] Bibliographie

  • François Seguin, Recueil de Noëls composés en langue provençale par Nicolas Saboly, ancien bénéficier et maître de musique, Fr. Seguin aîné, imprimeur-libraire, Avignon, 1856.
  • A. B. Nicolas Saboly, sa vie, ses Noëls Annales de Provence, Marseille, 1883.
  • André Bouyala d'Arnaud, Santons et traditions de Noëls en Provence, Éd. Tacussel, Marseille, 1962.
  • J. B. Faury, Études littéraire et historiques sur Nicolas Saboly, Genève, 1971.
  • Charles Champoux, Histoire de la littérature occitane, Payot, éditeur, Paris, 1971.
  • Charles Rostaing et René Jouveau, Précis de littérature provençale, Saint-Rémy-de-Provence, 1972.

[modifier] Notes

  1. Jean Saboly, père de Nicolas, avait pour parents Marguerite Chinard et Raymond Saboly, et pour grands-parents Marguerite Dany et Claude Saboly.
  2. Il y suivit des cours de droit et de théologie comme en témoigne deux actes notariaux datés des 12 mars 1632 et 27 décembre 1633 qu'il contresigne en tant que témoin en qualité d'écolier en théologie.
  3. Cette chapellenie avait été fondée pour le maître autel de la cathédrale de Carpentras.
  4. Les archives de la cathédrale Saint-Siffrein ont montré qu'il fut engagé avec un montant d'honoraire mensuel de trois livres.
  5. Il en restera le chapelain jusqu'en 1663.
  6. Ses contacts avec l'administration pontificale d'Avignon furent loin d'être serein puisque Nicolas Saboly, en 1662, écrivit une satire de 35 couplets (de huit vers octosyllabiques chacun) contre celle-ci.
  7. Le professeur Charles Champoux explique : « D'un genre essentiellement populaire, Saboly a fait un genre littéraire difficile. On peut s'en rendre compte en comparant les Noëls des félibres qui ont voulu rivaliser avec lui : peu, sinon aucun, ont réussi à l'égaler ».
  8. La cinquième édition de 1672 comprend huit Noëls de Saboly et un Noël ancien intitulé Un ange a fach la crida, la sixième et la septième comprennent, toutes deux, neuf Noëls. Ces trois éditions ont le même format in-12 et le même nombre de pages (seize).
  9. La graphie utilisée est celle qui a été retenue par Pèire Fabre, maître d'œuvre du Félibrige et professeur de provençal, et Roubert Allan, directeur du Comptador Generau dau Libre Occitan, qui utilise pour le premier la graphie dite mistralienne et pour le second la graphie occitane. Les deux auteurs précisent qu'elle n'est pas « Celle de Saboly, lui-même, qui, à l'instar, d'ailleurs des autres écrivains d'Oc de son époque, ne se souciait pas le moins du monde de pureté graphique, et utilisait une orthographe plus ou moins personnelle et imitée de l'orthographe du Grand Siècle ».
  10. Frédéric Mistral a composé la Coupo Santo, hymne provençal, sur l'air de ce Noël écrit par le frère Sérapion.
  11. Ce Noël est plus connu sous le titre La cambe me fai mau.
  12. Ce Noël a été nadapté par Saboly sur un air de Jean-Baptiste Lulli.
  13. Noël écrit sur un air de J. B. Lulli composé pour le Médecin malgré lui de Molière. (Air du bûcheron : « Qu'ils sont doux, bouteille ma mie »).
  14. Ce qui revient à dire en français : « Pour Noël, aux Provençaux, il faut Saboly, comme pour Pâques, il faut des œufs, et pour Pâques fleuries (le dimanche des Rameaux) un gratin de pois chiches ».

[modifier] Voir aussi

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